Mantes-la-Jolie : à la chasse aux sangliers à l’orée du Val-Fourré

L’objectif est de tenter de juguler la multiplication des animaux dans ce secteur urbain.

 Mantes-la-Jolie, mardi matin. L’opération est réalisée dans des conditions de sécurité maximales et chaque parcelle de forêt est quadrillée.
Mantes-la-Jolie, mardi matin. L’opération est réalisée dans des conditions de sécurité maximales et chaque parcelle de forêt est quadrillée. LP/Mehdi Gherdane

    Un bruit diffus dans les fourrés, des branches qui craquent. Et soudain « une belle bête de 80 kg », qui traverse le chemin sous nos yeux en une fraction de seconde. Un tireur dégaine mais le sanglier a eu le temps d'échapper aux balles des chasseurs. Nous ne sommes pas au cœur de la Sologne mais à Mantes-la-Jolie, à deux pas de la cité du Val-Fourré.

    Ce mardi matin, une centaine de chasseurs et de rabatteurs ont été mobilisés pour tenter, à la demande de la mairie, d'éliminer l'importante population de sangliers qui a élu domicile dans une immense friche, composée de forêts et de plans d'eau.

    « Nous ne sommes pas là pour réguler mais pour détruire »

    Une intervention réglée au cordeau, comme une opération militaire : la zone de 118 ha est bordée par l'ex-N13, un bassin nautique et une cité dense de 20 000 habitants. « Nous comptons 74 personnes postées, 30 rabatteurs et 102 chiens, détaille Didier Rault, président des louvetiers. Nous n'avons sélectionné que des personnes expérimentées, habituées à tirer du sanglier et qui savent laisser passer une bête au besoin. »

    Ce spécialiste le dit sans détour : « Aujourd'hui, ce n'est pas une partie de chasse. Nous ne sommes pas là pour réguler mais pour détruire. » Des propos forts, à la hauteur de l'enjeu environnemental.

    Trente-huit bêtes tuées

    Depuis plusieurs années, le sanglier est devenu une menace dans les zones périurbaines où l'animal se réfugie dans les secteurs interdits à la chasse. Les « laies meneuses », véritables cheffes de meute, y élisent domicile et fixent les populations à raison de trois portées tous les deux ans. Sans prédateur pour freiner son expansion, l'animal se multiplie à une vitesse folle. Il y a deux ans, une opération similaire réalisée sur le même site avait permis de tuer 41 cochons sauvages. Ils ont été 38 ce mardi.

    LP/Mehdi Gherdane
    LP/Mehdi Gherdane LP/Mehdi Gherdane

    Les conséquences de cette surpopulation se mesurent en termes de sécurité publique : « Les collisions sur la D 113 sont fréquentes, rapporte Pascal Collin, chef de la police de l'environnement de Mantes-la-Jolie. Nous comptons au moins un accident par semaine. »

    Certains parkings sont littéralement labourés par les suidés et les chasseurs ne peuvent plus supporter les coûts engendrés par les dégâts dans les cultures proches. Le sanglier nage, traverse la Seine pour se nourrir, et rentre se réfugier dans son sanctuaire protégé.

    « Jeter son pain ou de la nourriture au pied des tours les attire »

    L'animal fait peur, aussi, et de nombreux habitants du Val-Fourré en ont croisé cet été au pied de leur immeuble. « J'en ai aperçu avec des marcassins un matin en allant travailler. Ils se laissaient approcher sans crainte », se souvient un habitant du quartier. Certains riverains alimentent sans le savoir le phénomène : « Jeter son pain ou de la nourriture au pied des tours les attire. Il faut absolument éviter d'y recourir », insiste Pascal Collin.

    Enfin, ce gibier peut se révéler agressif s'il est surpris ou s'il se sent coincé. Il peut alors se retourner contre un chien ou un humain. Ce mardi matin, trois chiens ont été blessés et « ouverts » sur 40 cm par un sanglier de 160 kg, qui a été abattu.

    DES ANIMAUX DE PLUS EN PLUS LOURDS

    Le sujet semble léger et pourtant, il préoccupe les services de l'Etat. La prolifération des sangliers est surveillée de près par la direction départementale des territoires. « Elle pose un souci en termes de sécurité routière, confie Isabelle Derville, la directrice de la DDT. Nous avons enregistré trois accidents mortels en cinq ans directement imputables aux sangliers. D'autre part, les animaux peuvent se montrer agressifs contre l'homme. »

    Une préoccupation d'autant plus prégnante que le poids moyen des bêtes tuées ne cesse de croître. « Non seulement la population croit de manière exponentielle, avec jusqu'à quinze marcassins par an par femelle, mais en plus les sangliers sont de plus en plus lourds. Et quand une voiture heurte un animal de 150 kg, les conséquences sont évidemment plus graves. »