Seine-et-Marne : sa voiture explose, Mohamed dénonce «un acte raciste»

La Renault Velsatis de cet habitant de Beautheil-Saints, ancien chauffeur de taxi, a été la cible d’une explosion «volontaire» dans la cour de son domicile. La police judiciaire de Meaux est chargée de l’enquête.

 Beautheil-Saints, ce vendredi.Mohamed est le propriétaire de la Renault Velsatis qui a explosé le 8 juin dans la cour de sa propriété.
Beautheil-Saints, ce vendredi.Mohamed est le propriétaire de la Renault Velsatis qui a explosé le 8 juin dans la cour de sa propriété. LP/Alexandre Arlot

    « J'ai entendu une grosse détonation, comme une bombe ou un attentat, raconte une voisine. Mais je me suis dit que ce n'était pas possible. Nous sommes à Mémillon, pas à Paris. » La quiétude de ce hameau de la commune de Beautheil-Saints, à une soixantaine de kilomètres de la capitale, a été brutalement rompue le 8 juin.

    Ce lundi-là, vers 16h45, la voiture de Mohamed Bensaad a été la cible d'une explosion. Ce chauffeur de taxi à la retraite, installé dans le village depuis quelques semaines, était absent au moment des faits. Il achetait du carrelage au Castorama à Claye-Souilly. Et il est persuadé que quelqu'un lui en veut.

    «Qui m'en veut ? Je n'en sais rien.»

    « Je suis victime d'un acte raciste, estime cet Algérien de 64 ans. On a voulu me tuer, m'éliminer. Si j'avais été dans la voiture, avec une telle charge d'explosifs, je serais mort. » La police judiciaire de Meaux s'est saisie de l'enquête.

    Selon Mohamed, un « avertissement » lui aurait été adressé sous la forme d'une panse de brebis déposée au milieu de sa cour. Il l'a découverte le 22 mai, le jour de la remise des clés de sa nouvelle propriété.

    « Qui m'en veut ? Je n'en sais rien, lâche-t-il. Je n'ai reçu aucune lettre d'un quelconque corbeau. Je ne suis là que depuis quelques semaines. Je n'ai de problème avec personne. »

    Au moment de l'explosion, la voiture se trouvait dans la cour de la propriété de plus de 9 000 m2 dont Mohamed Bensaad vient de faire l'acquisition, au carrefour de la départementale 112 et du Mémillon. Le sexagénaire tenait particulièrement à cette Renault Velsatis de 2009.

    « C'était la même que celle du président Chirac, insiste-t-il. La même couleur, tout. C'était une voiture solide. » Ce vendredi après-midi, Mohamed retrouve encore des débris, comme ce bout de phare ou le losange du constructeur français. « La lunette arrière a atterri dans le jardin du voisin », ajoute-t-il.

    Souriant malgré la situation, ce « fils d'un ancien combattant » est un homme haut en couleur. Sa boîte aux lettres porte l'inscription « Marquis de la Guêpière », du nom de ce lieu-dit de Beautheil-Saints. Mohamed estime avoir échappé à un attentat, et compte bien le faire savoir. « Je suis allé jusqu'au ministère de l'Intérieur, puis devant chez Macron, raconte-t-il. J'irai à l'ONU s'il le faut ! »

    Il multiplie les vidéos pour médiatiser son histoire

    Au bar de Beautheil-Saints comme dans les rues du bourg de la commune, personne n'a entendu parler de cette explosion. « Il s'est présenté en mairie car on lui a fait sauter sa voiture, indique le maire, Bernard Jacotin. Je n'en sais pas beaucoup plus. »

    Pour médiatiser son histoire, Mohamed a multiplié les vidéos sur les réseaux sociaux en plusieurs langues. Il a aussi lancé son propre « appel du 18 juin ».

    Beautheil-Saints, ce vendredi.« On a voulu m’éliminer », estime cet ancien taxi, qui montre ici les débris laissés par l’explosion de sa voiture. LP/Alexandre Arlot
    Beautheil-Saints, ce vendredi.« On a voulu m’éliminer », estime cet ancien taxi, qui montre ici les débris laissés par l’explosion de sa voiture. LP/Alexandre Arlot LP/Alexandre Arlot

    Sur un écriteau accroché à un pylône devant sa propriété, il a inscrit ce jeudi le message suivant : « A tous les citoyens qui subissent la peur et l'injustice, les loups sont dans la bergerie. Il est temps que la peur change de camp et que les agneaux se transforment en lions. »

    Avant de retourner à ses travaux, il finit par lâcher : « Si j'étais mort dans cette explosion, je suis sûr qu'on aurait dit que c'était un accident. »