Champigny : les femmes des Mordacs veulent reconquérir le terrain

 Champigny, ce samedi soir. Des femmes du quartier des Mordacs ont mené des « marches exploratoires », pour une meilleure répartition des espaces publics entre les hommes et les femmes.
Champigny, ce samedi soir. Des femmes du quartier des Mordacs ont mené des « marches exploratoires », pour une meilleure répartition des espaces publics entre les hommes et les femmes. LP/C.P.

    L'une après l'autre, elles prennent la parole, pour lire le texte qu'elles ont soigneusement préparé. Dans la salle, à peine vingt personnes sont venues les écouter, mais c'est déjà trop pour qu'elles puissent se sentir parfaitement à l'aise. Elles n'ont pas pour habitude d'être dans la lumière. Durant près d'un an, sur initiative de la mairie, quinze femmes issues des Mordacs à Champigny, ont sillonné leur quartier pour identifier « les éléments qui freinent » leur liberté de circuler « où elles veulent et quand elles le veulent », ainsi que les aménagements urbains qui ne sont pas fonctionnels. Ce samedi, elles ont présenté devant quelques riverains venus s'informer, le résultat de leur « marche exploratoire ».

    Dans le quartier, « on ne voit pas beaucoup de jeunes filles. Mais c'est parce qu'on leur dit de ne pas trop sortir. » LP.

    Importées du Québec, ces marches menées par des femmes, ont pour objectif de dresser un diagnostic du déséquilibre de l'appropriation de l'espace public entre les sexes. Et celui des Mordacs n'est visiblement pas très bon. « L'espace public n'est pas mixte, note l'une des marcheuses ». « C'est vrai qu'on ne voit pas beaucoup de jeunes filles dans le quartier », confirme une habitante. « Oui répond une mère de famille, mais je reconnais qu'on leur dit de ne pas trop sortir aussi ». Plus qu'une question de danger, c'est avant tout un cercle vicieux qui s'élargit de génération en génération. « Par exemple il y a un bar exclusivement fréquenté par des hommes, explique Naima du collectif des marcheuses. Mais ce n'est pas parce que le patron est contre le fait qu'il y ait des femmes. C'est juste qu'elles ont pris l'habitude de ne pas y aller. Et comme elles n'y vont pas, d'autres femmes n'y vont pas non plus ». Pour remédier à ce problème les femmes envisagent d'organiser des « salons de thé hors les murs », dans le parc qui sépare les barres d'immeubles et qui est perpétuellement « squatté par les jeunes ». Le 29 mars, les habitants du quartier pourront avoir une vue d'ensemble sur le quartier, en participant à la visite d'un appartement inhabité dans un immeuble du Clos des Mordacs. Une marche familiale est également prévue le 14 mai à 10 heures Les hommes sont toujours conviés. Samedi soir, ils étaient deux.