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Utilisations, risques et avantages du curcuma

20 juillet 2023
Le curcuma

Le curcuma est une épice précieuse, mais il est également réputé pour ses propriétés curatives. Beaucoup le considèrent comme une substance quasi miraculeuse, ou comme un "superaliment". Qu'en est-il réellement des bienfaits et des propriétés du curcuma ? Les suppléments de curcumine sont-ils sûrs ? Découvrez notre analyse complète.

Le curcuma est à la mode. Non seulement en tant qu'élément essentiel du curry, ingrédient de base de la cuisine indienne, ou pour sa valeur en tant que colorant, mais surtout pour ses prétendues propriétés curatives pour l'organisme.

Qu'est-ce que le curcuma ?

Le curcuma est une plante herbacée vivace qui est traditionnellement utilisée comme épice, mais aussi comme plante médicinale. C'est la racine (rhizome) du curcuma qui est alors utilisée.

À quoi sert le curcuma ?

Le curcuma est une épice de couleur orange très utilisée dans la cuisine indienne pour parfumer le riz, la viande et les currys. En outre, cette plante est également utilisée comme composant pour donner aux plats cette couleur jaune intense, comme la moutarde à l'américaine.   

Il est recommandé de l'utiliser uniquement comme condiment, dans le cadre d'une alimentation variée, à moins qu'un médecin ne prescrive un médicament contenant de l'extrait de curcuma.

Les bienfaits et les propriétés du curcuma

Le curcuma a été utilisé contre la dyspepsie et pour traiter les problèmes de peau et de foie. Dans les pays asiatiques, le curcuma est aussi connu pour ses propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antimutagènes, antimicrobiennes et anticancéreuses. D'ailleurs, en réponse à son utilisation traditionnelle, des compléments alimentaires comprenant de l'extrait de curcuma ont vu le jour et sont aujourd'hui commercialisés, notamment en Belgique.

La substance à laquelle on attribue les propriétés vertueuses du curcuma est la curcumine. Elle agirait comme antioxydant, anti-inflammatoire, et aiderait à lutter contre les pathologies biliaires ou encore l'arthrite. Mais malgré les affirmations de ses promoteurs, les études sur les bienfaits de la curcumine ne sont pas à ce jour pas concluantes. De plus, la curcumine représente à peine 5 % de la racine de curcuma.

Soupçons de lésions hépatiques

En 2019, en Italie, la vente de plusieurs lots d'une marque de compléments à base de curcuma a été interrompue. La raison ? Les pouvoirs publics les suspectaient d'être à l'origine de plusieurs cas d'hépatite. Cette alerte s'est ensuite propagée à la Belgique. Depuis cet événement, l'Italie a vu se multiplier les cas d'hépatite aiguë d'origine inconnue qui pourraient être liés à la consommation de certains extraits de curcuma.   

Par ailleurs, les cas d'hépatite dus à la consommation de suppléments de curcuma ne sont pas nouveaux et font l'objet d'études. Cette piste, couplée à la suspicion d'effets toxiques possibles sur le foie de certains composés du curcuma, a conduit le ministère italien de la santé à :

  • Interdire toute allégation d'effets bénéfiques du curcuma sur l'étiquette des compléments alimentaires contenant des ingrédients dérivés du Curcuma longa.
  • Exiger ces produits comportent sur l'étiquette, à titre d'avertissement important, l'information suivante : "En cas d'anomalies hépatiques ou biliaires ou de calculs des voies biliaires, l'utilisation du produit n'est pas recommandée. Ne pas utiliser pendant la grossesse et l'allaitement. Ne pas utiliser pendant des périodes prolongées sans consulter votre médecin. En cas de prise de médicaments, il est conseillé d'écouter les conseils de votre médecin."

Que disent les autorités européennes ?

La plus haute autorité de l'Union européenne en la matière, l'EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments), ne reconnaît pas les propriétés supposées du curcuma

L'EFSA a également réévalué l'utilisation de la curcumine en tant qu'additif (E 100) et propose une limite supérieure de sécurité : une dose journalière admissible (DJA) de 210 mg/jour pour un adulte de 70 kg.

Que dit le SPF Santé publique ?

Le SPF Santé publique recommande la prudence aux enfants et aux femmes enceintes.

La commission d’avis des préparations de plantes du SPF s'est penchée sur les compléments alimentaires contenant des curcuminoïdes. Voici quelques-unes de ses conclusions :

  • La dose journalière admissible (DJA) établie pour la curcumine lorsqu'elle est utilisée comme additif (=500 mg) s'applique également lorsqu'elle est utilisée comme ingrédient dans des compléments alimentaires.
  • L'utilisation combinée de substances ajoutées, la modification de la composition naturelle des curcuminoïdes et/ou de techniques de préparation spécifiques pour augmenter la biodisponibilité sont déconseillées. Il n'existe aucune preuve que sa consommation soit exempte d'effets nocifs chez les enfants de moins de 18 ans.
  • La curcumine et ses métabolites sont transmis aux nourrissons par le lait maternel. Les effets des suppléments contenant de la curcumine sur la grossesse et l'allaitement n'ont pas pu être déterminés.

Pour les enfants de moins de 18 ans, les femmes enceintes et allaitantes, le SPF recommande d'éviter la consommation de compléments alimentaires contenant de la curcumine.

Quant aux fabricants de compléments alimentaires, ils doivent mentionner les avis suivants au niveau de l'étiquette :

  • "Consultez votre médecin ou votre pharmacien en cas d'utilisation concomitante d'anticoagulants" ;
  • "L'avis d'un médecin doit être demandé en cas de troubles hépatiques ou biliaires ou d'utilisation concomitante de médicaments" ;
  • "Ne pas utiliser pour les femmes enceintes et allaitantes et par les enfants de moins de 18 ans".

Les "superaliments" ne sont pas une panacée

Conclusion : garder un regard critique et ne croyez pas tout ce que vous entendez sur les "superaliments". Des vertus et avantages sont attribués à plusieurs ingrédients sans preuve scientifique. N'oubliez pas qu'un ingrédient naturel n'est pas par définition totalement inoffensif. L'abus, par exemple sous la forme de doses élevées de compléments alimentaires ou d'extraits, peut être néfaste. La prudence reste donc plus que jamais de mise.

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