Chennevières : le Bois-l’Abbé se serre les coudes et se fait entendre

Chennevières, vendredi 10 juin. De nombreux habitants du Bois-l’Abbé ont rejoint l’amicale Clément-Ader pour interpeller leur bailleur et la mairie sur les problèmes qui touchent leurs logements, notamment des stores bloqués depuis des mois.
Chennevières, vendredi 10 juin. De nombreux habitants du Bois-l’Abbé ont rejoint l’amicale Clément-Ader pour interpeller leur bailleur et la mairie sur les problèmes qui touchent leurs logements, notamment des stores bloqués depuis des mois. (LP/A.A.)

    Le doigt pointé vers le mur de sa salle de bains, Niara montre les dégâts provoqués par les fuites d'eau. A Chennevières, dans le quartier du Bois-l'Abbé, cette femme de ménage est loin d'être la seule à se plaindre de l'état de l'immeuble dans lequel elle vit. Outre ces problèmes d'étanchéité, les habitants citent pêle-mêle les stores bloqués alors que l'été a débuté, l'ascenseur en panne durant quatre mois, les ordures non ramassées, les problèmes de ventilation ou encore l'absence d'extincteurs dans les halls. « Si un incendie se déclare, on est foutu », confie l'un d'eux. Autant dire que la récente « hausse insupportable » des charges a eu du mal à passer.

    Pour se faire entendre, les locataires ont constitué l'amicale Clément-Ader. « Plus de 400 habitants de Chennevières et de Champigny sont adhérents, assure Nora, sa présidente. L'amicale a été fondée en février 2015 parce qu'il y avait de plus en plus de réclamations. » Une pétition signée par plus d'une centaine d'habitants de la rue Clément-Ader est envoyée ce lundi au bailleur I3F.

    Niara montre les dégâts provoqués par les fuites d'eau dans sa salle de bains. (LP/A.A.)

    Dans un quartier où de nombreux habitants disent leur sentiment d'abandon, l'amicale se félicite d'avoir crée du lien social. « Des adolescentes bénévoles aident les plus petits à faire leurs devoirs, nous avons emmené des enfants au Parc Astérix, énumère Nora. Il y a du trafic de drogue dans le quartier et nous ne voulons plus que des enfants qui traînent soient payés 100 € pour faire le guet. »

    Le maire critique envers le bailleur social

    Sur ce problème, I3F annonce des travaux de sécurisation des accès au quartier à la rentrée prochaine, en même temps que la création d'un jardin partagé. Pour les travaux de réhabilitation, il faudra donc attendre. « Nous avons installé de nouvelles portes dans tous les halls en novembre 2015 pour renforcer la sécurité des immeubles, rappelle le bailleur. Notre priorité reste la réhabilitation des logements. Dans le cadre de l'Anru 2 (NDLR : un programme de renouvellement urbain de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine), nous allons construire un projet en concertation avec l'amicale. » Quant au montant des charges dénoncé par les habitants, I3F confirme une augmentation de 0,4 % au 1er janvier… et annonce une « bonne nouvelle » : les locataires seront remboursés ce mois-ci entre 150 et 250 € au titre de la régularisation des charges de 2015.

    Outre le bailleur, la municipalité de Chennevières est aussi dans le viseur de l'amicale. « Comme peu d'habitants votent, nous ne sommes pas prioritaires pour la mairie », critique l'un d'eux. « Le Bois-l'Abbé est paradoxalement le quartier où la Ville affecte le plus de moyens humains et financiers », assure pourtant le maire (MoDem) Jean-Pierre Barnaud, qui cite en exemple l'école municipale de football lancée en 2014. Et l'édile d'emboîter le pas de ses administrés. « Les bailleurs sociaux attendent les aides de l'Anru pour entretenir les immeubles alors que c'est de leur devoir, regrette-t-il. C'est préoccupant de voir ce peu de considération pour les habitants. »