Législatives : Gérard Sebaoun, le frondeur bosseur quitte l’hémicycle le cœur gros

Pour des « raisons strictement personnelles », le député PS de la 4e cironscription a décidé de ne pas briguer un second mandat. A regret.

 Paris, le 11 mai 2017. Gérard Sebaoun, député de la 4e circonscription du Val-d’Oise (Eaubonne, Ermont, Saint-Leu), dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Paris, le 11 mai 2017. Gérard Sebaoun, député de la 4e circonscription du Val-d’Oise (Eaubonne, Ermont, Saint-Leu), dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. LP/Marjorie Lenhardt

    Série : ces députés qui passent la main (2/5). Parce que le non-cumul des mandats les a obligés à choisir, ou pour des raisons personnelles, cinq des dix députés du Val-d'Oise passent la main.

    Gérard Sebaoun aura été un député frondeur dès le début. Cet ancien élu de Franconville a été en désaccord avec sa propre majorité dès l'arrivée de Manuel Valls au gouvernement en 2014. Il a en effet refusé de voter sa confiance au nouveau Premier ministre. Un statut difficile, mais qu'il a assumé jusqu'au bout, avec sérieux. C'est donc avec regret que le député sortant, âgé de 66 ans, quitte l'hémicycle en sachant qu'il ne se représentera pas pour des « raisons strictement personnelles » et non « politiques ». Même s'il l'avoue sans détour : « Ce mandat a été chaotique. » Mais il pense l'avoir rempli « honorablement ».

    Car pour lui, le mandat parlementaire « n'est pas un mandat local pour inaugurer les chrysanthèmes », mais pour voter des lois. Les inscrire dans le marbre. A lui, néophyte ayant ravi le siège à son concurrent LR Claude Bodin en 2012, les anciens lui avaient conseillé de « blinder » sa circonscription pour arriver à un deuxième mandat. Il ne les a pas écoutés. Ni sa majorité d'ailleurs, faisant la sourde oreille aux pressions et coups de téléphone insistants du dimanche soir pour qu'il vote dans tel sens.

    Son dernier mandat en chiffres

    « Quand on ne sait jamais qui seront nos successeurs, il vaut mieux faire attention à ce que l'on vote », souligne le parlementaire. C'est donc dans cette logique que dès le début, le député de la 4e circonscription (Eaubonne, Ermont, Saint-Leu) a refusé de voter l'état d'urgence avec cinq autres parlementaires. « J'étais pour mettre le pays en état d'urgence, mais il y avait un appendice auquel je ne voulais pas adhérer : la modification de la loi de 1955, loi prise en état de guerre (NDLR : la modification a renforcé les dispositions de cette loi, notamment sur les perquisitions et les assignations à résidence) », justifie-t-il.

    Une décision « lourde » à prendre, qui lui a valu de nombreuses insultes. Mais Gérard Sebaoun affirme l'avoir prise « en conscience », sans se laisser envahir par la « vague d'émotion ». « J'ai eu une expérience douloureuse à la suite de ce vote : un ancien patient m'a écrit une lettre m'expliquant que sa petite fille avait été blessée dans l'attentat du Bataclan et qu'il ne comprenait pas mon choix. Cela m'a beaucoup bouleversé », confie ce médecin du travail dans la vie civile.

    Le député n'a eu de cesse de vouloir démontrer que l'Assemblée nationale n'était pas qu'une simple « salle d'enregistrement ». Il a également travaillé, en tant que président de groupe, sur l'épuisement au travail. Un dossier compliqué, « qui a créé beaucoup de polémiques » et dont le rapport a finalement été rendu en février dernier.

    Gérard Sebaoun garde en revanche de bons souvenirs, notamment avec la loi Santé. En tant que membre de la commission des affaires sociales, il a longuement planché dessus. « J'étais pour le paquet de cigarettes neutre. On a reçu tous les lobbies du tabac. C'est quand même passé, malgré un âpre combat parlementaire », se réjouit-il.

    Entré en politique à 44 ans, il gardera un souvenir ému de l'Assemblée où il aurait bien brigué encore d'autres mandats : « Ici, c'est une vie de privilégiés, on comprend pourquoi les gens s'installent durablement. Mais quand on travaille, on comprend pourquoi les combats sont utiles et pourquoi on défend un amendement. Ce n'est pas juste une ligne », conclut-il.

    De retour dans sa circonscription, il prendra du recul par rapport aux élections législatives qu'il juge difficiles à remporter par le Parti socialiste, et se consacrera à sa profession.

    Gérard Sebaoun, député de la 4e circonscription du Val-d'Oise, dans son bureau à l'Assemblée Nationale. LP/Marjorie Lenhardt