Volvo Race : le tour du monde gagnant de Marie Riou

Quadruple championne du monde en voile olympique, la Bretonne a remporté la Volvo Ocean Race, avec Dongfeng, dimanche. Une première pour une femme.

 Entre Lisbonne (Portugal) et Cape Town (Afrique du Sud), le 8 novembre. Marie Riou (à droite) a bouclé son premier Tour du Monde.
Entre Lisbonne (Portugal) et Cape Town (Afrique du Sud), le 8 novembre. Marie Riou (à droite) a bouclé son premier Tour du Monde. Jeremie Lecaudey/Volvo Ocean Race

    Marie Riou n'a pas pu retenir ses larmes, ce week-end, à La Haye (Pays-Bas). « Remporter la Volvo Ocean Race, c'est complètement dingue, lâche la Bretonne, alors oui les larmes ont coulé. » D'autant qu'au terme des 9 mois de course et des 83 000 km avalés, la victoire s'est jouée à rien, à une option météo, à un coup de bluff, tenté in extremis, par le Team Dongfeng, le bateau à pavillon chinois drivé par les Français dont Charles Caudrelier, Pascal Bidégorry et Kevin Escoffier.

    Avec sa coéquipière Carolijn Brouwer, Marie Riou est devenue, à 36 ans, l'une des deux premières femmes à inscrire son nom au palmarès de la plus prestigieuse des courses à la voile. Une sacrée performance pour la jeune femme qui n'avait jamais pris part à une épreuve au large. Car son truc à elle, c'est la voile olympique. Quatre fois championne du monde en Nacra 17, Marie Riou était promise au titre olympique à Rio, en 2016, jusqu'à ce que la blessure au dos de son coéquipier, Billy Besson empêche le tandem de défendre ses chances. Là encore, les larmes ont coulé.

    « Moi qui ne suis pas très ordonnée, j’ai appris à ranger »

    Pour atténuer sa peine, la Bretonne a accepté la drôle de proposition de Charles Caudrelier de s'échapper pour un tour du monde. Neuf mois de course en 11 étapes, dont certaines ont duré plus de 20 jours, des heures et des heures à manœuvrer sur le pont, dans un univers essentiellement masculin.

    A Newport, aux Etats-Unis, la veille d'un départ d'étape, Marie nous avait fait visiter son chez-elle. Un monocoque de 20 m de long pour 10 personnes à bord, deux bouilloires pour se faire à manger et une couchette pour les quelques heures de sommeil. « Moi qui ne suis pas très ordonnée, j'ai appris à ranger, rit-elle. J'ai aussi appris à moins râler. »

    Marie éclate de rire, mais elle en a « bavé ». « J'ai vécu une expérience de dingue, j'avais imaginé que ce serait encore plus dur… Quoi que. » Elle marque une pause. « Les mers du sud ont été vraiment compliquées. C'était beau et flippant à la fois, cette lumière étrange qui te fait comprendre qu'il ne faut pas trop traîner dans le coin, ces images hallucinantes d'albatros. » Des creux de plusieurs mètres aussi, et une trouille qui, après la disparition en mer de John Fisher, le marin du team Sun Hung Kai, ne l'a pas vraiment quittée. « Bien sûr qu'on y pense, chaque jour même », racontait Marie à Newport.

    « Je suis heureuse, mais je n'y retournerai pas ! »

    Le passage du mythique cap Horn a marqué sa vie. « J'avais préparé l'iPad pour immortaliser ce moment, le plus fort de cette aventure. C'est une drôle de sensation d'arriver dans ce coin du monde, on quitte les mers du sud et on a l'impression de se rapprocher de la maison. » Sa Bretagne, Marie Riou la retrouve cette semaine, après 9 mois ou presque d'absence. Même si son compagnon l'a retrouvée à l'arrivée de pratiquement toutes les étapes, la jeune femme a eu très peu de contacts avec ses proches durant la course.

    « Je vais profiter d'eux, de mes amis et me reposer », souffle-t-elle. Pas très longtemps, car du côté de Quiberon (Morbihan), Billy Besson l'attend déjà pour préparer les Jeux de Tokyo. Ça n'était pas forcément prévu après Rio, mais le tandem s'est finalement reconstitué pour aller chercher cette médaille qui lui avait échappé au Brésil.

    Le Tour du monde, c'est en revanche terminé. « Quand on gagne, on voit les choses autrement, pendant quelques minutes on se dit pourquoi pas recommencer. Très vite, on comprend que c'était génial, mais vraiment compliqué. J'ai fait le tour du monde, je suis heureuse, mais je n'y retournerai pas ! »