« Faisons de 2009 l'année de la paix »

NICOLAS SARKOZY , hier, à Charm el-Cheikh

« Faisons de 2009 l'année de la paix »

    Sarkozy veut aller vite. 11 h 37, hier : la délégation française fonce vers la sortie du grand hôtel qui héberge à Charm el-Cheikh, en Egypte, la conférence mondiale sur la reconstruction de Gaza. Venu coprésider ce sommet par courtoisie pour son ami le raïs Hosni Moubarak, qu'il rencontrait pour la cinquième fois depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy est pressé, très pressé. Attendu en France pour la cérémonie en hommage à la lycéenne française tuée dans l'attentat du Caire le 22 février (lire en page 12) , puis au dîner annuel du Crif en début de soirée (lire ci-dessus), il doit absolument décoller pour Paris à midi.

    Un peu plus tôt, la réunion n'avait pas commencé qu'il tapotait déjà du stylo sur la tableâ?¦ Après douze minutes de discours et moins de deux heures passées au sommet, Sarkozy plie bagage. Direction l'aéroport. Tant pis pour Hillary Clinton, qui faisait ses premiers pas au Proche-Orient, il la verra plus tard ! « La vie est faite de choix », philosophe un conseiller. Soudain, contrordre, la délégation repart dans l'hôtel dans une jolie pagaille. L'entretien aura bien lieu. Montre en main, il dure dix-huit minutes, le temps d'immortaliser la poignée de main. « Ã?a s'est très bien passé, nous avons beaucoup parlé », souffle le président à la sortie, escorté par Bernard Kouchner et un invité spécial, le patron de l'UMP Xavier Bertrand, qu'il veut emmener avec lui à l'étranger plus souvent.

    Washington le snobe

    Il y a quelques semaines, Sarkozy jugeait pourtant en privé qu'une entrevue avec la secrétaire d'Etat américaine était du ressort du ministre des Affaires étrangères. Mais l'eau a coulé sous les ponts. A Washington, on le snobe. Sarkozy, qui rêvait d'être l'interlocuteur privilégié du président américain sur le Vieux Continent, a vu Gordon Brown lui souffler l'avantage d'être le premier Européen à le rencontrer : ce sera aujourd'hui à la Maison-Blanche. Lui devra attendre la visite d'Obama en Europe début avril. L'Elysée, qui espérait arracher une photo au palais présidentiel, devra se contenter d'une entrevue à Strasbourg au sommet de l'Otan.

    Passé en coup de vent au sommet de Charm el-Cheikh, qui devait récolter plus de 4 milliards de dollars pour Gaza six semaines après le cessez-le-feu, Sarkozy a haussé le ton contre Israël et le Hamas, absents. A son ami le futur Premier ministre israélien « Bibi » Netanyahou, il a réclamé la fin du blocus de Gaza pour acheminer l'aide à la reconstruction. « Gaza ne doit plus être une prison à ciel ouvert ! »

    Surtout, il s'est adressé au Hamas, l'invitant à intégrer un gouvernement palestinien d'union nationale derrière le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « Si le Hamas veut être respecté, il doit avoir une position respectable ! » Et qu'on ne vienne pas lui dire que le contexte n'est pas favorable à la paix, avec Israël qui s'apprête à constituer le gouvernement le plus à droite de son histoire. « Le statu quo ne profite qu'aux extrémistes », avertit Sarkozy, qui appelle à faire « de 2009 l'année de la paix ».