Les tamouls capitulent

Les tamouls capitulent

    C'est fini pour les Tigres tamouls du Sri Lanka. Ils ont annoncé hier avoir cessé le combat contre l'armée gouvernementale dans leur enclave de 400 m sur 600 m dans le nord de l'île. Mais les forces armées, qui assuraient avoir « sauvé » la totalité des « 50 000 civils otages des rebelles », annonçaient se battre encore contre quelques irréductibles. Cette défaite de ce qui fut une redoutable guérilla met fin à la plus longue guerre civile en Asie.

    Au faîte de leur puissance il y a trois ans, les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), essentiellement financés par la diaspora, disposaient de 20 000 combattants, dont nombre d'enfants, et contrôlaient un tiers des 65 000 km 2 de cette île de l'océan Indien. Les Tigres voulaient y fonder un Etat indépendant et disposaient d'une véritable infrastructure militaire, avec flotte et même mini-armée de l'air, les Tigres volants. Créés en 1972 par un Tamoul radical, Velupillaï Prabhakaran, les LTTE ont commis à ce jour plus d'attentats-suicides que l'ensemble des groupes islamistes !

    Les Tigres noirs, qui comprenaient un tiers de femmes, ont multiplié dans les années 1990 les meurtres politiques. Ce sont eux qui ont assassiné en 1991 le Premier ministre indien Rajiv Gandhi et, en 1993, le président sri lankais Ranasinghe Premadasa. Ce qui leur avait valu d'être inscrits sur la liste des organisations terroristes tenue par les Etats-Unis dès 1997 et celle de l'Union européenne depuis 2006.

    1,6 milliard de dollars pour écraser l'insurrection

    En 2004, la trêve conclue deux ans plus tôt avait été rompue par le président Rajapakse et son frère Gottabhaya, ministre de la Défense. Les deux hommes ont opté pour la guerre à outrance et consacré cette année 1,6 milliard de dollars à l'écrasement de l'insurrection. Fin avril, la violence des combats a culminé dans un bain de sang qui a chassé 115 000 personnes de leurs villages, tandis que les ONG étaient empêchées de se rendre sur zone.

    Colombo a peut-être vaincu l'insurrection armée, mais est loin d'avoir gagné la paix avec la minorité tamoule (12,5 % de la population), dans un conflit ethnique profondément enraciné dans l'histoire de l'ex-Ceylan.