Boxe : Maïva Hamadouche, l’ange gardien des rings

Pour avoir sauvé la vie d’un jeune migrant, Maïva Hamadouche est honorée à la préfecture de police de Paris ce mercredi, trois jours avant son Championnat du monde.

En juin dernier, Maïva Hamadouche, boxeuse et aussi policière, a posé un garrot sur la jambe d’un jeune migrant mauritanien fauché par un chauffard.
En juin dernier, Maïva Hamadouche, boxeuse et aussi policière, a posé un garrot sur la jambe d’un jeune migrant mauritanien fauché par un chauffard. PRESSE SPORTS/ ARGUEYROLLES LAURENT

    Championne du monde et policière héroïque… Samedi à Levallois, Maïva Hamadouche (27 ans) défendra pour la 3e fois son titre mondial IBF des super-plume. « Je veux marquer l'histoire de mon sport », répète souvent la boxeuse de Clichy à l'apparence fluette (1,60 m pour 59 kg), mais à la détermination sans faille. Avant ce nouveau défi, elle sera honorée ce mercredi après-midi à la préfecture de police de Paris en recevant la médaille du courage et du dévouement. Policière à la compagnie de sécurisation et d'intervention (CSI) du XVIIe arrondissement, une brigade qui ne compte que 3 femmes pour 250 fonctionnaires, la native du Tarn n'est pas près d'oublier ce 27 juin 2017. « Dans ma vie, il y aura un avant et un après, avoue celle qui rêve d'intégrer le Raid. Ce qui s'est passé ce soir-là, ça vaut toutes mes ceintures mondiales… »

    Alors qu'il rechargeait son téléphone dans un abribus du boulevard Ney (XVIIIe), Yahca, jeune sans-abri mauritanien de 24 ans, a été fauché par un chauffard. La jambe presque arrachée, l'artère fémorale sectionnée. Le garrot appliqué par Maïva Hamadouche a ralenti l'hémorragie et lui a sauvé la vie. « Je suis une fille humble, ce soir-là, j'ai juste fait mon boulot, estime la policière. J'ai eu la chance d'avoir un garrot dans ma poche et d'être là au bon moment. Je suis fière de lui avoir sauvé la vie, même s'il a dû être amputé. Je trouve ça tellement injuste… »

    Avec ses collègues, elle s'est rendue au chevet du jeune Mauritanien à l'hôpital, quelques jours après. « C'était important pour moi, avoue-t-elle. Je lui ai dit que j'étais désolée de ne pas avoir pu sauver sa jambe. Depuis, je ne l'ai pas revu, mais on m'a dit qu'il avait pu rester en France. » Durant l'intervention, elle estime « qu'être sportive de haut niveau [l]'a aidée ». « Quand on est policier, on pense toujours aux attentats, mais il y a aussi plein d'autres interventions délicates où il faut être présent, poursuit-elle. Là, elle était très difficile à gérer, car ce sont des blessures qu'on n'a pas l'habitude de voir. Moi, c'était la première fois. Il a fallu savoir gérer mon stress, prendre la bonne décision en quelques secondes et effectuer le bon geste. Je suis championne de boxe et je sens que ça me donne davantage confiance dans mon métier. J'ai une meilleure analyse de la situation dans les moments chauds. »

    Par son geste héroïque, Maïva considère aussi être en adéquation avec ses valeurs. « Il n'y a pas que le côté répressif, moi je cherche d'abord à faire du bien, conclut-elle. Si je suis devenue policière, c'est pour défendre les plus faibles. Je suis fière d'avoir donné une bonne image de la police. Elle a fait beaucoup pour moi et j'essaie aussi de lui renvoyer l'ascenseur en me comportant bien sur le ring dans un sport respecté et populaire. »