Yann Eliès enfin parmi les siens

Yann Eliès enfin parmi les siens

    Il a enfin regagné sa Bretagne natale. Hier matin, c'est en avion que Yann Eliès et ses proches sont arrivés à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, en région parisienne, treize jours après l'accident qui aurait pu lui coûter la vie. La veille, il avait embarqué à Perth (Australie) en compagnie de sa famille, d'un médecin et d'une infirmière.

    Epuisé, allongé sur une civière, le skippeur de 34 ans a beaucoup dormi pendant ce long voyage du retour qui a fait escale à Singapour. Sitôt arrivé en France, il a pris un vol pour Lannion (Côtes-d'Armor), où l'attend une longue rééducation dans un centre spécialisé de la région. Le navigateur n'est pas du genre à s'apitoyer sur son sort. « Je suis passé du bon au mauvais côté du Vendée Globe en une fraction de seconde, expliquait-il sur le site de Generali, son partenaire. Dans mon malheur, j'ai quand même eu un peu de chance, je suis en vie et j'ai l'avenir devant moiâ?¦ »

    « Je vais devoir être patient »

    Le Breton n'a désormais qu'une hâte : « Poser mes fesses dans un fauteuil roulant pour me balader ! » C'est peu dire que le skippeur revient de loin. Le 18 décembre dernier, alors qu'il est 8 e au classement, à plus de 1 500 km des côtes australiennes, il se blesse grièvement lors d'une manoeuvre à l'avant de son bateau, à la cuisse notamment. Transpercé par la douleur, le navigateur vit alors les pires heures de son existence, contraint de ramper sur le pont en attendant les secours. Deux jours de très grande solitude au beau milieu de l'océan Indien avant qu'une frégate de la marine australienne ne le récupère Marc Guillemot, un concurrent dérouté spécialement, l'avait rejoint quelques heures après l'accident, sans toutefois pouvoir le secourir directement.

    Le diagnostic fait froid dans le dos : fracture du bassin, du fémur gauche et une vertèbre cervicale touchée.

    Sauf, Yann a donc pu finir l'année 2008 sur ses terres, avec sa femme Soizic et leurs deux enfants. Il va maintenant s'attacher à retrouver l'usage de sa jambe blessée et déjà opérée dans le centre de rééducation de Lannion. « Je m'engage dans une nouvelle compèt, plaisante-t-il.  D'après les médecins, je ne dois pas espérer retrouver mon état de forme avant six mois. Je vais devoir être patient. »

    Avant ce long travail de rééducation, six semaines d'immobilisation complète seront nécessaires pour qu'il puisse reposer le pied par terre. Quant à la douleur, le marin tente de l'apprivoiser comme il peut. « Certaines positions ne sont pas évidentes, explique-t-il, pudique. Il faut parfois m'assommer avec des antidouleur pour que ça passeâ?¦ » Quant à son avenir sportif, le miraculé ne s'interdit rien : « Je souhaite repartir vers de nouveaux projets. Ce retour en France coïncide pour moi avec le début de la reconstructionâ?¦ » S'il navigue à nouveau un jour, ce ne sera pas à bord de son monocoque « Generali », perdu en pleine mer et impossible à localiser.