Retour de Florent Manaudou : «Je sais qu’il va être au top», se réjouit sa sœur Laure

La championne olympique du 400 m nage libre en 2004 est ravie du retour à la compétition de son grand «petit» frère. Elle ne doute pas de sa réussite.

 Laure Manaudou avait elle-même fait une pause dans sa carrière de nageuse entre 2009 et 2011.
Laure Manaudou avait elle-même fait une pause dans sa carrière de nageuse entre 2009 et 2011. AFP/Pascal Guyot

    Au bout du fil, la voix est enjouée. Laure Manaudou est heureuse de voir Florent reprendre le chemin des bassins dans l'optique des JO de Tokyo l'an prochain, comme il l'a annoncé dans l'Equipe. La jeune femme est déjà passée par là après avoir dit stop entre 2009 et 2011 et connaît les sentiments qui habitent son champion de frère, 28 ans.

    Avez-vous été surprise par le retour de Florent ?

    LAURE MANAUDOU. Non, mais je pensais que ce serait plus pour les JO de Paris. J'attendais sa décision plus tard. Mais si le corps et la tête ont envie, il ne faut surtout pas attendre. Si ça se trouve, en 2024, il aura envie d'autre chose. Il faut vraiment profiter de sa motivation du moment. Flo est prêt. On ne peut pas savoir combien de temps va durer sa carrière et c'est cool qu'il se lance un défi comme ça. Je suis contente !

    Quand l'avez-vous senti venir ?

    En décembre, quand on parlait de sa participation aux Interclubs (NDLR : avec le CN Marseille). Il me disait que techniquement il n'avait plus ce qu'il avait avant mais qu'il était beaucoup plus fort sur les jambes grâce à sa préparation au hand. Il nageait de façon plus puissante. Là, je me suis dit que c'était juste une histoire d'entraînement et de préparation. Après, je sais qu'il va être au top ! J'ai confiance.

    Vous en avez beaucoup parlé ensemble ?

    Entre nous, on ne parle vraiment pas de natation. Il a fait son chemin au hand et ça lui a permis de voir autre chose et de se rendre compte qu'on n'arrive à pas revivre les sensations qu'on éprouve dans les grandes compétitions. Faire un sport collectif, c'est différent de la natation. On partage des victoires ou des défaites, mais il n'y a pas ce millième quand tu touches le mur et que tu vois que tu as gagné. C'est hyper dur à retrouver dans la vie. Il sait aussi que le 50 m, c'est sa course et ça ne demande pas non plus beaucoup d'entraînement… Il m'a aussi parlé de sa structure (NDLR : il va se préparer dans un club privé en Turquie) et je trouve ça juste génial de voir que la natation évolue.

    Lui fallait-il absolument de la nouveauté pour son retour ?

    Le fait de reprendre avec James Gibson (NDLR : le coach britannique avec lequel il a décroché l'or aux JO de Londres en 2012) est une assurance pour lui. Il connaît Flo et peut s'adapter à sa vie. C'est lui qui décide et prend en main son retour, son planning. Il va se sentir plus responsable de ses résultats et ne va pas aller à l'entraînement à contrecœur. Il sait qu'il le fait pour lui. Et qu'il va y arriver.

    Vous êtes vous-même passée par la case « come-back » pour les Jeux de 2012. D'où vient ce besoin irrépressible de revenir ?

    Ce qui manque, en tout cas pour nous parce qu'on est pareils, ce n'est pas forcément les entraînements ! Ça, ça ne manque à personne. C'est le sentiment d'être en compétition, la préparation, la chambre d'appel, les stages… Que tu arrives à faire ton deuil ou pas, tu sais que tu ne pourras plus jamais retrouver ça. Pour un sportif de haut niveau qui a eu des titres olympiques, c'est difficile à admettre. On ne se dit jamais qu'on ne reviendra pas. Il suffit d'un micro-espoir pour que ça revienne. J'en discutais ce week-end avec mes parents et je leur disais que je comprends totalement. J'avance dans ma vie (NDLR : elle a aujourd'hui 32 ans), mais s'il avait existé un 50 m dos aux JO, j'aurais foncé aussi !

    View this post on Instagram

    Je lui ai tout appris 😁

    A post shared by Laure Manaudou (@lauremanaudouoff) on

    Est-ce plus facile sur 50 m nage libre (NL) ?

    (Sourire) Déjà, il n'a pas des séances de 8 km à faire et c'est un gros point positif sachant qu'il n'aime pas trop nager… Dans les courtes distances, il n'y a pas de problème d'âge. Il va avoir 29 ans. Quand tu vois des nanas de 41 ans sur des podiums olympiques au 50 m NL (NDLR : Dara Torres en 2008), la question ne se pose même pas. Quand tu es jeune, tu récupères plus vite et tu peux faire plus de compétitions. Mais la natation évolue au niveau préparation et franchement, même à 40 ans, il pourra faire un autre retour ! La courte distance lui permet de faire ce qu'il veut quand il veut.

    Le fait de ne pas être allé plus haut en hand a-t-il aussi pesé dans sa décision ?

    Oui. Au fond de lui il aurait eu envie de faire carrière, mais il s'est rendu compte que ce n'était pas possible. Il était arrivé à un niveau où il ne progressait peut-être plus, il se blessait souvent. Mais il avait besoin de cette parenthèse.

    Vous imaginez-vous déjà en train de commenter son titre olympique à Tokyo ?

    (Rire) Si on me le propose, oui ! En tout cas, je ne me vois pas ailleurs que là-bas. Rien que d'en parler, j'ai des frissons. Je serai là pour le soutenir. J'y pensais tout à l'heure. Je me disais que la dernière fois, c'était tellement génial. Tous les gens se souviennent de ce moment-là (NDLR : et de la photo où ils s'enlacent au bord du bassin) et j'aimerais bien qu'il y en ait d'autres.