Gerdoff

Le Gerdoff est commercialisé par la firme en tant que dispositif médical.

Il contient une combinaison de trois substances actives : hyaluronate de sodium (10 mg), sulfate de chondroïtine (400 mg) et hydroxyde d’aluminium (200 mg).

Selon la firme, ce produit est indiqué pour le traitement des brûlures d’estomac. 

Prix indicatif

Gerdoff 20 comprimés à croquer : 13,96 €

Notre avis

Pourquoi déconseillons-nous le Gerdoff ?

La firme affirme que deux des substances actives (acide hyaluronique et sulfate de chondroïtine) protègent la muqueuse de l'œsophage et de l'estomac contre l’attaque des sucs gastriques et contribuent à la réparation de la couche endommagée de la muqueuse gastro-œsophagienne. Cependant, une étude indépendante du fonctionnement de la préparation, menée en collaboration avec des experts pharmaceutiques et des pédiatres de différentes universités, a montré que les preuves de cet effet-barrière ne sont pas convaincantes.

Le troisième ingrédient, l’hydroxyde d’aluminium, est un antiacide indiqué pour les problèmes légers à sporadiques de brûlures d’estomac. En cas d’usage prolongé, l’hydroxyde d’aluminium peut entraîner de la constipation.

Mais, sur le produit lui-même, qui combine donc plusieurs substances actives, la firme n’a présenté jusqu’ici aucune étude scientifique attestant son efficacité. Elle affirme qu’une étude est en cours.

Nous nous demandons si la sécurité et les effets secondaires possibles ont fait l’objet de suffisamment de recherches. Or, cet aspect est crucial, car les substances actives utilisées requièrent la prudence. Par exemple, des études en laboratoire indiquent que l’acide hyaluronique et le sulfate de chondroïtine peuvent potentiellement favoriser la prolifération de cellules malignes dans la muqueuse de l’œsophage. Le reflux est généralement un symptôme chronique. Il n'existe aucune étude concernant une utilisation à long terme de Gerdoff.

Une fois un produit commercialisé, il n’est pas évident de retracer ses effets secondaires, et c’est d’autant plus difficile s’il est vendu sans prescription. Les règles à ce propos sont plus strictes pour les médicaments que pour les dispositifs médicaux. Tant que les résultats de cette étude clinique ne sont pas connus, nous ne recommandons pas ce produit.

S’agit-il bien d’un dispositif médical ?

Selon nous le Gerdoff ne peut pas être commercialisé comme dispositif médical.

Certes, la firme assure que le fonctionnement du produit est principalement mécanique, mais elle n’apporte pas de preuve de l’effet-barrière qu’aurait ce produit sur l’œsophage. Au contraire, l’antiacide fixe l’acide, et les autres composants peuvent agir pharmacologiquement sur la paroi de l’œsophage. Dès lors, selon notre analyse, ce produit a également l’action d’un médicament. Dans une recommandation, la Commission européenne a d’ailleurs écrit que les antiacides sont nécessairement des médicaments.

Le produit rappelle également de très près un médicament : on l’ingère par la bouche, l'emballage contient une indication médicale (brûlures d'estomac) et un document ressemblant à une notice.

Les firmes apprécient vivement le statut de dispositif médical, qui leur évite de devoir satisfaire aux réglementations bien plus sévères sur les médicaments, et qui leur permet notamment de commercialiser leur produit bien plus simplement et plus rapidement qu’un médicament.

Y a-t-il des règles particulières d’utilisation ?

Le mode d’emploi indique que le produit convient aux adultes et aux enfants de plus de 12 ans. Entre 6 et 12 ans, il faut consulter un médecin.

La consultation d’un médecin s’impose également pour les femmes enceintes ou allaitantes.

Le produit ne peut pas être administré à des personnes souffrant d’insuffisance rénale ou d’hypophosphatémie (trop faible taux de phosphate dans le sang). Il est recommandé de prendre les médicaments 1 heure avant Gerdoff ou 2 heures après.

Existe-t-il une alternative ?

En fait, il n’est pas toujours nécessaire de traiter les brûlures d’estomac. Parfois, les symptômes disparaissent d’eux-mêmes.

Il peut valoir la peine de commencer par prendre quelques simples mesures : éviter les produits dont on sait qu’ils déclenchent la sensation d’acidité, éviter les repas lourds tard le soir, dormir avec la tête de lit surélevée. Le résultat n’est pas garanti, mais si ça ne fait pas du bien, ça ne peut pas faire de tort non plus. Cesser de fumer et perdre du poids si nécessaire peut également aider.

Vous souhaitez quand même un remède ? Si les symptômes ne sont qu’occasionnels, vous pouvez envisager de prendre un antiacide enregistré comme médicament. Ces produits sont en vente libre en pharmacie. Si les problèmes sont plus fréquents et plus importants, un inhibiteur d’acide gastrique est plus indiqué.

Nos actions

• Nous avons écrit à la firme pour lui faire part de nos observations. Mais elle n’a pas pu nous soumettre d’études sur le produit. Elle affirme que des études cliniques ont été entamées, mais celles-ci sont toujours en cours. A l’heure actuelle, elle ne peut pas présenter de publications.
• Nous avons également adressé un courrier à la Commission mixte de l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS). Cette commission dispense un avis en cas de doute sur le statut d’un produit.

Mise à jour

• Ce produit est en discussion en Commission mixte de l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS). Nous attendons toujours un feed-back en date du 18 juillet 2022.