Le boss, c'est Contador

La grande étape alpestre, enlevée par Frank Schleck avec la bénédiction d'Alberto Contador, a scellé une évidence. Sur ce Tour, l'Espagnol d'Astana n'en fait qu'à sa tête.

Le boss, c'est Contador

    La grande étape des Alpes a apporté son lot de sensations. Comme de bien entendu, Alberto Contador n'a montré aucune faiblesse dans la défense de son maillot jaune. Jour après jour, il fait de plus en plus figure de grand vainqueur. Derrière l'Espagnol, en revanche, ça bouge pas mal.

    Arrivés au Grand-Bornand en compagnie du Maillot jaune, les frères Andy et Frank Schleck (Saxo Bank) ont fait irruption sur le podium (2e et 3e), à la faveur d'une offensive dans le col de Romme. En outre, l'aîné Frank signe la victoire d'étape au Grand-Bornand. Chez Astana, il y a eu de la casse. Deuxième du général hier matin, Lance Armstrong a une nouvelle fois montré ses limites actuelles. Il rétrograde provisoirement à la 4e place, tandis que Klöden se retrouve 5e.

    Une attaque qui fait jaser. Quelque chose nous dit que, dans la quiétude de sa chambre d'hôtel, le Madrilène s'est réjoui à la lecture du classement hier soir. Autant Contador a passé une bonne journée, autant ses coéquipiers, Armstrong et Klöden, si peu « amicaux » avec lui depuis le départ, ont souffert et payé la note. Quand Alberto a accompagné l'offensive d'Andy Schleck, avec Klöden et Frank Schleck ce dernier avec un temps de retard à cinq kilomètres du sommet du col de Romme, Armstrong, impuissant, les a regardés s'éloigner définitivement.

    Distancé d'environ deux minutes au sommet, l'Américain limite la casse et termine avec 2'18'' de retard sur la ligne. Armstrong subit une vexation supplémentaire de la part de l'Espagnol, sans pouvoir mettre en cause la loyauté de ce dernier.

    En revanche, chez Astana, Contador n'a pas fini d'entendre parler de l'attaque qu'il a portée à 2 km du sommet du col de Colombière, fatale à Klöden. Même Bjarne Riis (Saxo Bank), dans le camp adverse, stigmatise cette initiative : « Contador a fait une très, très grosse erreur. Il n'avait pas besoin d'attaquer là. C'était un risque énorme. » En effet, l'Espagnol aurait pu perdre gros à se faire rosser par les Schleck. Mais tout réussit au Maillot jaune en ce moment. Accessoirement, il a repoussé à trois minutes Bradley Wiggins, considéré hier matin comme une menace en prévision du contre-la-montre d'aujourd'hui, avec seulement 1'46'' de retard.

    Les Schleck servis comme des rois. Evidemment, Andy et Frank n'ont pas la garantie de rester tous les deux sur le podium d'ici à Paris. Le chrono d'Annecy aujourd'hui notamment peut jeter une ombre au tableau. Mais avec 1'30'' sur son premier concurrent, Armstrong, Andy, lui, semble bien arrimé à la 2e place. « Ce matin (hier), j'avais demandé qu'on fasse comme si Contador n'était pas dans la course, qu'on roule pour lâcher tout le monde, a expliqué Riis. On est ici pour faire la course et faire le spectacle. Si ce n'est pas assez pour gagner, tant pis. Qu'on perde du temps ou non, on attaquera sur le Ventoux. Tant qu'on n'aura pas le maillot jaune, on essaiera. »

    Quand ils se sont retrouvés tous les deux face à Contador sur la fin de la Colombière, les Schleck n'ont pas jugé la situation favorable à une attaque. « Il est fort mais on verra comment il est dans le Ventoux », a souligné Andy. La guerre n'est-elle donc pas finie entre eux ?