Villepinte : emprisonnée 47 jours pour l’enlèvement de son fils

Bobigny, le 25 avril.  Cette femme turque de 42 ans a été mise en examen pour l’enlèvement de son fils. Elle a été transférée aux autorités françaises après 47 jours de détention en Allemagne et remise en liberté.
Bobigny, le 25 avril. Cette femme turque de 42 ans a été mise en examen pour l’enlèvement de son fils. Elle a été transférée aux autorités françaises après 47 jours de détention en Allemagne et remise en liberté. (LP/C.S.)

    C'est une femme libre mais effondrée. « J'ai vécu un cauchemar », explique, par la voix d'un interprète cette femme de 42 ans, remise en liberté par le tribunal de Bobigny après 47 jours de détention en Allemagne. Ce n'est pas tant la durée de sa détention qui l'ébranle que les raisons qui ont motivé son mandat d'arrêt. Elle est mise en examen en France, pour l'enlèvement de son propre fils, un garçon de 6 ans, qui vit avec son père à Villepinte et dont elle revendique la garde, jugement turc à l'appui.

    En pleine séparation, le père aurait quitté leur domicile à Istanbul avec leur fils qui n'avait pas encore trois ans. « Il m'a dit qu'il partait au parc, il n'est jamais revenu », témoigne la mère, qui, en trois ans, n'a vu son fils qu'une dizaine de fois, à Bordeaux puis dans un immeuble du parc de la Noue, à Villepinte, où elle avait retrouvé sa trace. « Ce 8 mars, j'ai voulu récupérer mon fils. Je voulais monter discuter avec la nounou, mais mon fils B. est sorti le premier et m'a sauté dans les bras… », raconte-t-elle les yeux rivés sur le prénom de son fils, tatoué à son poignet droit. La mère a alors repris le train vers l'Allemagne avec son petit garçon.

    « Le père s'est prévalu d'un jugement qui n'existe pas ! »

    Alertées par le père de la disparition de l'enfant, les autorités judiciaires n'ont pas douté une seconde que c'était la mère qui avait emmené le petit. Le parquet de Bobigny a émis un mandat d'arrêt européen pour enlèvement d'enfant, missionné la sûreté territoriale. Cinq jours plus tard, l'enfant et sa mère étaient retrouvés à Francfort, alors que la mère réclamait un passeport pour l'enfant. « Je venais du consulat turc où j'avais tout expliqué, et on m'a envoyé au commissariat faire une demande de passeport. Quand on m'a dit que j'étais arrêtée j'ai cru à une blague », poursuit la mère qui, en 47 jours a connu quatre prisons en Allemagne. Une incarcération éprouvante, lors de laquelle elle a tenu un journal de bord. « Pour mon fils, pour qu'il sache », dit-elle.

    Pour le parquet de Bobigny, c'est le père qui avait la garde de l'enfant. C'est d'ailleurs ce qui a motivé la diffusion du mandat d'arrêt européen. « Le père de l'enfant s'est prévalu d'un jugement qui n'existe pas ! » déplore Me Fanny Saurat-Fontagnere, l'une des avocates de la maman, qui dénonce une détention arbitraire et assure que seule la mère avait la garde de l'enfant. Elle en veut pour preuve un jugement turc prononçant le divorce et donnant la garde à la mère.

    Depuis la France, le père, lui, accusait, son ex-femme de maltraitance sur leur fils, plaintes classées sans suite assure la défense adverse.

    Un juge des enfants doit examiner la situation du petit garçon

    A Istanbul, Bordeaux et désormais Bobigny, les avocats se relaient pour faire valoir les droits du père ou de la mère sur cet enfant, à nouveau confié à son père après Francfort. Quel jugement aurait dû faire foi ? Où et comment ce petit garçon qui n'a pas encore 7 ans peut-il vivre ? « Tout cela sera tranché dans les semaines qui viennent », avance Me Caroline Bris, l'une des avocates du père. « Nous avons saisi plusieurs juges et nous aurons bientôt une décision définitive. » En question, notamment, un prochain rendez-vous chez le juge des enfants de Bobigny.