Biden relance le billet de 20 dollars à l’effigie d’Harriet Tubman, bloqué par Trump

La militante antiesclavagiste et féministe noire devait remplacer dès 2020 le président Andrew Jackson sur les billets de 20 dollars. Arrêté par l’administration Trump, le projet vient d’être relancé par Joe Biden.

La militante contre l'esclavage Harriet Tubman devrait remplacer le président américain Andrew Jackson sur les billets de 20 dollars.
La militante contre l'esclavage Harriet Tubman devrait remplacer le président américain Andrew Jackson sur les billets de 20 dollars.

    C’est un autre pied de nez fait à son prédécesseur. Le nouveau président américain, Joe Biden, vient de relancer le projet de faire figurer la militante antiesclavagiste noire, Harriet Tubman (1822-1913), sur les billets de 20 $. Elle devrait ainsi remplacer le président populiste Andrew Jackson admiré par… Donald Trump. Si le message était de faire passer qu’une nouvelle ère a commencé aux Etats-Unis, traversés par de nombreux mouvements dénonçant le racisme et le sexisme de la politique trumpiste, il ne pouvait pas être plus chargé en symbole.

    Celle qui a fui l’esclavage et fait passer des centaines d’esclaves vers le nord des Etats-Unis et le Canada, avant et pendant la guerre de Sécession, participant aussi à la lutte pour le droit de vote des femmes, deviendrait ainsi la première personnalité afro-américaine représentée sur un billet de banque. « Il est important que nos billets, notre argent […] reflètent l’histoire et la diversité de notre pays et l’image d’Harriet Tubman ornant la nouvelle coupure de 20 $ les reflète de façon évidente », a déclaré la porte-parole de la présidence, Jen Psaki.

    Une initiative lancée sous la présidence Obama

    Tout commence il y a sept ans avec une déclaration de Barack Obama, alors président. Une petite fille l’interpelle dans une lettre lui demandant pourquoi il n’y avait pas de femmes sur les billets de banque américains. Le 30 juillet 2014, il lui répond au cours d’un discours à Kansas City que c’est une « assez bonne idée ». Il n’en fallait pas plus pour qu’une association féministe, « Women on 20s », lance une campagne pour imposer une figure historique féminine sur le fameux billet vert. Elle invite, sur son site, les internautes à voter parmi 15 personnalités retenues. Les trois premières, récoltant les meilleurs scores ? Harriet Tubman, Eleanor Roosevelt, première dame, militante antiraciste et féministe engagée, et enfin, Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale.

    L’association « Women on 20s » n’a pas choisi le billet de 20 $ par hasard. Certes, c’est la coupure la plus utilisée du pays mais, surtout depuis 1928, ce sont les traits d’un homme controversé qui y sont reproduits : le président Andrew Jackson (dont le portrait ornait le bureau ovale du temps de Donald Trump), en charge lors de l’entrée vigueur de l’Indian Removal Act, en 1830, qui contraint des milliers d’Indiens à abandonner leurs terres du Sud aux Blancs pour rejoindre de force l’Etat de l’Oklahoma. Un exode, surnommé le « Sentier des larmes », qui fit des milliers de morts.

    Une militante surnommée la « Moïse noire »

    L’administration Obama lance la procédure en 2016 et le Trésor américain valide le projet : Harriet Tubman, qui était surnommée « la Moïse noire », sera bien sur les billets de 20 $ en 2020. Soit, la troisième femme à apparaître sur un billet américain, après le billet de 1 $ figurant Martha Washington entre 1886 et 1891 et celui de 20 $ représentant une scène avec l’amérindienne Pocahontas en 1860. Mais c’était sans compter l’élection de Donald Trump. En 2017, il bloque le dossier (au moins jusqu’à 2028) jugeant le choix d’Harriet Tubman de « purement politiquement correct », et suggérant même que son portrait irait mieux sur le billet de 2 $… qui n’existe plus.

    L’ancien président aura désormais tout le temps de méditer cette phrase d’Harriet Tubman : « Chaque grand rêve commence par un rêveur. Rappelez-vous toujours, vous avez en vous la force, la patience et la passion d’atteindre les étoiles pour changer le monde. »