Communiqué

Test Achats alerte « les autotests ne sont pas le remède miracle espéré ! »

03 avril 2021

A partir de ce 6 avril, les consommateurs pourront acheter des autotests en pharmacie. Test Achats regrette que le gouvernement n’ait pas lancé de projet pilote afin de vérifier sa stratégie en la matière avant de la concrétiser à grande échelle. L’organisation de consommateurs demande dès lors un monitoring précis de la stratégie ainsi que la transparence au sujet de la fiabilité de ces autotests. Elle demande également aux autorités de lancer une large campagne d’information à l’attention des consommateurs, et de fixer un prix maximum.

On navigue à vue

Les attentes des consommateurs au sujet des autotests sont grandes, notamment au regard des messages dans la presse selon lesquels ceux-ci seront « enfin bientôt disponibles ! ». Ils sont perçus comme un outil ouvrant la voie à plus de liberté et d’assouplissements. Mais est-ce vraiment le cas ?

La stratégie sous-jacente est d’augmenter la quantité de tests réalisés en mettant à disposition des citoyens des autotests pour détecter ceux hautement infectieux à un stade précoce et réduire ainsi la propagation du virus.

En réalité, il existe encore peu de preuves scientifiques démontrant l'utilité des autotests comme outils de dépistage de l'infection chez les personnes qui ne présentent pas de symptômes de la maladie. Test Achats regrette dès lors que cette « stratégie de testing 2.0 » n'ait pas d’abord été évaluée dans le cadre de projets pilotes dans notre pays avant de l'organiser à grande échelle. Elle demande donc au gouvernement de suivre et d’évaluer scrupuleusement l'impact concret de cette stratégie et de mettre les résultats à la disposition du public afin de permettre un débat plus large sur leur efficacité.

Pour Test Achats, l’efficacité d’une telle stratégie dépendra (1) de la fiabilité des tests et (2) de la manière dont les citoyens vont gérer leur utilisation au quotidien. Ce dernier point est étroitement lié à la manière dont le gouvernement informera la population et à la manière dont les pharmaciens - le canal de vente exclusif dans une première phase - délivreront ces autotests.

Tests fiables ?

L’AFMPS a établi une liste de critères auxquels les tests doivent répondre afin d’être admis à la vente. Pour Test Achats, c’est une bonne chose mais l’organisation déplore de ne pas retrouver dans ces critères l’exigence d’une étude montrant l’efficacité de ces tests auprès des personnes asymptomatiques qui semblent pourtant être le public cible des autorités. L’organisation de consommateurs déplore également que l’AFMPS ne rende pas publiques les informations sur base desquelles elle décide ou non d’autoriser un autotest. « Nous demandons la publication des données scientifiques soumises par les firmes pour l'approbation d'un autotest et leur évaluation par l'AFMPS : la transparence est nécessaire pour que les prestataires de soins et les citoyens puissent évaluer au mieux les avantages et inconvénients des autotests » déclare Julie Frère, porte-parole de l’organisation.

Autotest négatif ≠ feu vert

Les citoyens souhaitent avant tout un test qui, en cas de résultat négatif, leur donne le feu vert pour un contact "sûr". Pourtant, le pourcentage de consommateurs dont le test sera négatif alors qu’ils sont en réalité contaminés (faux négatif) est loin d'être négligeable. « Le test ne donne un résultat positif que pour les personnes qui excrètent beaucoup de particules virales, et ne détecte donc pas les personnes nouvellement infectées » explique Julie Frère, « si le consommateur ne fait pas le test correctement, le résultat peut également être négatif. C'est pourquoi même un résultat négatif n'exempte pas les consommateurs du respect des mesures, telles que le respect de la distanciation sociale et le port d’un masque. C'est un message qui n'est pas facile à saisir, et qui risque donc de créer un faux sentiment de sécurité. Résultat ? On risque potentiellement d’obtenir le résultat inverse à celui espéré et d’avoir plus de contaminations » craint-elle.

Campagne d’information et vente réservée aux pharmaciens

Tous ces constats amènent Test Achats à demander aux autorités une campagne d'information claire et accessible sur cette initiative : à quelles fins ces tests peuvent être utilisés, comment utiliser les autotests, quelle est leur fiabilité, notamment pour les personnes ne présentant pas de symptômes, quels en sont les avantages et les inconvénients, quelles mesures les citoyens doivent-ils prendre en cas de test positif ou négatif, etc.

Dans ce contexte, Test Achats salue la décision des autorités de réserver la vente de ces autotests aux seuls pharmaciens, qui sont les mieux placés pour délivrer une information de qualité aux consommateurs. L’organisation met néanmoins en garde : le mystery shopping qu'elle a mené en 2019 auprès de plus de 100 pharmaciens sur la mise à disposition d'autotests pour le VIH et le cancer de l'intestin a montré que dans sept situations sur dix, les autotests ont été remis sans que les bonnes questions n’aient été posées et sans informations suffisantes. Test Achats appelle donc les pharmaciens à jouer leur rôle de prestataire de soins avec toute la diligence que cela implique.

Prix maximum

Enfin, à partir du moment où le gouvernement promeut les autotests comme outil pour une stratégie nationale permettant de limiter la propagation du virus, Test Achats estime essentiel qu’il impose un prix maximum pour que ces derniers soient accessibles à tous et toutes.

 

Plus d’info sur www.testachats.be/autotestcorona

Accès presse

Pour avoir accès à tous les contenus en tant que journaliste, nous vous demandons de nous envoyer un e-mail.