Dossier

L’art de la dégustation du vin

01 avril 2022
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La dégustation de vin est une expérience sensorielle complexe dans laquelle collaborent l'œil, le nez et les papilles. Suivez le guide pour en apprécier toutes les subtilités.

La robe, le nez et la bouche

Aspect, nez et bouche

Le vin ne se déguste pas uniquement avec la bouche. Nous avons plusieurs sens et vous les utilisez tous ou presque pour décrire le vin en détail :

  • L'œil vous renseigne sur l'aspect général du vin ;
  • Le nez vous aide à en déterminer les arômes ;
  • La langue et les muqueuses de la bouche sont des sens tactiles très sensibles, importants pour la sensation en bouche et la texture du vin ;
  • La langue perçoit également différents goûts : sucré, acide, salé, amer et umami (le côté savoureux).

Une dégustation se fait en trois étapes : d'abord l'étape visuelle (la vue), puis l'étape olfactive (le nez) et enfin l'étape gustative (la bouche). Ensemble, ils forment la recherche dite « organoleptique ».

Tout le monde n'a pas les mêmes capacités olfactives et gustatives, mais c'est plus une question de pratique que de talent. Comme le dit le proverbe, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Mais c'est précisément ce que vous devez faire lorsque vous dégustez du vin.

 
Vue d'ensemble

Limpidité et brillance

Dirigez le verre vers une source de lumière et regardez à travers le vin. Le vin est-il limpide, brillant, brumeux ou trouble ? 

La limpidité est souvent liée au degré de filtration d'un vin ou à l'âge du vin (par exemple, la formation de dépôts dans les vins plus anciens). Un vin qui n'est pas limpide n'est pas nécessairement mauvais. Peut-être était-il simplement moins intense ou n'était-il pas filtré pour préserver plus d'arômes et de saveurs.

La brillance fait souvent référence à l'acidité et à l'origine : les vins issus de climats frais ont plus d'acidité et de brillance, les vins issus de climats chauds (moins d'acidité) sont un peu plus mats.

Robe

Tenez le verre en biais au-dessus d'une surface blanche (par exemple, une nappe, une serviette ou un sous-main). L'intensité de la robe (légère, modérée, intense) dépend, entre autres, du cépage, du terroir (le milieu naturel dans lequel poussent les raisins), de la maturité des raisins et de la concentration du vin.

Lorsqu'un vin vieillit, la teinte ou la nuance de sa robe évolue. Les vins blancs jeunes gagnent en couleur en vieillissant. Avec les vins rouges, l'effet est tout à fait inverse. L'évolution de la robe (c'est-à-dire le brunissement) est mieux visible sur le bord du verre. La largeur de la surface liquide peut également être liée à la concentration des couleurs.

Le tableau ci-dessous résume certaines des couleurs, des jeunes et des moins jeunes.

BLANC  ROSÉ  ROUGE
 blanc-jaune/incolore  rouge rose   rouge pourpre
 jaune verdâtre  rose pâle  rouge cerise
 jaune paille  rose saumon  rouge rubis
 oder  rose orangé  rouge grenat
 ambre  pelure d'oignon  brun-rouge
 brun  brun  brun

  

  • Blanc : plus le vin est jeune et moins il a maturé, plus il a tendance à être pâle. L'élevage en fûts de bois ou le vieillissement en bouteille assombrit progressivement le vin. Les vins doux, y compris les jeunes, sont plus foncés que les vins secs.
  • Rosé : la teinte dépend principalement de la méthode de vinification et va du rose saumoné clair au rouge clair. Les nuances brunes sont généralement une indication que le vin n'est plus trop frais.
  • Rouge : la couleur varie en fonction de l'origine, du cépage et de l'âge du vin. Les vins primeurs et les vins jeunes ont généralement une couleur rouge violacée, tandis que les vins plus âgés présentent des teintes plus orangées et brunes. Pensez rouge orangé, rouge brun, rouge brique, rouge tuile,...

Les vins des climats frais ont tendance à avoir une teinte verdâtre, tandis que les vins des climats chauds ont tendance à évoluer en couleur plus rapidement. Les mêmes différences existent également entre les différents cépages (par exemple, un cabernet sauvignon est généralement beaucoup plus intense qu'un pinot noir).

Viscosité

Tenez le verre à vin par la tige ou le pied et laissez le vin « rouler » dans le verre en le faisant légèrement tournoyer. Le vin se colle donc au verre et glisse le long de la paroi, formant des larmes. Celles-ci peuvent être fines, moyennes ou épaisses et font référence à la teneur en glycérol et/ou en sucre du vin.

Le glycérol est un sous-produit de la fermentation alcoolique. Donc plus il y a d'alcool, plus les larmes sont épaisses. Il en va de même pour la teneur en sucre du vin. Plus il y a de sucre résiduel, plus les larmes sont épaisses (pensez au sirop). Les larmes colorées indiquent une forte concentration de couleur.

Dépôts

Le vin contient parfois des composants solides qui se déposent au fond du verre, comme l'acide tartrique (fins cristaux blancs, principalement dans les vins blancs) ou des dépôts (dans les vieux vins rouges).

De plus en plus de vignerons choisissent de ne pas filtrer et de préserver ainsi un maximum de propriétés gustatives et d'arômes. Dans ce cas, le vin peut être légèrement trouble et présenter quelques dépôts. Ce n'est peut-être pas très joli, mais cela n'a pas d'impact négatif sur le vin lui-même. Tout au plus, il donne une sensation un peu granuleuse sur la langue.

Pétillance

La pétillance doit pas être confondu avec le gaz résiduel. Le gaz résiduel est une petite quantité de CO2 qui reste dans le vin après la fermentation. Les fines bulles collent au verre et disparaissent généralement immédiatement après avoir tournoyé dans le verre.

Dans les vins mousseux, par contre, on parle de perlage (par exemple, bulles grossières ou fines, le perlage dure-t-il longtemps, les bulles forment-elles une petite couronne à la surface, les bulles montent-elles constamment ou tourbillonnent-elles, etc.) Ces aspects sont liés à la durée de maturation du vin mousseux. Un vin mousseux vieilli plus longtemps possède de fines bulles persistantes, montant constamment et formant une couronne régulière.

 
Nez

On peut distinguer les arômes primaires, secondaires et tertiaires dans le vin. Ils constituent ce que l'on appelle le « nez » du vin et peuvent en dire long sur le cépage, la vinification et/ou l'âge du vin.

Arômes primaires

Inclinez légèrement votre verre pour augmenter la surface du vin et faites glisser le bord du verre sous votre nez. Dans cette phase « tranquille », vous pouvez sentir les arômes primaires.

Vous pouvez sentir :

  • des arômes floraux (par exemple, rose, géranium, violette) ;
  • des arômes fruités (par exemple, cerise, framboise, abricot, banane) ;
  • des arômes végétaux (par exemple, mousse, fougères, herbe fraîchement coupée) ;
  • des arômes minéraux (par exemple, chaux, argile).

Ces arômes primaires sont fugaces et en disent long sur les cépages, leur maturité et le sol. Ils sont plus dominants dans les vins jeunes.

Arômes secondaires

Laissez le vin rouler dans le verre. Dans cette phase « mobile », les arômes secondaires se libèrent. Ils nous renseignent sur les techniques de fermentation et les processus de maturation que le vin a déjà subis, mais aussi sur ses possibilités futures.

Vous pouvez sentir :

  • des arômes plus légers : fruits frais et herbes ;
  • des arômes plus lourds : fruits cuits et secs.

Éventuellement complétés par :

  • des arômes grillés ou torréfiés : cacao, pain grillé (toast), café, tabac, caramel, ...
  • des arômes de bois : bois neuf, résine, eucalyptus, fumée, ...
  • des arômes animaliers : renard, musc, gibier, ...
  • des épices : vanille, cannelle, poivre, muscade, clou de girofle, ...
  • dans le pire des cas, des arômes chimiques : liège, soufre, œufs pourris, vinaigre, ...

Ces arômes sont également les plus évidents dans les vins jeunes.

Arômes tertiaires

Ce n'est qu'après un certain temps ou après avoir tournoyé de manière intensive dans le verre que les arômes tertiaires se libèrent. Ils sont formés par des processus chimiques au cours de la fermentation malolactique et du vieillissement du vin en barrique et en bouteille. Ils sont plus subtils et complexes que les arômes primaires et secondaires.

Dans cette catégorie également, on trouve des arômes rappelant les fruits, les fleurs, les herbes, les épices, le bois, ... Mais aussi des arômes animaliers, terreux, tabac, cuir, beurre, réglisse, etc. On parle d'un nez « évolué » lorsque dominent des arômes qui indiquent un vin plus ancien. Lorsque les arômes tertiaires commencent à dominer dans un vin, on ne parle plus du nez du vin, mais du « bouquet ».

Quantité et qualité

La quantité indique l'intensité des arômes. Le nez d'un vin peut être fermé lorsque pratiquement aucun arôme ne se libère. Ou bien il peut être très expressif lorsque les arômes se répandent dans le verre. Vous pouvez décrire la quantité du nez comme étant fermée, discrète, développée, généreuse ou expressive.

La qualité est plus subjective, car vous déterminez vous-même ce que vous considérez comme un nez agréable ou plaisant. Plus le vin est jeune et moins il contient de cépages, plus la composition aromatique est simple.

Avec le vieillissement du vin, de nouveaux arômes se développent constamment : le vin gagne en complexité et devient plus difficile à identifier. En général, la richesse et la complexité des arômes sont perçues comme une qualité, mais cela ne signifie pas qu'un vin unilatéral ne peut pas être qualitatif. Vous pouvez décrire la qualité du nez comme étant riche, classique, élégante, délicate, raffinée, complexe, exotique, sulfureuse, fraîche, subtile, ..

 
Bouche

Après avoir procédé à un examen visuel et olfactif, il est temps de passer à la dégustation. Nous distinguons cinq saveurs :

  • Saveur sucrée : sec, demi-sec, moelleux ou doux ;
  • Saveur acide : peu ou beaucoup d'acidité, fin ou rugueux, vif ou agressif, mûr ou pas mûr ;
  • Goût salé : n'est pas très courant dans le vin, mais le muscadet ou le xérès peuvent être salés ;
  • Goût amer : peut être un signe d'immaturité ou d'accents torréfiés (vieillissement en bois, alcool) ;
  • Savoureux/umami : notion difficile à comprendre pour les occidentaux.

Ne pas déguster le vin avec un nez bouché

Ces impressions gustatives sont également influencées par un certain nombre de facteurs : la température du vin, la teneur en alcool, les tanins (par exemple, doux, fondants, asséchants) et surtout les arômes qui parviennent au nez par la cavité buccale. Goûtez un vin avec un nez pincé et vous serez étonné du peu de saveur qu'il a. La dégustation est donc peu utile en cas de rhume.

Déguster du vin n'est pas la même chose que boire du vin. Lors de la dégustation, vous faites tourner une petite gorgée de vin dans votre bouche en aspirant de l'air. Cela libère davantage d'arômes vers le nez et renforce l'impression gustative sur la langue. L'attaque, la sensation en bouche et la texture (par exemple, souple, pleine, serrée, harmonieuse, ronde) sont également importantes et en disent long sur le cépage, le climat et éventuellement la vinification.

Faites également attention au retour en bouche

Le (bon) goût du vin, aussi subjectif soit-il, est principalement déterminé par l'équilibre entre trois composants essentiels : l'acidité, l'alcool et les tanins. L'acidité équilibrée donne de la vivacité au vin, l'alcool apporte de l'ampleur et la bonne dose de tanins bien développés crée une impression de douceur. À cela s'ajoute - et surtout dans le cas des vins blancs - le sucre.

Avaler (ou recracher) le vin ne met pas fin à l'expérience de dégustation. Jugé en dernier, le retour en bouche ou finale compte aussi. En règle générale, plus les arômes restent longtemps et intensément en bouche (par exemple, environ 10 secondes), meilleur est le vin. La finale doit également être équilibrée et au même niveau que les impressions olfactives et gustatives. Elle ne doit surtout pas être acide ou aigre.