Sarkozy rassure les juifs de France

Lors du dîner du Crif, où a été évoquée la recrudescence des tensions antisémites, le chef de l'Etat et le Premier ministre ont affirmé leur solidarité.

Sarkozy rassure les juifs de France

    Hier soir, le dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a été marqué par un vrai-faux suspense. Nicolas Sarkozy, qui a enchaîné douze heures d'avion avec un sommet à Charm el-Cheikh, puis les obsèques, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), de la lycéenne tuée au Caire, assisterait-il, comme l'an passé, à cette soirée ?

    L'Elysée avait laissé entendre que non. D'autant que, comme le souligne un collaborateur du président, il revient traditionnellement au Premier ministre de prononcer un discours à cette occasion : « On a coupé la poire en deux. Le président passe pour exprimer sa solidarité dans un contexte marqué par une recrudescence des actes antisémites, mais il laisse à François Fillon le soin de s'exprimer. » « Je suis là chaque année, a lancé Sarkozy, présent pendant moins d'une demi-heure et très sollicité par les 850 invités. Il n'y avait aucune raison que je ne vienne pas. » L'an dernier pourtant, il avait déclenché une polémique avec sa proposition de parrainage par chaque élève de CM 2 d'un enfant juif déporté.

    L'absence remarquée des communistes

    A l'inquiétude de Richard Prasquier, le président du Crif, Nicolas Sarkozy a répondu avec fermeté : « Quand on s'en prend à un juif parce qu'il est juif, c'est toute la France qui doit se sentir solidaire de la victime. Je dirais la même chose s'agissant de l'islamophobie. »

    Créé en 1985 par Théo Klein, le dîner du Crif est devenu un rendez-vous républicain où se pressent tous les ministres, de Darcos à Lagarde en passant par Yade et Dati, les représentants de partis de gauche comme de droite, les diplomates israéliens et ceux des pays arabes (moins nombreux que d'autres années), les autorités religieuses, juives, chrétiennes et musulmanes. Mais cette année, pour la première fois, les communistes étaient absents. Ni Marie-George Buffet ni Robert Hue, grands habitués, n'ont été invités.

    Sanctionnés par le Crif pour avoir manifesté, pendant la guerre de Gaza, avec des extrémistes criant des slogans antisémites. Buffet, indignée, déclarait hier dans nos colonnes que « les communistes ont toujours été aux côtés des juifs ».

    Pourtant, le célèbre chasseur de nazis Serge Klarsfeld que Nicolas Sarkozy embrasse à son arrivée approuve cette « punition » : « Laissons-les bouder pendant un an, jusqu'à ce qu'ils changent leurs dirigeants ! » « Il faut faire attention avec qui on défile », tance le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants, l'ex-PS Jean-Marie Bockel. Moins sévère, Jack Lang, rentrant bronzé de Cuba où il a rencontré Raul Castro, trouve cela « dommage » : « Je comprends que le Crif ait été blessé, mais Marie-George Buffet n'est pas une extrémiste. C'est une femme de paix et de dialogue. »

    Plus tranché, Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France, juge que ce boycott « n'est pas malin ». « Les communistes ne sont pas antisémites depuis l'abandon de leur stalinisme originel. »

    En réponse à Richard Prasquier rappelant que 352 actes antisémites ont eu lieu rien qu'en janvier (contre 460 pour tout 2007 et 2008), François Fillon a fait une annonce concrète : la nomination d'une Madame Antisémitisme, Isabelle Falque-Pierrotin, spécialement chargée de traquer les dérives sur Internet, qui ne doit pas devenir « un canal de la haine ».

    Le Premier ministre a en outre annoncé à Serge Klarsfeld une augmentation de 2,5 % des rentes versées aux orphelins de la déportation. Enfin, face à la crise économique, Fillon a conclu en appelant les Français « à être animés d'un véritable esprit de civisme ».