Les Républicains : le plan W, comme Wauquiez

Le jeune ambitieux convoite la tête du parti, avec le soutien de Nicolas Sarkozy. En coulisses, l'ancien président tire les ficelles.

Coaché en coulisses par Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, 41 ans, 
veut s’imposer comme la figure du renouvellement des Républicains.
Coaché en coulisses par Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez, 41 ans,
veut s’imposer comme la figure du renouvellement des Républicains. LP/DELPHINE GOLDSZTEJN

    « Tu me fais rire, j'ai l'impression de me voir quand j'étais jeune! », lui a lancé Nicolas Sarkozy lors de leur dîner le 1 er mars chez lui, villa Montmorency (Paris XVI e ). Ce soir-là, Laurent Wauquiez a obtenu la bénédiction du pape de la droite, dont il se veut l'héritier, pour partir à la conquête des Républicains. « Sarkozy est à la manœuvre. Il n'a pas abandonné l 'idée de tirer les ficelles », souffle un ténor du parti.

    En attendant, Wauquiez, 41 ans, fait le siège de François Fillon pour arracher une promotion. Le candidat, qui lui avait retiré son poste de président intérimaire pour placer son fidèle Bernard Accoyer, l'a reçu hier, mercredi. « Wauquiez lui fait du harcèlement multiquotidien! » tempête le même. Mais à droite, où on adore le détester, nul ne se fait d'illusions. « Tôt ou tard, Wauquiez aura la boutique », soupire un haut responsable LR. « Le terrain n'a jamais été aussi dégagé. Laurent a pour lui le calendrier, la date de naissance qui lui permet d'incarner le renouvellement et les cheveux blancs qui rassurent », constate Brice Hortefeux, gardien du temple sarkozyste et ami de Wauquiez.

    Un « pacte de non-agression » avec François Baroin

    Dans le collimateur du jeune loup? Le congrès du parti, prévu cet automne en cas de défaite de Fillon, pour élire le nouveau patron. Or, constatent Wauquiez et ses amis, la base du parti penche très à droite. Comme lui. Et il ne se voit guère d'adversaire. Dans cette présidentielle, il compte avec gourmandise les morts chez les quadras et quinquas : Valérie Pécresse, Xavier Bertrand -- même si tous deux ont leur région --, Bruno Le Maire, Jean-François Copé ont fait les frais de la primaire ou des bisbilles Fillon-Juppé. En privé, Sarkozy aussi s'en délecte et répète cette blague : « Comment tu fais pour savoir où est le sud quand t'as pas de boussole? Tu demandes à Pécresse! »

    Même le chiraquien François Baroin ne lui fait pas peur. Les deux hommes, coachés en coulisses par l'ex-président, ont un pacte de non-agression : à Wauquiez le parti, à Baroin Matignon, y compris en cas de cohabitation. Car les sarkozystes n'excluent pas que la droite obtienne une majorité relative aux législatives même si Macron est élu. Pour l'heure, tous deux font campagne comme si de rien n'était. Baroin, qui s'est mis en retrait de l'Association des maires de France, tiendra aujourd'hui son premier meeting avec Fillon à Quimper. Et Wauquiez recevra le candidat le 7 avril à Clermont-Ferrand dans sa région Auvergne - Rhône-Alpes. Région dont il n'exclut pas de quitter la tête pour redevenir député si Macron est élu.

    Wauquiez pourrait quitter la présidence de sa région pour redevenir député

    En attendant, le « TSW » (tout sauf Wauquiez) s'organise chez ses rivaux. Lorsque le jeune homme s'est invité dans son bureau il y a un mois, Accoyer a eu la désagréable impression qu'il venait prendre les mesures... Le patron du parti et le président du Sénat Gérard Larcher ont donc prévenu qu'ils feront barrage de leur corps pour éviter une OPA hostile. « Wauquiez peut faire un coup d'Etat le soir du premier tour ! S'il prend le parti, la droite explose », alerte un de ses rivaux. Face à cela, Wauquiez entend surprendre. On le décrit comme un tueur sans états d'âme ? Lui veut jouer, à contre-emploi, les rassembleurs en tendant la main à NKM, Pécresse ou Le Maire. Il promet : « Je ne laisserai pas ma famille politique exploser en petits morceaux. »