Quand Giscard écoute sa propre histoire
Le dernier carré des giscardiens, quelque 150 personnes, s'était donné rendez-vous hier au Sénat pour l'ultime épisode d'un cycle de cinq colloques consacrés aux « années Giscard ». Historiens et grands témoins se sont succédé sous les yeux de l'ex-président de la République (assis au premier rang aux côtés de son épouse Anne-Aymone et de sa fille Valérie-Anne) pour revisiter et analyser la fin du septennat. Travaillant donc in vivo, événement inédit dans l'histoire de la V e République.
Alain Delon et Mireille Darc ont éteint la lumière
Avouant « souffrir de la légèreté du débat politique français » et trouvant que les années 1974-1981 étaient « plus joyeuses, plus chaleureuses », Valéry Giscard d'Estaing s'est félicité, devant Rachida Dati, la garde des Sceaux arrivée en fin de journée, d'avoir « maintenu la stabilité des institutions ». « Mon projet, a-t-il expliqué, était de faire enfin de la France la démocratie forte et paisible qu'elle cherche à devenir à tâtons depuis deux cents ans »â?¦ Sur le plan économique, Giscard a souligné que, malgré la crise de 1973-1974, sa gestion avait permis de « poursuivre la croissance » et que « la dette française était remarquablement faible ».
Auparavant, l'ancien ministre de la Culture et de la Communication Jean-Philippe Lecat avait déclenché l'hilarité de la salle en dissertant surâ?¦ la défaite du 10 mai 1981. « Nous avions sous-estimé François Mitterrand, on le connaissait trop », a-t-il avoué. « Les chiraquiens pouvaient dire du mal de nous, mais nous ne pouvions pas dire du mal des chiraquiens, a-t-il poursuivi. Nous étions coincés dans une seringue. » Avouant encore qu'il « frémissait lorsque Raymond Barre prenait la parole », Lecat l'assure : « Nous aimions bien les Français. Mais les Français nous ont déçus. » Faisant enfin cette révélation : « A Marignan (NDLR : au QG de campagne de Giscard) , les deux dernières personnes qui ont éteint la lumière le 10 mai, et qui étaient atterrées, étaient Alain Delon et Mireille Darc »â?¦
