Les Anglais défendent à l'italienne

Dans « Braquage à l'italienne », film mythique de 1969, Michael Caine réussissait à voler une cargaison d'or de 4 millions de dollars avec trois Mini Cooper. Aujourd'hui, c'est une victoire italienne sur un club anglais qui aurait l'air d'un hold-up. Car battre les Italiens est devenu une habitude pour les Britanniques qui affichent une réussite insolente face à eux. Lors des treize dernières confrontations entre représentants des deux pays en C 1, les Azzuri n'ont gagné qu'une fois* et inscrit quatre malheureux buts ! Une statistique édifiante pour la Juventus, l'AS Rome et l'Inter Milan qui affrontent respectivement Chelsea, Arsenal et Manchester United en huitièmes de finale de la Ligue des champions.

Propres et efficaces, les performances des Anglais en Ligue des champions ont une saveur de Serie A, s'appuyant sur des défenses imperméables : lors des huitièmes de finale aller, les clubs anglais n'ont pas encaissé de but.

Longtemps considérés comme les maîtres de la défense et du catenaccio, le cadenas, les Italiens ont été pris à leur propre jeu par les Anglais. « Nous avons fait de nombreux progrès dans ce secteur, explique l'Ecossais sir Alex Ferguson. Avant, on se contentait de travailler le jeu de tête. Aujourd'hui, le travail tactique est prépondérant. Cela rejaillit sur tout le reste du jeu qui est beaucoup plus construit. » La défense des Red Devils est d'ailleurs la meilleure d'Europe avec douze buts encaissés en vingt-six matchs de championnat.

Arsène Wenger a remis la défense des Gunners au centre de ses priorités. Résultat : Arsenal n'a pris que quatre buts lors de ses quatorze derniers matchs. Ces progrès sont à mettre au crédit des entraîneurs et des gardiens de buts étrangers. Les quatre membres du Big Four, Arsenal (Wenger, Almunia), Chelsea (Hiddink, Cech), Liverpool (Benitez, Reina), Manchester United (Ferguson, Van der Sar), ont tous des étrangers à ces postes comme à beaucoup d'autres positions défensives (Vidic, Evra, Clichy, Gallas, Carvalhoâ?¦). L'Espagnol Benitez s'est même directement inspiré des clubs italiens. Après son mariage en 1998, il a passé une semaine de lune de miel à Milanello pour observer l'entraînement de l'AC Milan !

« L'apport des techniciens du continent a été déterminant, reconnaît Martin Keown, ancien défenseur international anglais d'Arsenal. Nous avions beaucoup de retard dans les années 1990. Maintenant, sur la cohésion et l'organisation défensive, nous sommes en avance. »

* AS Rome - Chelsea 3-1, le 8 novembre dernier en phase de poule.