Parité, casse-tête des transports : la difficile équation des sessions nocturnes à Roland-Garros

L’an passé, les matchs en soirée avaient soulevé des polémiques liées au manque d’exposition des joueuses et aux difficultés des spectateurs pour rentrer chez eux. En 2023, les « night sessions » seront avancées d’une demi-heure.

L'an passé, Rafael Nadal était venu à bout de Novak Djokovic en quart de finale à 1h16 du matin. LP/Olivier Arandel
L'an passé, Rafael Nadal était venu à bout de Novak Djokovic en quart de finale à 1h16 du matin. LP/Olivier Arandel

    Ce vendredi 21 avril, dans le carré or qui surplombe la tribune présidentielle du court Philippe-Chatrier, Amélie Mauresmo a dressé les grandes lignes de l’édition 2023 de Roland-Garros, qu’elle veut placer sous le signe de l’émotion. Parmi les sujets évoqués, la night session. Ce match en soirée instauré en 2021 à l’instar de ce qui se pratique à l’Open d’Australie et à l’US Open et qui fait toujours beaucoup parler.

    L’an passé, les rencontres programmées à la tombée du jour avaient soulevé deux problématiques majeures : le manque de parité des affiches exposées en prime time et le peu de moyens de transport disponibles pour quitter le stade au beau milieu de la nuit. Avec, en point d’orgue, le quart de finale monstrueux entre Nadal et Djokovic et sa balle de match remportée par l’Espagnol à 1h16 du matin devant un public en transe qui a vite déchanté au moment de rentrer chez lui. Entre fin de service à la RATP, marche forcée et maigres taxis ayant souvent confondu passagers et pigeons…



    « Nous avons essayé de faire évoluer et de peaufiner ces sessions de soirée, explique la directrice du tournoi. Nous voulons répondre à la demande des joueurs et des spectateurs, car on sait que ce n’est pas évident d’avoir un transport si les matchs durent longtemps. » Les organisateurs ont donc décidé d’avancer d’une demi-heure le coup d’envoi de l’affiche programmée sur Amazon Prime. « Ça ne paraît pas beaucoup mais, en termes d’organisation, gagner 30 minutes c’est énorme », souffle Mauresmo.

    « Nous négocions avec des compagnies de taxis pour faciliter les choses »

    Un show interactif débutera à 20 heures pour affirmer le caractère festif de la night session. Le premier point, lui, sera joué à 20h30. Il faudra donc espérer que la rencontre, aussi exceptionnelle soit-elle, n’excède pas 3h30/3h45. Car les solutions ne seront encore pas légion. Le FFT a discuté avec la ville de Paris et tenté une approche avec la RATP mais s’est heurtée à une fin de non-recevoir.

    « C’est cuit, lâche Mauresmo. Ils ne peuvent pas modifier leurs horaires. Ça ne sera même pas possible pour les JO 2024 (métro, RER et bus ne circuleront pas la nuit). Nous sommes en train de négocier avec des compagnies de taxis pour faciliter les choses car nous avons bien conscience que cela n’a pas été parfait l’année dernière. »

    Reste la question d’une meilleure exposition du tableau féminin. Sur les dix matchs du soir de 2022, un seul concernait les femmes : le 2e tour entre la Française Alizé Cornet et l’ancienne lauréate Jelena Ostapenko avait réussi à se glisser au milieu des Nadal, Djokovic, Alcaraz, Rune ou Ruud.

    Où sont les femmes ? L’épineuse question risque de se poser à nouveau dans cinq semaines. « Ce serait une erreur de donner des quotas, justifie l’ancienne n°1 mondiale. À la base, les sessions sont mixtes, donc on a la possibilité de choisir. C’est difficile de se projeter avant le tirage au sort. Je ne m’interdis rien dans la programmation, c’est le tableau qui nous guidera dans la prise de décision. »

    Délicat, en effet, de proposer des duels trop déséquilibrés à des spectateurs ayant payé leur place pour un seul match sur le Central avec le risque de ne pas excéder une heure de jeu. Mais ce serait au moins la certitude de pouvoir repartir sans souci du XVIe arrondissement…