Noisy-le-Grand : et si le mauvais entretien du Bois Saint-Martin favorisait les inondations?

Le groupe d’opposition Engagés pour Noisy a lancé une pétition adressée à l’Agence régionale des espaces verts, propriétaire du Bois Saint-Martin attenant au quartier sinistré. Ils estiment que le mauvais entretien de cet espace boisé a aggravé les inondations des 19 juin et 13 juillet.

Noisy-le-Grand. Samedi 17 juillet, Joseph Zrihen, conseiller municipal d'opposition, estime que le mauvais état du Bois Martin aggrave le risque d'inondation dans le quartier.
Noisy-le-Grand. Samedi 17 juillet, Joseph Zrihen, conseiller municipal d'opposition, estime que le mauvais état du Bois Martin aggrave le risque d'inondation dans le quartier.

    Dans son hall, de la terre humide jonche encore le sol au milieu de cadres en morceaux. « L’eau est montée jusqu’aux genoux ! », fulmine Monica, 74 ans, résidante dans un pavillon avenue Lucien Salles à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Comme de nombreux riverains, cette retraitée a vu son rez-de-chaussée inondé avec « 60 cm de boue » mercredi 13 juillet. Alors ce samedi 17 juillet, Monica s’empresse de signer la pétition tendue par Joseph Zrihen, président du groupe Engagés pour Noisy. En quelques lignes, le groupe d’élus demande à l’agence régionale des espaces verts (l’AEV) propriétaire du Bois Saint-Martin attenant au quartier sinistré, de « mieux l’entretenir ».

    Car selon eux, le système de drainage du bois serait bouché. « L’AEV ne l’entretient pas alors cela augmente le risque d’inondation », accuse Joseph Zrihen, en plein porte à porte pour recueillir des signatures. « On espère en obtenir 500. On continuera de sonner chez les habitants jusqu’au 25 juillet », prévoit-il.

    Samedi 17 juillet. Noisy-le--Grand. Joseph Zrihen, conseiller municipal d'opposition, fait signer la pétition à Clémence dont le garage a été inondé le 13 juillet.
    Samedi 17 juillet. Noisy-le--Grand. Joseph Zrihen, conseiller municipal d'opposition, fait signer la pétition à Clémence dont le garage a été inondé le 13 juillet.

    De son côté, la mairie « ne comprend pas bien » les raisons du lancement de cette pétition. Elle souligne qu’elle a déjà sollicité l’AEV le 25 juin après les premières inondations survenues à la suite d’un orage le 19 du même mois. « On leur a demandé s’ils avaient curé les bassins d’évacuation. Normalement, les évacuations d’eau pluviales sont entretenues deux fois par an, informe Antoine Pirolli, conseiller municipal délégué à l’espace public. Cela consiste à enlever les feuillages et il se peut que cela n’ait pas été fait. S’ils ont des difficultés, on leur propose de les aider car on connaît l’opération. On a aussi réclamé l’état de catastrophe naturelle pour la ville. »

    « J’ai eu peur que mes poules meurent ! »

    Mais plusieurs riverains se montrent, eux, ravis de la signer. Comme Michelle qui a paniqué en voyant son « disjoncteur disjoncter » dans la soirée du 13 juillet. « On a vu l’eau monter à vive allure dans notre garage. On était six à racler pour la rejeter dans la rue sinon ma maison était foutue. J’ai eu peur que mes poules meurent ! », s’anime la quinqua qui a « encore des cloques du fait d’avoir raclé 5 heures ».

    Noisy-le-Grand. Samedi 17 juillet, Monica montre jusqu'où l'eau est montée dans son pavillon lors de l'inondation.
    Noisy-le-Grand. Samedi 17 juillet, Monica montre jusqu'où l'eau est montée dans son pavillon lors de l'inondation.

    Laetitia, la présidente de l’association qui gère la ferme Rainbow située en face du bois, a écrit à l’AEV dès juin après l’orage. Chez elle, les animaux étaient menacés par la montée des eaux. « Pourtant, on est sur un terrain surélevé, détaille la brune. Une personne s’est déplacée et m’a juste dit « je prends une photo ». Depuis, je n’ai pas eu de nouvelles. »

    Un peu plus loin, Clémence a, elle, découvert son matériel électroménager au milieu des flots. La trentenaire a réussi à se faire rembourser les dégâts par les assurances pour les deux inondations. « Est-ce qu’elles suivront une troisième fois ?, s’interroge-t-elle, inquiète. Je déménagerai si cela se reproduit. » En désignant le trottoir incurvé, Clémence explique aux élus que le mauvais état de la voirie aggrave les inondations.

    « On va aussi envoyer la pétition à Grand Paris Est pour qu’ils améliorent l’assainissement de ces rues », lui répond Joseph Zrihen. La mairie informe, elle, qu’un chantier est déjà en cours depuis deux ans concernant l’évacuation des eaux pluviales de la voirie. « À mon sens, leur action est une opération de communication », commente Antoine Pirolli.

    Contactée, l’AEV précise qu’elle s’est rendue sur place pour évaluer la situation. « Nous avons prévu de réaliser une étude hydrologique indispensable pour comprendre l’écoulement des eaux au sein du bois, indique-t-elle. Actuellement, le site joue pleinement son rôle de tampon. Les fossés de taille importante sont gorgés d’eau et elle s’y écoule normalement. »

    Dans les prochains jours, l’agence interviendra pour retirer les amas les plus volumineux. « Mais aucun curage ne sera réalisé car cette intervention nécessite des connaissances sur le ruissellement des eaux dans le bois que seule l’étude hydrologique apportera, poursuit-t-elle. Il est donc indispensable de réaliser cette étude avant d’entreprendre des travaux, au risque d’empirer la situation pour le bois et les riverains. »