Coupure d’électricité géante contre la réforme des retraites

L’aéroport d’Orly, le MIN de Rungis et 35 000 particuliers ont été privés d’électricité ce mardi après une coupure sauvage revendiquée par la CGT Énergie qui s’oppose la réforme des retraites.

 Le nouveau coup de force de la CGT Energie du Val-de-Marne a été condamné par de nombreuses personnalités politiques.
Le nouveau coup de force de la CGT Energie du Val-de-Marne a été condamné par de nombreuses personnalités politiques. Reuters/Regis Duvignau

    Après la grève dans les transports publics, les coupures d'électricité et les blocages de ports maritimes. Ce mardi, au 48e jour de mobilisation contre la réforme des retraites, la fédération énergie de la CGT a revendiqué une coupure d'électricité géante dans le Val-de-Marne, sur la zone de l'aéroport d'Orly et sur le marché de Rungis. Au total, onze communes franciliennes (Orly, Rungis, Thiais, Fresnes, L'Haÿ-les-Roses ou encore Chevilly-Larue) ont été impactées; 35 000 particuliers, clients d'Enedis, ont été privés de courant entre 5h30 et 8 heures.

    Un nouveau coup de force condamné ce mardi par de nombreuses personnalités politiques, à commencer par le Premier ministre. « Vouloir bloquer un certain nombre de sites, ne pas respecter la loi en s'introduisant dans telle ou telle enceinte privée, procéder à des coupures sauvages de courant, tout cela, c'est méconnaître la démocratie, tout cela c'est méconnaître la loi et tout cela doit être sanctionné car ça n'est pas acceptable », a déclaré Edouard Philippe devant les députés. « Lorsqu'on procède à des coupures sauvages d'électricité, on met nécessairement nos concitoyens, les usagers du service public dans une situation parfois périlleuse, a rappelé le Premier ministre. Et ça n'est pas acceptable ».

    VIDÉO. Édouard Philippe : « Les coupures sauvages d'électricité doivent être sanctionnées »

    Selon la CGT Énergie, depuis le début du conflit, le 5 décembre, ce sont plusieurs dizaines de coupures d'électricité qui ont perturbé le quotidien des Français que se soit à Bordeaux (Gironde), Besançon (Doubs), Lyon (Rhône), Toulouse (Haute-Garonne), Versailles (Yvelines) ou encore Le Havre et Caen (Seine-Maritime).

    Dans le viseur, tantôt une gare SNCF, tantôt un centre commercial, une cérémonie de vœux municipaux, une préfecture, un lycée – en soutien à des enseignants grévistes — ou même parfois un quartier résidentiel, un hôpital ou encore le siège de la CFDT. « Nous ciblons l'économie et les bâtiments publics, pas les particuliers, se défend Laurent Heredia, secrétaire fédéral de la CGT Énergie. L'aéroport d'Orly, c'est la partie commerciale qui a été touchée. Pas les éléments vitaux comme la tour de contrôle ».

    Et quid des riverains plongés dans le noir ? « Si des particuliers ou infrastructures essentiels sont impactés, c'est parce que les schémas électriques ne sont pas mis à jour, botte en touche le syndicaliste. En aucun cas nous ne mettons en danger la vie des gens. »

    Les interruptions sauvages vont se multiplier jusqu'au 24 janvier

    Qu'importe. Pour Laurent Saint-Martin (LREM), député du Val-de-Marne et nouveau rapporteur du budget, ces coupures sont « illégales » et émanent « de quelques membres isolés et radicalisés de la CGT. Les auteurs ont pour seul objectif de nuire et doivent être condamnés ».

    Ces menaces de sanctions arrêteront-elles les « coupeurs d'énergie » ? La CGT a déjà annoncé que les interruptions sauvages allaient se multiplier jusqu'au 24 janvier, jour de la présentation du projet de réforme des retraites au Conseil des ministres. « Quand nous sommes en grève, personne nous voit et personne nous écoute, déplore Laurent Heredia. Désormais, j'ai des jeunes qui veulent être plus visibles. Nous essayons de les encadrer, jusqu'au jour où on va se faire déborder… »

    Les salariés de l'énergie ont fait leurs calculs. « Aujourd'hui, nous cotisons à 49 %, c'est beaucoup mais ça nous garantit un bon niveau de pension, décrypte Laurent Heredia. Demain, avec la réforme, ce sera 28 % mais avec quelle retraite ? »

    La coupure de ce mardi aura en tout cas marqué les esprits. Si les groupes électrogènes ont pris le relais au centre commercial Belle-Epine à Thiais (Val-de-Marne) et au MIN de Rungis, dans plusieurs hôtels, des clients se sont retrouvés coincés dans les ascenseurs tandis que le métro Orlyval est resté bloqué.

    Sollicitée, Enedis, l'entreprise chargée d'acheminer l'électricité, a annoncé qu'elle allait porter plainte pour « acte de malveillance ». Elle précise que « depuis le 5 décembre, il y a eu environ 80 plaintes ».