Le président promet de rapatrier Florence Cassez

En déplacement au Mexique, le président a pris beaucoup de précautions pour évoquer le cas de la Française emprisonnée. Car la population est mécontente et la presse très hostile.

Le président promet de rapatrier Florence Cassez

    Vendredi après-midi, en marge de leur escapade privée sur la paradisiaque côte pacifique du Mexique, Nicolas et Carla Sarkozy ont longuement téléphoné à Florence Cassez, condamnée à une peine de soixante ans en appel il y a une semaine pour enlèvement et séquestration. Depuis le centre carcéral de Tepepan, la jeune femme de 34 ans leur a confié qu'elle ne se pourvoirait pas en cassation, renonçant ainsi à être innocentée et ouvrant la voie à son transfert dans une prison française. Un contact tenu totalement secret par l'Elysée jusqu'à hier. Et pour cause : l'hypothèse d'un rapatriement de celle que les journaux mexicains baptisent la « kidnappeuse » ou la « diabolique » a déclenché la colère dans un pays où les rapts (quelque 8 000 par an) sont un fléau national.

    C'est donc avec une immense prudence que le président français et son homologue mexicain Felipe Calderon ont officiellement engagé hier la procédure de transfèrement, en vertu de la convention de Strasbourg de 1983. Une commission de juristes des deux pays réglera les derniers détails « dans les trois semaines ». Une manière de gagner un peu de temps pour laisser la polémique retomber alors que l'opinion mexicaine est ulcérée.

    « Il n'y aura pas d'impunité ! »

    Reste « la » question : que se passera-t-il une fois Florence Cassez rentrée en France, où elle demande à purger sa peine ? Selon le Code pénal français, la sanction serait ramenée à vingt ans de réclusion. Son père, Bernard Cassez, rêvait d'un scénario « à la tchadienne », où Calderon accorderait sa grâce comme le président tchadien Idriss Déby le fit avec les membres de l'Arche de Zoé. Mais le Mexique n'est pas le Tchad, et Calderon a douché ses espoirs. « Il n'y aura pas d'impunité pour Florence Cassez ni pour d'autres ! » a-t-il martelé, visage fermé, évoquant « ces hommes et ces femmes qui ont vécu enfermés, ces enfants menacés de se faire amputer un doigt, un bras ». Attaqué par l'opposition et les associations de victimes, Calderon sait qu'il devra affronter en juillet des législatives à risquesâ?¦

    Conscient que le dossier est explosif, Sarkozy, tendu et agacé, en a fait des tonnes pour calmer le jeu lors d'une conférence de presse avec son homologue. Non, il ne se fait pas l'avocat d'une possible kidnappeuse ! Non il ne s'ingère pas dans les affaires mexicaines ! « Je ne suis pas venu ici pour contester la décision de la justice mexicaine, je ne suis pas magistrat », a-t-il lâché. Avant d'ajouter : « Je ne suis pas l'homme de l'impunité ! » Il s'est d'ailleurs bien gardé de se prononcer sur l'innocence ou la culpabilité de Florence Cassez. Et avant de repartir pour Paris, il a reçu cinq associations de victimesâ?¦ Quant à ceux qui craindraient une hypothétique amnistie ou réduction de peine de Florence Cassez une fois en France, Sarkozy a été clair. Ce n'est pas lui qui décidera, mais la justice française : « La France est un Etat de droit, on n'y fera pas n'importe quoi ! »