Yerres : des chanceux vont pouvoir vivre dans le château millénaire rénové
Les grands travaux au château de Budé démarrent début février. Quatorze appartements doivent être aménagés dans les bâtiments ancestraux du château, récemment rachetés par une riche propriétaire.
La lourde porte en bois du château de Budé, à Yerres, mène à une petite cour pavée, surmontée d'une magnifique voûte en forme d'ogive datant du XIe siècle. C'est sous cette arche de pierres qu'entreront les futurs locataires du château, fin 2019, pour rejoindre l'unique famille qui vit encore dans ces murs multicentenaires.
D'ici là, des travaux d'envergure vont démarrer début février pour rénover du sol au plafond les 1 000 m2 des vieux bâtiments du château, transformés en quatorze appartements flambant neufs. Ce chantier, chiffré à environ 2 M€, a été rendu possible suite au rachat du château par une riche propriétaire.
Un château usé par le temps
Si un locataire effectuait une visite du château aujourd'hui, il aurait à coup sûr beaucoup de mal à se projeter ! Dans le grand logis du 16e au rez-de-chaussée, mais aussi dans les étages, le défi semble immense. Les fissures lézardent les murs et les façades, les poutres de bois ont été grignotées par le temps, les grandes fenêtres hors d'âge feraient frissonner quiconque pense à sa facture énergétique. « Le château est une vieille dame ! » sourit Patrice Girard l'architecte du projet de restauration. « Mais il n'y a aucun problème structurel majeur », assure le professionnel du cabinet Lagneau Architectes.
Dans moins d'un an, tous ces espaces seront refaits à neuf, avec des appartements disposant de tout le confort moderne, tout en conservant les vieilles pierres. « Nous avons vu qu'il y avait des grandes possibilités d'aménagement, avec de l'espace, une belle hauteur sous plafond. Tous les logements seront traversants, avec une vue sur le parc. La spécificité du château, c'est que les appartements ne seront pas carrés ou tout droits, mais avec des petites niches à droite et à gauche », poursuit Patrice Girard.
Exemple le plus marquant, le châtelet d'entrée à l'étage, flanqué de deux tours de défense, où seront aménagées les deux chambres dans un espace circulaire très atypique.
Des éléments patrimoniaux à préserver
L'enjeu central du chantier est de rénover des espaces très dégradés, « tout en préservant les éléments patrimoniaux », révèle Patrice Girard. Dans l'un des futurs studios, une vieille cheminée côtoie un petit lavabo de pierre. « Nous allons les conserver », ajoute l'architecte. Et les tomettes au sol très usées, dont certaines sont cassées ? « On va en garder un maximum, les nettoyer et les réutiliser. »
Autre trésor, un intrigant escalier en plâtre en colimaçon vieux de 400 ans, qui desservira les appartements. « Il est resté dans son jus, nous allons lui ajouter une rambarde en fer. » Les espagnolettes du XVIIIe siècle, ces longues tiges à poignée servant à ouvrir les fenêtres, ont été retirées pour être réimplantées sur les nouvelles fenêtres « afin d'ajouter du cachet », justifie Patrice Girard.
Une quarantaine d'entreprises participeront à ce chantier colossal. Le représentant de la propriétaire l'assure : les locataires pourront poser leurs valises d'ici la fin de l'année ! Reste à savoir qui seront les heureux élus. L'ancienne gardienne des lieux, Michèle Hamelin, « louait ces appartements en priorité à des professeurs de lettres, latin et grec, dans la tradition de Guillaume de Budé qui était l'un des plus grands érudits hellénistes de son époque », rappelle le représentant de la nouvelle propriétaire. Il livre à ce sujet une anecdote amusante. « Nous avons retrouvé dans les placards plein de livres anciens et d'ouvrage littéraires ! »