Fort d’Aubervilliers : les jardins ouvriers ne veulent pas être sacrifiés sur l’autel du Grand Paris Express

Une manifestation de soutien aux « Jardins ouvriers des Vertus » a été organisée ce mercredi soir. Une partie du site doit être utilisée durant le chantier de la future gare de la ligne 15 du Grand Paris Express.

 Aubervilliers, ce mercredi soir. Un peu plus d’une cinquantaine de personnes se sont mobilisées ce mercredi soir pour défendre l’avenir des Jardins des Vertus.
Aubervilliers, ce mercredi soir. Un peu plus d’une cinquantaine de personnes se sont mobilisées ce mercredi soir pour défendre l’avenir des Jardins des Vertus. LP/A.L.

    « Des légumes, pas du bitume ; Des lilas, pas des gravats ! » Ce mercredi soir à Aubervilliers, plusieurs dizaines de manifestants se sont réunies pour défendre les Jardins des Vertus. Une partie de ces jardins ouvriers, situés au pied du Fort d'Aubervilliers, doit être occupée par l'emprise du chantier à venir de la future gare de la ligne 15 du Grand Paris Express. Son ouverture est prévue en 2030.

    « Nous demandons que les jardins soient préservés dans leur intégralité », alerte le collectif Aubervilliers en transition, qui a lancé une pétition baptisée « Rangez vos engins, laissez-nous les jardins! ». Elle avait déjà recueilli près de 300 signatures ce mercredi.

    LP/A.L.
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    Cette oasis regroupant 92 parcelles et petites cabanes a près d'un siècle d'histoire. C'est en 1935 que l'association des Jardins ouvriers des Vertus est née pour occuper et gérer ces 26 000 m² de terre, où l'on trouve des arbres fruitiers, des cultures de fleurs, de légumes ou encore des ruches, au carrefour de communes qui manquent cruellement d'espaces verts : Aubervilliers, Bobigny et Pantin.

    « Vital de conserver des lieux comme ça »

    De nombreux habitants ont souhaité apporter leur soutien aux jardiniers ce mercredi soir. A l'image d'Ana, qui habite le centre-ville d'Aubervilliers depuis une trentaine d'années. « On ne peut pas être contre le nouveau métro ou la future piscine à dimension olympique (NDLR : qui verra le jour, d'ici 2024, au Fort d'Aubervilliers), mais il est vital de conserver des lieux comme ceux-là, observe-t-elle. La transformation de la ville ne doit pas se faire au détriment de ces grands espaces verts, de notre santé. »

    Plusieurs jardiniers rappelaient que la crise avait de nouveau rappelé l'intérêt de ces jardins, pour permettre « aux habitants de s'y ressourcer mais, aussi, de s'y nourrir. »

    Le rêve d'y célébrer le centenaire des jardins en 2035

    Le collectif dit lui avoir appris que la Société du Grand Paris (SGP), qui porte le projet de nouveau métro, souhaite « stocker les déblais du chantier de la station Fort d'Aubervilliers de la nouvelle ligne 15 du métro. Plusieurs milliers de mètres carrés de jardin et des dizaines d'arbres sont menacés de finir sous les gravats. »

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    Le président de l'association des Jardins ouvriers, Philippe Frette, dit, lui, la « grande difficulté d'avoir un interlocuteur sur le sujet » à la SGP. « Notre seul signal un peu positif, c'est le report du chantier du Grand Paris Express de 2024 à 2030 », dit le vice-président de l'association, Gérard Muller, qui rêve de célébrer le centenaire des jardins cinq ans après l'arrivée du métro. « Nous demandons d'ailleurs officiellement que la gare soit nommée Fort d'Aubervilliers - Jardins ouvriers », poursuit-il.

    La SGP promet qu'aucun déblai ne sera stocké ici

    Contactée, la SGP se veut rassurante ce mercredi soir. « Il n'est pas prévu de stockage spécifique de déblais sur ce site : les terres excavées lors de la construction de la gare seront évacuées au fur et à mesure, et les déblais issus d'autres chantiers de la ligne ne seront pas rapatriés sur le site du Fort d'Aubervilliers », répond-elle, confirmant toutefois que l'emprise du chantier de la gare « aura un impact sur environ 5 000m² des Jardins des Vertus. »

    La SGP assure « qu'une réflexion globale est portée par Grand Paris Aménagement (NDLR : propriétaire des terrains et aménageur de la ZAC du Fort), pour reconstituer les surfaces de jardins impactés par les différents projets », la gare mais aussi le futur centre aquatique d'entraînement olympique.

    « Les jardins ne perdront pas un seul mètre carré »

    Interrogée à ce sujet, la maire (PCF) d'Aubervilliers, Meriem Derkaoui, rappelle les engagements de la ville : « La condition que nous avons posé pour l'aménagement de la ZAC du Fort d'Aubervilliers, c'était de préserver le théâtre équestre Zingaro et les Jardins des Vertus car les deux font totalement partie de l'histoire d'Aubervilliers. »

    Elle assure que « toutes les parcelles utilisées seront reconstituées à l'intérieur même de la ZAC. Les jardins ne perdront pas un seul mètre carré. »