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Cancer du sein: les femmes soignées dans des cliniques non agréées ont plus de chance de mourir

16 mars 2023
les femmes meurent dans les cliniques du sein non agréées

En 2018, une femme atteinte d’un cancer du sein sur cinq a été traitée dans un hôpital ne disposant pas d’un agrément spécifique pour la prise en charge de ce type de tumeur. D’après une nouvelle étude qui porte sur 50 000 femmes atteintes du cancer du sein, ces patientes présentent un risque plus élevé de décéder de leur maladie par rapport à celles qui sont soignées dans une clinique du sein « coordinatrice ».

En Belgique, une femme sur sept développe un cancer du sein au cours de sa vie. Ce qui correspond à plus de 10.000 femmes par an. Le cancer du sein est le cancer le plus répandu dans l’Union européenne.

En 2020, il représentait 13 % de l’ensemble des nouveaux diagnostics de cancer et même 29 % des nouveaux diagnostics de cancer chez la femme.  

Pourquoi choisir une clinique agréée à volume de soin suffisant pour traiter le cancer du sein ?

Le risque de décès est plus élevé chez les femmes traitées sur les sites hospitaliers sans agrément pour le cancer du sein

La nouvelle étude réalisée par le Centre Fédéral d’expertise des Soins de Santé (KCE) et la Fondation Registre du Cancer confirme combien il est important que la prise en charge se déroule dans une clinique du sein agréée ayant un volume d’activité suffisant.

En effet, les résultats montrent que le risque de mourir d’un cancer du sein est supérieur de 30 % chez les femmes traitées sur les sites hospitaliers sans agrément pour le cancer du sein en comparaison avec celles qui le sont dans les cliniques du sein dites “coordinatrices”.  

20 % des patientes malades du cancer du sein sont traitées en-dehors des cliniques du sein agréées

À ce jour, le législateur n’interdit pas la prise en charge du cancer du sein en-dehors des cliniques du sein agréées. La nouvelle étude du KCE révèle qu’en 2018, un cinquième des femmes atteintes d’un cancer du sein ont été traitées sur un site hospitalier sans agrément pour le cancer du sein, ce qui est loin d’être marginal. L’immense majorité (87 %) de ces sites non agréés pour le cancer du sein n’atteignaient pas le seuil moyen de 60 nouveaux diagnostics par an. Les patientes soignées dans les cliniques non agréées n’ont aucune garantie de bénéficier de l’encadrement et des services (para)médicaux qui relèvent d’une obligation légale dans les cliniques du sein agréées. 

Les cliniques du sein agréées (coordinatrices) sont soumises à des normes obligatoires  

En 2007, la Belgique a adopté une législation fixant les normes d’agrément des cliniques du sein. Les plus importantes étaient : 

  • un volume d’activité minimal de 150 nouveaux diagnostics par an 
  • la présence d’une équipe multidisciplinaire spécialisée

L’objectif était de maintenir un niveau d’activité suffisant pour développer/préserver une expertise optimale au sein des équipes (para)médicales et aussi d’organiser les soins de manière coût-efficace pour les patientes.

Le volume d’activité d’une Clinique du sein : un facteur prépondérant dans le risque de décès

Le volume d’activité d’une Clinique du sein est un facteur important pour obtenir une bonne qualité de soin. En comparaison aux patientes traitées dans les cliniques agréées, le risque de décès associé au cancer du sein invasif est :

  • supérieur de 44 % chez les patientes traitées sur les sites à faible volume d’activité (moins de 60 nouveaux diagnostics par an) 
  • supérieur de 30 % chez les patientes traitées sur les sites à moyen volume d’activité (de 60 à 124 nouveaux diagnostics par an) en comparaison avec celles qui sont prises en charge sur les sites à volume élevé (125 nouveaux diagnostics par an ou plus).  

Ces normes se sont érodées avec le temps : un tiers des cliniques du sein agréées n’atteignent pas les seuils d’activité obligatoire

Encore plus grave, l’étude du KCE démontre aujourd’hui que près de 40% de ces centres accrédités ne respectent pas le seuil de 125 diagnostics par an. Or, ce seuil a un impact très concret sur les chances de survie des patientes.  

Depuis janvier 2014, le législateur opère une distinction entre :

  • les cliniques du sein « coordinatrices » (agréées), tenues à un volume d’activité minimal de 125 nouveaux diagnostics par an
  • les cliniques du sein « satellites », qui doivent avoir une convention de collaboration avec une clinique coordinatrice et un volume d’activité minimal de 60 nouveaux diagnostics par an. 

Dans quelle clinique soigner le cancer du sein en Belgique ?

Trouver une clinique du sein coordinatrice n’est pas chose simple pour les patientes. La liste est très difficile à trouver et peu pratique. La Flandre a développé un site web qui compare la qualité des soins entre les hôpitaux , ce qui n’est toujours pas le cas à Bruxelles et en Wallonie, malgré les demandes répétées de Testachats depuis de nombreuses années. 

Recommandations pour une meilleure prise en charge du cancer du sein

En 2014 déjà, Testachats et d’autres associations avaient lancé une pétition récoltant plus de 36 300 signatures en vue de pouvoir comparer la qualité de soins dans les hôpitaux, via un site web central facilement accessible. On en est toujours très loin à l’heure actuelle. 

Testachats soutient les demandes du KCE en appelant les autorités compétentes à: 

  • veiller à ce que les éléments essentiels des soins soient concentrés dans les hôpitaux qui enregistrent au moins 125 nouveaux diagnostics par an
  • dans l’intervalle, à faire en sorte que les femmes puissent choisir en pleine connaissance de cause un centre où la qualité des soins est suffisamment garantie : 
  1. en indiquant clairement dans la liste des hôpitaux coordinateurs ceux qui ne satisfont pas à l'exigence de 125 nouveaux diagnostics par an, ce qui n'est pas le cas actuellement ;
  2. en publiant les résultats pour chaque campus d'un hôpital à très court terme. Cela signifie concrètement que Bruxelles et la Wallonie travaillent enfin à la transparence sur la qualité des soins fournis par les hôpitaux.  

Les patientes et patients, les médecins généralistes et les autres dispensateurs de soins doivent donc clairement pouvoir identifier quels sites hospitaliers sont agréés comme cliniques du sein… et lesquels ne le sont pas. Il n’est plus acceptable que les chances de survie varient en fonction de l’hôpital auquel les femmes s’adressent ! 

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