« On ne peut pas stationner entre ciel et terre ! »

CHARLES WELTY, 69 ans, patriarche et pasteur

« On ne peut pas stationner entre ciel et terre ! »

    Il a l'assurance des hommes qui ont beaucoup répété leur texte. Il parle d'« incompréhension », d'un « manque d'appuis politiques », d'une « situation plus difficile aujourd'hui qu'il y a trente ans » pour sa communauté, les gens du voyage. Pasteur de 69 ans, Charles Welty était du convoi de caravanes installées à partir du 5 mai dans un champ de Claye-Souilly à quelques centaines de mètres du centre commercial Carrefour.

    Les familles ont quitté les lieux le 13 mai, après le dépôt par le maire Yves Albarello (UMP) d'un recours en référé devant le tribunal administratif. Un scénario classique au printemps et en été, saisons des grands voyages pour les nomades. « Nous rentrons du rassemblement annuel évangéliste Vie et Lumière de Giens (Loiret), explique Charles Welty. Il y a ici des vieillards et des enfants. A la fin d'une journée de route, nous devons bien nous arrêter quelque part. On ne peut pas stationner entre ciel et terre ! »

    Si la construction des aires de grands passages a, constate-t-il, « pris beaucoup de retard dans toute l'Ile-de-France », c'est le dossier des petites aires d'accueil qui, selon lui, est prioritaire. « 99 % des terrains que nous voulons acheter, légalement, nous échappent à cause du droit de préemption des maires. Mais notre communauté ne pourra pas affronter le XXI e siècle sans emplois et sans instruction pour nos enfants. Or, la condition de tout cela, ce sont des emplacements pour les familles. »

    « Notre communauté ne pourra pas affronter le XXI e siècle sans emplois »

    A titre personnel, Charles Welty s'estime privilégié : il vient d'obtenir un terrain familial pour les siens, à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis). Mais « rien ne dit » que ses 43 petits-enfants auront, plus tard, la même opportunité.