« Je ne pense qu'à la reconstruction de mon pays »

CENSUS JOHNSTON, pilier samoan de Toulouse

« Je ne pense qu'à la reconstruction de mon pays »

    Derrière son sourire permanent, Census Johnston, qui défiera les Bleus samedi, cache une vive inquiétude. Le tsunami qui a dévasté les îles Samoa le 29 septembre a durement touché le village du pilier international du Stade toulousain (28 ans, 27 sélections, 135 kg).

    Quelle est la situation aujourd'hui aux Samoa ?

    Census Johnston. Le sud de l'île, particulièrement Lanomanu, mon village, a été dévasté par le tsunami. Il m'est très pénible de regarder les photos de ce qu'il reste. Par miracle, je n'ai perdu personne de ma famille. Seule ma tante a été blessée. Elle tenait un commerce en bord de mer, il a été emporté par les flots. En revanche, de nombreux enfants sont morts dans d'autres familles que je connais bien. C'est très difficile d'être loin des siens dans ces moments-là.

    Avez-vous songé à rentrer dans votre pays ?

    J'aimerais être là-bas pour les aider, mais je suis sans doute plus utile en travaillant dur pour envoyer de l'argent à mes proches. A la fin de la saison, je retournerai sur place pour voir ce que je peux faire de plus. Je ne pense qu'à la reconstruction de mon pays.

    Avez-vous encore la tête à jouer au rugby ?

    Je suis encore plus investi dans ma mission. Les Samoans du monde entier sont solidaires. Pour un si petit pays, il est difficile de se remettre d'une telle épreuve. Le seul moyen que nous avons pour aider nos compatriotes à se sentir mieux est de jouer à notre maximum et de gagner contre des grosses équipes.

    Tous les joueurs des Samoa vont-ils reverser leur prime de match à votre pays ?

    Nous sommes simplement défrayés. Rien à voir avec ce que perçoivent les Français ou les Gallois. Nous jouons pour notre pays, pour la fierté de porter ce maillot. Nous ne pouvons pas jouer pour l'argent, nous n'en avons pas. Si nous en avions, nous pourrions empêcher nos meilleurs joueurs de prendre la nationalité néo-zélandaise pour faire fortune avec les All Blacks. Nous serions parmi les meilleures nations du monde.

    Pensez-vous pouvoir battre la France ?

    On peut battre n'importe qui. Nous avons de très fortes individualités. Notre problème est de réussir à jouer en équipe. Nos joueurs sont dispersés dans des clubs un peu partout autour de la planète. Nous sommes si pauvres qu'il nous est impossible d'organiser des stages. Ces tests, face aux meilleures nations, sont nos seules occasions de progresser. Notre objectif est une demi-finale lors de la Coupe du monde 2011.