Jouy-le-Moutier : « je n’ai rien à voir dans cette histoire »

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Illustration (LP/Olivier Boitet)

    « Je suis vraiment désolé. » Face à sa mère, Sylvain K. s'excuse d'être incarcéré mais pas d'avoir ouvert le feu, ce qu'il conteste toujours. Il risque trente ans de réclusion criminelle devant la cour d'assises du Val-d'Oise pour avoir tiré sur deux jeunes à Jouy-le-Moutier, le 16 juillet 2013. Son procès s'est ouvert ce mercredi. « J'espère que la vérité va éclater, explique-t-il. Je suis depuis en prison. Je n'ai rien à voir dans cette histoire… »

    Aujourd'hui âgé de 23 ans, ce jeune comparaît pour tentative de meurtre et violence avec arme après les faits qui se sont produits dans la plaine des Bourseaux. Vers 19 h 30, ce soir-là, Amara et Mamadou, qui étaient ses copains de quartier, y marchent lorsqu'ils sont hélés. Ils ont à peine le temps de se retourner : le tireur ouvre le feu avec son fusil à pompe, à 10 m de distance. Amara reçoit une décharge de grenaille dans le visage. Il tombe au sol, ensanglanté. Il ressent une brûlure aux yeux et ne voit plus rien. Il perd sur le champ son œil droit. Sa vision de l'œil gauche est aujourd'hui très réduite. Mamadou est lui légèrement touché à l'épaule par les projectiles.

    La scène se déroule devant un groupe d'amis assis dans l'herbe. L'un d'eux a témoigné ce mercredi, évoquant « la silhouette un peu familière » du tireur qui s'en va. « Je ne peux pas vraiment vous dire que c'est lui », ajoute-t-il à la barre, se limitant à dire qu'elle correspond à « l'un des frères K. » Lors de l'instruction, il avait été plus clair, désignant celui qu'il ne connaissait que par son surnom « KX ».

    « Ce n'est pas mon surnom ! » assure l'accusé à l'audience. « Plusieurs personnes l'attestent », rétorque la présidente qui a également relu la déposition du père de Sylvain K., récemment décédé. Il évoque l'agression de son fils par les deux jeunes (ce qu'ils contestent), son fils qui monte dans sa chambre et redescend avec une arme et sort, puis la détonation. « Sylvain est revenu à la maison avec son arme. C'est la première fois que je la voyais. » confie-t-il aux gendarmes. « Il a confondu sans doute avec le balai » tente l'accusé qui assure être parti après l'agression et pour qui son père était « confus ». « Les charges ne sont pas considérables dans ce dossier », assure son avocat, Me Gil Madec, qui prévoit de plaider l'acquittement.

    Au cours de la matinée, la cour s'est penchée sur l'itinéraire d'un jeune qui, depuis l'âge de 11 ans, a multiplié les rendez-vous avec la justice et séjours en prison. Il sortait d'une détention puis d'un placement extérieur au moment des faits. Deux de ses frères ont également été incarcérés. Vincent est aujourd'hui gravement malade sur le plan psychiatrique, Benjamin a été condamné à 5 ans pour un dossier qui a marqué toute une famille. Celle-ci vit depuis dans le déni de ce qui s'était déroulé à la Verrière (Yvelines), en octobre 2010. Dans un contexte religieux et évangéliste, une dizaine de personnes, dont des membres de cette famille, s'étaient collectivement défenestrées du 2étage après qu'un beau-frère a été pris pour le Diable. Il a reçu des coups de couteau, donnés par Benjamin, puis une terreur collective s'est emparée des 13 occupants. Parmi eux, une mère avec son bébé de 4 mois, qui devait décéder. « Je préfère ne pas en parler » confie l'accusé, qui n'était pas présent le jour de ce drame.