L'Argentine raffole du Dakar

Buenos Aires (Argentine)

L'Argentine raffole du Dakar

    Les chevaux enfermés dans les box de la Rural, majestueux site de ferias situé dans le quartier de Palermo, doivent se demander d'où viennent ces bruits de moteurâ?¦ Depuis hier matin et jusqu'à ce soir, entre adieu à 2008 et bonjour à 2009, les vérifications techniques et administratives du Dakar Argentina-Chile se déroulent sous le regard étonné des équidés. Et celui plus admiratif de nombreux habitants de la région de Buenos Aires, venus débourser 10 pesos (un peu plus de 2 â?¬) pour toucher de leurs yeux les pur-sang du rallye, prêts à en découdre sur 9 578 km en quinze jours de course.

    Pour les équipages, c'est le traditionnel parcours du combattant avant de se voir délivrer l'autorisation définitive de quitter Buenos Aires dans la nuit de vendredi à samedi. Du stand médical à celui des assurances, du bureau GPS à la case hébergement, du préposé au téléphone satellitaire à celui du retour en avion vers l'Europe, il y a en pour tous les goûtsâ?¦ et quelques longues minutes de patience. Le temps pour un motard espagnol de tenter de lier connaissance avec une conductrice néerlandaise. Sans grand succès.

    « Des manifestations comme celle-là, c'est rare chez nous »

    Les autorités locales, elles, affichent un large sourire. En plein été austral, hier, sous un ciel gris, le thermomètre a tenu son petit 25 o C, les grands hôtels affichent complet jusqu'à la fin de la semaine. Au total, le ministère du Tourisme, qui a arrosé de cartes du parcours les grandes artères de la capitale argentine et anticipe déjà l'édition 2010, espère que la caravane Dakar traînera derrière elle chaque jour 25 000 spectateurs, dont 6 000 étrangers. « Des manifestations comme celle-là, c'est rare chez nous, sourit José Helgado, piloteâ?¦ de taxi, en passant devant la rampe de présentation de l'Obélisque, en haut de l'avenue du 9 de Julio, l'une des plus larges du monde. On sent toute la province mobilisée depuis des semaines. » Depuis le Mondial 1978 et la victoire de la bande à Passarella, l'Argentine n'avait plus accueilli d'événement sportif, culturel ou politique d'une telle ampleur. « La gestion de l'enthousiasme populaire a même été l'un des principaux soucis dans la préparation du rallye, explique Etienne Lavigne, le directeur de l'épreuve. Ici, les gens sont dingues de courses autos. A Cordoba (NDLR : la veille de l'arrivée), on nous annonce même des chiffres de 600 000 spectateurs ou plus ! Evidemment, cela change de l'Afrique, où les concurrents (NDLR : 531 au départ, dont 230 motards, 188 voitures, 30 quads et 83 camions) ne voient pas toujours du monde sur leur route. » Certains en ont même déjà perdu leur boussole. David Casteu, l'une des grosses cylindrées en moto, 2 e en 2007, a ainsi mis plus d'une heure pour tracer sa route jusqu'à la Rural avant de repartir réveillonner avec modération. Pour encaisser le décalage horaire et se caler sur les départs ultra-matinaux des étapes, la plupart des concurrents se lèvent en effet aux aurores depuis quelques jours. Les vraies agapes du Nouvel An attendront l'arrivée de la dernière spéciale, le 17 janvier.