Jean Galfione : «Mes amours ? Je ne pense pas que ça intéresse les gens»

L’ancien perchiste champion olympique devenu marin vient de publier son autobiographie.

 « Ce n’est pas anodin de faire un bouquin », estime Jean Galfione
« Ce n’est pas anodin de faire un bouquin », estime Jean Galfione LP/Yann Foreix

    Plus de 20 ans après son titre olympique à Atlanta, le perchiste Jean Galfione a accepté de se raconter. Sans rien dévoiler des sujets les plus intimes.

    Pourquoi ce livre maintenant ?

    JEAN GALFIONE. C'est un vrai exercice. Durant ma carrière de perchiste, j'ai toujours refusé d'écrire un livre. J'ai toujours trouvé que les bouquins de sportif que j'ai lus étaient chiants (rires). David Douillet, par exemple, parlait de sa vie privée, je n'avais pas envie de lire ça. J'ai vieilli, je fais beaucoup d'interventions en entreprise pour parler de mon expérience et souvent on me dit « tout ça c'est intéressant, il faudrait l'écrire ». Mais c'est dur de parler de soi, ce n'est pas anodin de faire un bouquin.

    Vous évoquez très peu votre femme et vos enfants. Vous êtes-vous imposé des barrières ?

    Je ne voulais pas faire du people, je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais, même dans un livre. Je ne pouvais pas évincer totalement ma famille, c'est ce qui motive ma vie désormais. Mais je ne voulais pas d'une biographie du type mes amours, mes bagnoles, je ne pense pas que ça intéresse les gens. J'avais davantage envie de raconter le parcours d'un sportif qui passe de la perche à la voile, en évoquant les gens qui m'ont touché. Ce n'est pas des grandes thèses métaphysiques, ça reste un livre de sportif (il sourit).

    On découvre notamment que l'après médaille d'or olympique n'a pas été si facile à gérer…

    Après Atlanta, on m'a mis sur un piédestal, les sollicitations se multipliaient, j'étais le plus beau du monde. Sauf qu'il fallait retourner à l'entraînement. J'adorais la perche mais on m'avait enlevé ce petit truc qui faisait que j'allais au combat. Je n'ai pas crevé de faim quand j'étais petit, il n'y a eu aucune souffrance mais la perche était un moyen de me prouver des choses.

    Vous évoquez la fin de votre carrière et ce sentiment de ne pas être allé au bout…

    Oui, c'est dur d'arrêter, de quitter 20 ans de ta vie pour partir dans le néant. A un moment je me suis dit : non pas maintenant, il faut que j'y retourne, ce n'est pas fini. Mais bien sûr que c'était fini. Oui, la perche m'a manqué, le geste, pas la gloire.

    Vous êtes aujourd'hui marin. Est-ce une seconde vie ?

    J'ai basculé facilement d'un univers à l'autre. Pour les Français, je suis le champion olympique, mais sur les pontons, on me parle plus de la Coupe de l'America (NDLR : il était du défi français en 2007). Cette Route du rhum n'a pas marché, j'ai envie de repartir. Ce renoncement (NDLR : face aux conditions de mer compliquées), cette claque, me pousse à repartir. Cette fois, je serai prêt.

    « Rien n'est jamais écrit », Jean Galfione en collaboration avec Marc Ventouillac. Editions Arthaud. 21 euros.