NBA : le triple double, les dix contres et la masterclass de Victor Wembanyama, vainqueur avec les Spurs à Toronto

Le Français a inscrit 27 points, pris 14 rebonds et contré 10 tirs dans la nuit de lundi à ce mardi à l’occasion de la victoire de San Antonio chez les Raptors. Il réalise une performance assez rare : un triple double avec contres.

Victor Wembanyama a dominé la rencontre de la tête et des épaules, inscrivant 27 points, prenant 14 rebonds mais surtout réalisant 10 contres. John E. Sokolowski-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon Sport
Victor Wembanyama a dominé la rencontre de la tête et des épaules, inscrivant 27 points, prenant 14 rebonds mais surtout réalisant 10 contres. John E. Sokolowski-USA TODAY Sports/Sipa USA - Photo by Icon Sport

    Victor Wembanyama est entré dans la nuit encore un peu plus dans l’histoire de la NBA, quelques mois seulement après y avoir fait ses débuts. Le Français a réalisé son second triple double de la saison (au moins 10 dans trois catégories de statistiques), à l’occasion de la victoire des San Antonio Spurs chez les Toronto Raptors (122-99). Mais cette fois-ci, il l’a atteint grâce à… ses contres : 10 hier soir, qu’il a ajoutés à 27 points et 14 rebonds, ainsi que 5 passes et 2 interceptions. La performance est assez rare en NBA.

    Il n’est que le 4e rookie de l’histoire à afficher un triple-double avec contres. Le dernier ? David Robinson en 1990… « Je suis en bonne compagnie avec mon nom à ses côtés », déclare le Français à l’issue du match. Il devient aussi le 5e joueur dans l’histoire de la NBA à réaliser un match à plus de 25 points, 10 rebonds, 10 contres et 5 passes. Les autres ? Abdul-Jabbar, Olajuwon, Sampson et Robinson…

    « Il va être effrayant »

    « J’aurais presque pu faire un quadruple double avec les pertes de balle (7) », plaisante-t-il à l’issue du match. Il aurait surtout pu atteindre ce fameux quadruple double avec les passes décisives, mais le score acquis, il a passé les cinq dernières minutes sur le banc de touche. Il ne lui en manquait que 5… Seuls quatre autres joueurs ont réalisé cet exploit dans l’histoire de la NBA (David Robinson le dernier en 1994), et on peut parier que le prochain sera sans doute Victor Wembanyama.

    « Il est incroyable et il est juste rookie ; il va être effrayant ces prochaines années », admire son coéquipier Devin Vassell. Dès le début de la rencontre, le numéro 1 des Spurs donne le ton. En une minute, il repousse un tir de Poeltl, marque un trois points sur la contre-attaque, revient prendre un rebond en défense, et réussit un alley-oop sur une passe de Tre Jones. Showtime ! On comprend que la machine est lancée et qu’elle ne va plus s’arrêter.



    « Il a fait un peu de tout, euphémise son entraîneur Gregg Popovich. Manifestement, il est talentueux à tous points de vue. Il comprend très bien le jeu, et il le montre de nombreuses façons, que ce soit grâce à ses passes, ses choix, ou encore ses contres. » Les highlights sont trop nombreux pour tous les raconter. Dans le premier quart-temps, il contre RJ Barrett, adresse une passe aveugle à Sochan sous le panier, puis récupère en déséquilibre une passe de Tre Jones tout en réussissant à marquer.

    Durant le deuxième quart-temps, il commence par réussir un autre panier à trois points, se rassure aussi à mi-distance, avant de décoller très loin du panier pour aller dunker. Il donne l’impression qu’il accélère une fois en l’air et ses adversaires le regardent, éberlués.

    En deuxième mi-temps, il continue sa domination. Il contre un première fois Poeltl alors qu’il défendait une seconde auparavant sur Quickley, puis une deuxième fois le même Poeltl. Sa prestation devient ensuite irrationnelle : il empêche de marquer Barnes sur deux tentatives d’affilée, en deux secondes, et ne peut s’empêcher de sourire, peut-être étonné de lui-même. Il dégoûte l’ailier des Raptors encore quelques minutes plus tard en le contrant par surprise par-derrière !

    Son ancienne proviseure dans les tribunes

    Dans le dernier quart-temps, il sécurise son triple double avec un dernier contre sur le rookie Gradey Dick, qui effrayé de subir un nouveau contre du Français, avait totalement raté son lay-up quelques secondes plus tôt, sachant Wembanyama à ses trousses… « Je peux voir l’intimidation parfois que je provoque, admet Wemby à l’issue du match. C’est de plus en plus difficile pour moi de contrer des tirs, parce que mes adversaires m’attaquent de moins en moins. » Vassell le gratifie aussi d’une passe dans le dos qui provoque l’étonnement de Wembanyama.

    Dans les tribunes, des Français agitent le drapeau tricolore. Dans un coin de la salle, une personne pose sur le match un regard un peu particulier : Barbara Martin, ancienne proviseur du lycée Joliot-Curie de Nanterre, a compté dans la vie du jeune Victor, qui mesurait déjà autour de 2,20 m au lycée. Elle habite désormais à Toronto et a pu embrasser son ancien élève après la rencontre.

    « C’était une proviseur qui travaillait main dans la main avec le centre de formation, raconte après le match le géant français. Ce qu’elle nous a permis de faire, c’était presque du jamais-vu : elle a grandement facilité mes années de lycée, surtout l’année de Terminale, avec cours particuliers, heures supplémentaires, et aménagement parfait pour que je puisse jouer au basket en même temps. C’est devenu une proche désormais. » C’était hier ou presque et depuis Victor Wembanyama est devenu Wemby. De l’autre côté de l’océan, un peu plus connu mais toujours aussi grand.