Gilets jaunes : pourquoi Brigitte Macron est si discrète

Depuis le début de la crise, la Première dame a été violemment ciblée par certains Gilets jaunes. A la veille de l’acte 12 ce samedi, elle est loin de rester insensible à la colère qui s’exprime.

    Elle s'était comme éclipsée. Disparue des radars médiatiques alors que les Gilets jaunes se sont emparés des ronds-points. Depuis l'Elysée, Brigitte Macron a pourtant suivi avec inquiétude la grave crise qui a ébranlé le mandat de son mari. Rien ne lui a échappé : ni les slogans d'une vulgarité parfois obscène qui lui étaient destinés, ni les piques sur son train de vie supposé, ni les railleries - souvent sur son âge -, sans parler des menaces.

    Nombre de protestataires ont vu en elle une Marie-Antoinette déconnectée et futile… La Première dame a été stupéfaite par tant de violence. Heurtée qu'aucun responsable politique, à l'exception de Marlène Schiappa, ne réagisse aux propos d'une femme Gilet jaune l'imaginant nue, brûlant sur une palette. « La violence anonyme des réseaux sociaux est devenue publique », déplore un proche.

    Au pic de la crise, elle s'est donc effacée, sans toutefois cesser ses visites de terrain, et sans rencontrer de problème. Ainsi s'est-elle promenée à pied, mi-janvier, dans Argenteuil, ville réputée sensible du Val-d'Oise. Quelques jours après, le samedi 1er décembre où l'Arc de triomphe avait été vandalisé, elle a tout de même dû se plier à un exercice inédit : une simulation d'évacuation dans les entrailles de l'Elysée, en sous-sol, dans le PC Jupiter, en cas d'intrusion au palais.

    Si elle déplore la violence, elle comprend la détresse

    Cette colère du pays, Brigitte Macron l'a perçue de longue date, notamment dans les courriers qu'elle reçoit. Si elle déplore la violence, elle comprend la détresse. Un de ses vieux amis reconnaît d'ailleurs que les « petites phrases » du président, et certaines mesures comme la suppression partielle de l'impôt sur la fortune, ont contribué à alimenter le brasier. « Les gens n'en pouvaient plus et il a allumé quelques mèches qui ont fait que ça a pété ». Un aveu rarissime de la part d'un éminent macroniste, tant la contrition est étrangère aux chantres du « Nouveau monde ».

    Faut-il y voir un signe ? Au plus fort de la révolte fin décembre, pour redresser la barre, Emmanuel Macron s'est soudain mis à « faire du Brigitte » : il s'est rendu à Soissons dans un village de la fondation Action Enfance pour enfants maltraités. Au retour, il s'est arrêté dans un Courtepaille, chaîne de restauration chère à la Première dame au point qu'elle en a téléchargé l'application ! Comme s'il s'inspirait des rituels de son épouse pour retrouver sa bonne fortune.

    Le déjeuner des trois premières dames

    Très présente en coulisses, Brigitte Macron ne devrait pas prendre part publiquement au grand débat lancé par son mari. Pas sa place, juge-t-elle. Comme nous le révélons dans notre livre ( NDLR : « Madame la Présidente », aux éditions Plon, 310 pages ), elle est pourtant la plus politique et la plus influente des premières dames depuis Bernadette Chirac. Preuve la plus récente : c'est elle qui a pesé pour que le député LREM Adrien Taquet soit nommé secrétaire d'Etat à la Protection de l'enfance. Depuis des semaines, elle suit aussi de très près la réorganisation en cours au cabinet de l'Elysée.

    La semaine passée, elle a reçu à déjeuner Valérie Trierweiler et Carla Bruni-Sarkozy pour un mini-sommet des « first lady » dans le salon bibliothèque. Les trois femmes, qui se tutoient, ont échangé sur leurs engagements caritatifs, mais aussi sur les attaques, souvent brutales, qu'elles ont essuyées.

    « Personne ne sait ce que c'est », a soufflé l'épouse de Nicolas Sarkozy. En arpentant les couloirs de l'aile Madame, l'ancienne compagne de François Hollande a remarqué sur une étagère un objet qui l'a intriguée : « Tiens, vous avez le DVD de la série House of Cards ! » Dans la dernière saison de la célèbre série, la Première dame devient présidente des Etats-Unis… Un cadeau d'amis, facétieux, de Brigitte Macron.