«Poudre de perlimpinpin», «Croquignolesque»... et maintenant, des goodies siglés Elysée

À l’occasion des Journées du patrimoine, la présidence de la République lance une série de produits dérivés. Une initiative très « start-up nation », au risque de surjouer la personnalisation du pouvoir ?

    Vêtements, mugs, cahiers de coloriage ou macarons… 56 produits estampillés « Élysée » débarquent sur le marché! En clair, le Château confie « la marque » Elysée à des entreprises ou à des artisans pour créer une « collection » - « avec un total contrôle sur les produits fabriqués », précise-t-on - et commercialiser le tout. D'abord dans une boutique éphémère installée au palais à l'occasion des Journées du Patrimoine ce week-end, mais aussi via le site Internet boutique.elysee.fr, mis en ligne dans la nuit de jeudi à vendredi et, à partir de 2019, dans les points de vente des entreprises partenaires.

    La gestion du projet, piloté par le service de communication de l'Elysée, a été confiée à l'agence Arboresens. La présidence perçoit 12 % sur la vente des produits, dont la moitié coûte moins de 15 €, et qui servira à financer la restauration du patrimoine élyséen. « Le président a tout de suite acheté » ce projet né fin 2017, confie un conseiller.

    Un t-shirt « Président » de la marque Le Slip Français./LP/Frédéric Dugit

    « Vous imaginez le général de Gaulle vendre des mugs ? » sourit Christian Delporte, historien et spécialiste de communication politique. Si l'Assemblée ou la Ville de Paris ont déjà développé leurs produits dérivés, c'est quasiment inédit pour la présidence. Jusqu'à présent, seuls quelques souvenirs du plus grand classicisme étaient proposés à l'occasion des Journées du patrimoine.

    « Un trait d'humour très assumé »

    Désormais, le rayon sera plus fourni. Et parfois détonnant. On y trouvera des mugs « Vive la République, vive la France » ou encore des tee-shirts sérigraphiés… « Poudre de perlimpinpin », « Parce que c'est notre projet », « Croquignolesque » et autres expressions du président ayant fait le buzz. « Un trait d'humour très assumé », dit l'Elysée, décidé à montrer qu'il ne craint pas « l'autodérision ». Mais pas au point d'imaginer floquer les polémiques « Gaulois réfractaires » ou « Pognon de dingue ».

    Par cette nouvelle activité, l'Elysée mise en tout cas clairement sur la personnalisation autour du couple présidentiel. En témoignent encore ces dessins à colorier de Brigitte et Emmanuel Macron avec leur chien, tenu en laisse devant le Palais. « On a aussi pu mettre un petit paparazzi dans les haies autour de l'Elysée », confie Marie-Cerise Lichtlé, cofondatrice de OMY.

    « L'Elysée veut sans doute créer un lien affectif et une adhésion personnelle à Emmanuel Macron », décrypte Delporte. La présidence espère aussi donner « envie aux gens de s'approprier les couleurs du drapeau, des symboles républicains. » Le bleu, blanc, rouge est ici exalté, comme sur les macarons cassis, vanille, framboise, concoctés par Pierre Hermé. « Notre bracelet tricolore a été proposé au président Macron juste après la victoire de la France à la Coupe du monde. Tout était bleu blanc rouge dans le pays, donc ça lui a sûrement beaucoup plu ! » se souvient aussi Pierre-Alain Bérard, responsable du développement de l'horloger Lip. Le cahier des charges est d'ailleurs clair : uniquement du made in France.

    A terme, la présidence ambitionne de permettre à des sociétés « d'utiliser la marque Elysée pour des produits qui seront proposés dans leurs réseaux de distribution ». Et si aucun objectif de vente n'est fixé, l'idée « est bien de vendre le plus possible ». Un vocable et une vraie logique d'entreprise. « Start-up nation », on vous dit…

    Un catalogue bien inférieur à celui de la Maison-Blanche

    Avec 56 produits mis en vente, la boutique de l'Elysée n'aura rien à voir avec le magasin de souvenirs de la Maison-Blanche et ses milliers de références ! Cette institution, accolée au bâtiment de la présidence américaine à Washington, a été créée en 1946 par le président de l'époque Harry Truman.

    Ce dernier, marqué par la mort de l'un de ses officiers de sécurité qui le protégeait d'une tentative d'attentat en 1950, avait décidé que les fonds serviraient à offrir des cadeaux aux proches de policiers tués. Ce budget sert aujourd'hui, aussi, à la formation et à l'équipement des forces de l'ordre. Casquettes de golf, tasses, pin's, maquette de l'Air Force One… Autant de produits, dont certains à l'effigie de Donald Trump ou de l'ancien président Barack Obama, qui sont mis en vente. On trouve même des statuettes d'Hillary Clinton, devenues collector depuis que la candidate démocrate a été battue par Donald Trump.