Coronavirus : déficit, dette, PIB… les sombres prévisions du gouvernement

Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont dévoilé les grandes lignes du budget rectificatif qui sera présenté mercredi prochain. Avec des chiffres peu rassurants.

 Le gouvernement présentera mercredi 15 avril son projet de loi de Finances rectificatif.
Le gouvernement présentera mercredi 15 avril son projet de loi de Finances rectificatif. REUTERS/Charles Platiau

    Le gouvernement ne s'en est jamais caché, les conséquences du coronavirus et des mesures de confinement qui en découlent auront de très lourdes conséquences pour une économie française aujourd'hui à l'arrêt.

    Difficile, dans ces conditions, d'anticiper avec précision quel sera l'état du pays à la fin de l'année prochaine. Mais le temps politique n'attend pas, et les services de Bercy doivent dès aujourd'hui tenter d'établir les prévisions les plus précises possible.

    Car le gouvernement présentera mercredi prochain son budget rectificatif en conseil des ministres. Un projet de loi riche d'enseignements, puisqu'il traduira non seulement les perspectives tracées par l'exécutif, mais dévoilera surtout une anticipation du choc économique de l'épidémie. Dans une interview accordée ce jeudi aux Échos, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, les deux pensionnaires de Bercy, en ont présenté les grandes lignes.

    -6 % de croissance

    C'est un chiffre scruté chaque année avec attention. Cette année, la croissance atteindra un niveau de contre-performance jamais vu depuis des décennies. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, ne s'en cache pas. « Notre prévision de croissance pour 2020 est de - 6 %. Il s'agit de la plus grande récession en France depuis 1945 », annonce-t-il d'emblée.

    Ce chiffre, en dépit de sa rudesse, doit cependant être pris avec précaution. Car cette anticipation de décroissance, déjà exceptionnelle, pourrait encore être aggravée en fonction de l'évolution de la situation. La croissance française chutera davantage si le confinement venait à durer. Mais encore, quand bien même il prendrait fin, l'activité économique mettra du temps avant de reprendre son rythme de croisière. « Les touristes ne reviendront pas du jour au lendemain, confirme Bruno Le Maire. Dans l'industrie, les chaînes de production peuvent être très longues à rétablir. »

    Le déficit explose, la dette aussi

    Pendant des années, la dette Française a flirté avec le seuil symbolique des 100 % du Produit intérieur brut national. Le cap avait finalement été franchi en septembre dernier. Un symbole que l'on pourrait vite oublier, tant la dégradation risque d'être forte cette année. Le gouvernement table désormais sur une dette atteignant les 112 % du PIB, alors que le gouvernement espérait renverser la tendance avant la crise, visant les 98 %.

    L'exécutif défend toutefois la nécessité de s'accorder un matelas budgétaire au vu des circonstances. « Cette dette répond à un impératif : éviter les faillites d'entreprise et le naufrage de notre économie », explique ainsi Bruno Le Maire.

    Impôt sur les sociétés, TVA, impôt sur le revenu… Le ralentissement de l'activité économique va durement ponctionner les recettes fiscales de l'Etat. Conséquence immédiate : les services de Bercy tablent sur une envolée du déficit public de 7,6 %, à 170 milliards d'euros, alors qu'il visait 93 milliards d'euros de déficit à la fin de l'année avant le déclenchement de la crise.

    Un plan d'urgence doublé à 100 milliards

    Face à l'ampleur de la crise, le gouvernement a décidé de doubler le budget de son plan d'urgence. Initialement fixé à 45 milliards d'euros, celui-ci sera finalement porté à 100 milliards d'euros. Dans le détail, le gouvernement assure vouloir presque tripler les mesures budgétaires, qui vont passer de 12 à « plus de 35 milliards d'euros ».

    Le coût de la prise en charge du chômage partiel, initialement budgété à 8,5 milliards d'euros, a été largement revu à la hausse. Le gouvernement réservera dans son projet de loi quelque 20 milliards d'euros, afin de « tenir compte du fort nombre d'entreprises qui en font la demande », détaille le ministre du Budget, Gérald Darmanin. De la même manière, le fonds de solidarité verra sa dotation passer de 1 à 6 milliards d'euros. De quoi permettre notamment aux entreprises en difficultés, en sauvegarde ou en redressement judiciaire, d'obtenir des aides, justifie l'exécutif.

    Quatre milliards d'euros pour l'achat de matériel

    Alors que le gouvernement a récemment changé de doctrine sur le port de masques, la multiplication des commandes sera aussi directement visible sur les finances publiques. Le budget destiné à l'achat de matériel sanitaire, qui porte notamment sur les masques, va ainsi quadrupler, passant de 1 à 4 milliards d'euros. L'exécutif s'engage par ailleurs à revaloriser le personnel de santé, mais aussi à verser des primes aux fonctionnaires qui ont subi une surcharge de travail ou sont en contact direct avec le public. Le montant de ces primes est encore en arbitrage, précisent les deux ministres.