Afghanistan : les étudiantes obligées de porter une abaya et un niqab

A la veille de la rentrée des universités privées, les talibans ont publié un nouveau décret exigeant que les étudiantes portent un niqab leur couvrant le visage. Elles suivront les cours dans des classes non mixtes.

Lors d'une manifestation à Paris, une femme porte une pancarte rappelant que les droits des femmes sont menacés par le retour au pouvoir des talibans. AFP/Stefano RELLANDINI.
Lors d'une manifestation à Paris, une femme porte une pancarte rappelant que les droits des femmes sont menacés par le retour au pouvoir des talibans. AFP/Stefano RELLANDINI.

    C’est une mesure qui marque le retour au pouvoir des talibans. Les étudiantes afghanes devront revêtir une abaya noire, assortie d’un niqab couvrant le visage si elles veulent pouvoir continuer à étudier. C’est la règle imposée par un décret publié par le nouveau régime taliban à la veille la réouverture des universités privées du pays. Le décret prévoit également que les étudiantes devront suivre les enseignements dans des classes non mixtes.

    Les femmes inscrites dans ces établissements devront également quitter la classe cinq minutes avant les étudiants et patienter dans des salles d’attente le temps que ces derniers aient quitté les lieux, précise ce décret daté de samedi et publié par le ministère de l’Enseignement supérieur.



    Les universités seront quant à elles tenues de « recruter des enseignantes pour les étudiantes », ou tenter de recruter « des enseignants âgés » dont la moralité aura été passée au crible, peut-on encore lire dans ce décret.

    Lors du premier passage au pouvoir du mouvement islamiste entre 1996 et 2001, la règle de la non-mixité avait empêché la quasi-totalité des femmes d’étudier. Le port de la burqa, long voile couvrant complètement la tête et le corps, avec un grillage dissimulant les yeux, était alors obligatoire.

    L’abaya, que les étudiantes des établissements privés devront porter, est un large voile couvrant le corps. Le niqab couvre lui le visage et laisse apparaître les yeux.

    Pas suffisamment d’enseignantes ou de salles de classe pour séparer les filles

    La question des droits des femmes est celle sur laquelle les talibans, qui ont pris le pouvoir le 15 août dernier à l’issue d’une offensive militaire éclair, sont le plus attendus par la communauté internationale. Cette dernière, ainsi qu’une partie de la population afghane, garde en effet en mémoire la brutalité du mouvement islamiste qui s’efforce, depuis son retour au pouvoir, de montrer un visage plus modéré.



    Concernant les classes non mixtes, « ça va être compliqué d’un point de vue pratique, nous n’avons pas suffisamment d’enseignantes ni suffisamment de salles de classe pour séparer les filles » des garçons, souligne un professeur d’université, qui a requis l’anonymat.

    « Mais le fait qu’ils permettent aux filles d’aller à l’école et d’aller à l’université est en soi une étape importante et positive », ajoute-t-il. Avant le retour des talibans, les étudiantes afghanes pouvaient suivre les cours dans des classes mixtes et assister à des séminaires donnés par des hommes.

    Au cours des vingt dernières années, les écoles et les universités n’ont pas été épargnées par les violences qui ont secoué le pays et ont essuyé plusieurs attentats meurtriers. Les talibans ont toujours nié toute implication dans ces attaques, dont certaines ont été revendiquées par la banche locale du groupe Etat islamique.