Timmermans, Weber, Barnier, Vestager : qui pour présider la Commission européenne ?

Portraits des quatre prétendants à la présidence de la Commission européenne.

 Frans Timmermans, Manfred Weber, Michel Barnier et Margrethe Vestager sont en lice pour remplacer Jean-Claude Juncker.
Frans Timmermans, Manfred Weber, Michel Barnier et Margrethe Vestager sont en lice pour remplacer Jean-Claude Juncker. AFP/Ina Fassbender, EU/Gunter Schiffman, LP/Philippe de Poulpiquet et Reuters/Yves Herman

    Un jeu de billard à 28 bandes occupe ardemment les capitales de l'Union européenne. Son « prix » n'est autre que le fauteuil très convoité de la présidence de la Commission, sorte de super Premier ministre des Etats-membres, que le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker devra céder mi-juillet.

    L'émergence de nouvelles familles politiques au Parlement de Strasbourg avec lesquelles conservateurs et sociaux-démocrates, les deux partis majoritaires, doivent désormais composer, ouvre les cartes et élargit les profils des aspirants. Si les membres du Conseil, chefs d'Etat et de gouvernement, ont acté leur volonté de se mettre d'accord sur un ou une candidat(e) d'ici au 21 juin, les tractations s'annoncent relevées.

    Ce mardi à Bruxelles, la plupart des dirigeants européens ont dévoilé leurs cartes pour faire campagne pour les prétendants dont ils sont le plus proches idéologiquement. Emmanuel Macron a fait mystère des siennes, citant les noms de tous ceux qu'il verrait bien au poste… à l'exception notable de celui du champion de la Chancelière Merkel. Revue des quatre favoris qui pourraient s'emparer du trône.

    Frans Timmermans, favori des sociaux-démocrates

    Ancien ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, ce diplomate de 58 ans est le candidat de la famille socialiste européenne, deuxième formation du Parlement. Premier vice-président de la Commission depuis 2014, cet expert au profil très « techno » peut espérer fédérer les Verts et les centristes.

    Il est pourtant loin de faire l'unanimité. Sous son impulsion, des sanctions ont été engagées contre la Pologne et la Hongrie pour leurs atteintes à l'Etat de droit. Elles lui valent une certaine hostilité des pays de l'Est.

    Manfred Weber, champion des conservateurs

    À 46 ans, ce conservateur bavarois est le patron du groupe PPE à Strasbourg depuis 2014. Selon la procédure du « spitzenkandidat », le candidat tête de liste de son parti, arrivé en tête du scrutin européen, il pourrait prétendre au titre. Problème : des membres du Conseil, emmenés par Emmanuel Macron, contestent ce mode de désignation.

    S'il compte sur le soutien de poids des conservateurs allemands, sa formation a perdu de son aura (32 sièges). Autre handicap, l'eurocrate n'a pas d'expérience gouvernementale dans son pays.

    Michel Barnier, l'outsider

    Contrairement à ses concurrents, cet eurocrate rompu à l'exercice du pouvoir et aux tractations bruxelloises (plusieurs fois ministre, deux fois commissaire européen, négociateur du Brexit) n'a pas fait acte de candidature. En tout cas pas officiellement. Membre du parti conservateur, plutôt centriste, le Savoyard de 68 ans pourrait être un recours alors que Macron et ses alliés semblent fermement opposés à la candidature de Weber. Problème, Merkel aurait du mal à justifier, en interne, le choix d'un Français plutôt que son compatriote.

    Margrethe Vestager, figure de proue des libéraux

    C'est peu dire que le CV de la Danoise (ministre de l'Education à 29 ans!) étincelle. Dans le monde des experts de l'Union, la charismatique commissaire européenne à la Concurrence a acquis une solide réputation en se montrant particulièrement tenace face aux géants américains du numérique.

    À 51 ans, elle est la favorite de l'ALDE et Renaissance - la famille centriste-libérale qui a le plus progressé lors du scrutin de dimanche - qui ne l'a toutefois pas officiellement adoubée. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction.