La pénurie de médecins gagne les Yvelines

La pénurie de médecins gagne les Yvelines

    Dans les Yvelines, l'effet papy-boom se fait déjà cruellement sentir. Seule la moitié des communes ont au moins un médecin. Et dans 26 % de ces villes, le médecin est âgé de plus de 55 ans. Les zones rurales et l'est du département sont particulièrement dépourvus. La commune de Crespières a mis plusieurs mois à trouver un successeur à son unique médecin de ville. A Verneuil-sur-Seine, dans un même cabinet médical, trois médecins qui s'apprêtent à prendre leur retraite ont toutes les peines du monde à trouver des successeurs. Enfin, dans les communes a priori bien loties, il n'est pas rare que les praticiens refusent de nouveaux patients. Plus généralement, d'ici à 2030, l'Ile-de-France comptera 20 % de médecins en moins. Pour faire face à cette pénurie de professionnels de santé, le conseil de l'ordre des médecins des Yvelines et l'union régionale des médecins libéraux (URML) organisent aujourd'hui une Journée de l'installation. Une première en France.

    Un changement des mentalités

    Il s'agit de faire se rencontrer de jeunes médecins désireux de s'installer en libéral et d'autres qui veulent partir à la retraite. « Notre objectif est de faciliter l'approche du monde libéral aux jeunes. Beaucoup d'entre eux en ont peur et n'en voient que les mauvais côtés », explique Frédéric Prudhomme, président du conseil départemental des Yvelines de l'ordre des médecins. En juin déjà, cet organisme et l'URML avaient lancé un site Internet, Soigner en Ile-de-France, sorte de vade-mecum pour faciliter les installations.

    Pourtant, la tâche s'annonce difficile face au peu d'enthousiasme des jeunes à s'engager dans ce secteur. « Aujourd'hui, moins de 10 % des jeunes diplômés s'installent dans le monde libéral. Les raisons sont multiples : rémunération insuffisante, horaires délirants, pas de protection juridique, explique Frédéric Prudhomme. Et puis, les mentalités ont changé. Les 35 heures sont passées par-là. Pour beaucoup de jeunes, il n'est plus question de faire les journées que faisaient leurs aînés. Autre phénomène, la profession se féminise. Ces dernières années, 70 % des étudiants qui sortaient de la fac étaient des femmes. » Pourtant, l'installation de jeunes médecins est vitale pour le monde libéral.

    « D'ici quinze ans, les 17 000 médecins libéraux en Ile-de-France de plus de 50 ans seront à la retraite, soit 70 % de la profession actuellement. Dans les Yvelines, 39 % des praticiens, âgés actuellement de plus de 55 ans, seront amenés à prendre leur retraite en 2020, poursuit le professionnel de santé. S'il n'y a pas de mesures fortes pour attirer vers la médecine libérale, on va arriver à la mort de ce secteur. »