À Milly-la-Forêt, le public peut découvrir plus de 80 dessins méconnus de Cocteau

Pour la deuxième année consécutive, la maison musée « sauvée » par la région expose une partie des collections désormais abritées au musée national d'art moderne.

 Milly-la-Forêt, le 25 juillet 2020. Pour la 2e année, la Maison Cocteau expose des dessins méconnus de l’artiste issus de la collection du musée national d’art moderne.
Milly-la-Forêt, le 25 juillet 2020. Pour la 2e année, la Maison Cocteau expose des dessins méconnus de l’artiste issus de la collection du musée national d’art moderne. LP/Cécile Chevallier.

    Jean Cocteau est connu pour avoir écrit et réalisé « La Belle et la bête », pour ses esquisses de chat ou encore pour ses poèmes. Mais l'artiste prolixe, mort en 1963 à l'âge de 74 ans est aussi de l'auteur de quantité de dessins. Pour la deuxième année consécutive, une partie d'entre eux, prêtée part le Musée national d'art moderne (le Centre Pompidou) est exposée jusqu'au 1 er novembre à la Maison Cocteau de Milly-la-Forêt.

    Après « Jean Cocteau, dessins d'une vie 1 » en 2019, le public peut découvrir « Jean Cocteau, dessins d'une vie 2. » 80 dessins méconnus du poète, des croquis et autres collages de jeunesse, des caricatures, des portraits…

    Cette exposition temporaire est le fruit d'une collaboration inédite entre la région et le musée national d'art moderne. L'an dernier, Valérie Pécresse, la présidente (Libres!) de l'Ile-de-France, a « sauvé » cette maison où Cocteau a vécu les 17 dernières années de sa vie. Rachetée, rénovée et transformée en musée par Pierre Bergé, elle était menacée depuis que le mécène, proche de Cocteau, a disparu en septembre 2017.

    La région est devenue officiellement propriétaire du site, avec un objectif : « faire de cette maison un lieu incontournable en Ile-de-France. » Pouvoir « puiser » parmi les 286 œuvres désormais intégrées dans les collections du Centre Pompidou est une chance supplémentaire pour attirer encore plus de monde que les 15 000 à 27 000 visiteurs annuels accueillis par Pascale Léautey, la directrice du lieu. Car non seulement la Maison Cocteau a été sauvée, mais des œuvres du poète ont aussi été mises à l'abri grâce à une dation des héritiers Dermit en 2019.

    Depuis le 11 juillet et jusqu'au 1er novembre, le public peut donc découvrir des dessins méconnus de Cocteau. Ceux de sa jeunesse d'abord. L'artiste n'a pas tout à fait 20 ans, et « d'une plume précise et incisive, il croque, caricature ses contemporains, spectateurs, comédiens et écrivains qu'il croise dans les salons littéraires », détaillent les organisateurs.

    Le « Potomak » de Cocteau et ses personnages cubistes, les Eugènes. @Adagp/Comité Cocteau.
    Le « Potomak » de Cocteau et ses personnages cubistes, les Eugènes. @Adagp/Comité Cocteau. LP/Cécile Chevallier.

    Et surtout les « Eugènes » et le Potomak. « En novembre 1914, Paul Iribe fonde le journal satirique Le Mot, explique l'exposition. Cocteau, alors âgé de 25 ans, y publie des dessins et caricatures sous le pseudonyme de Jim. Il les accompagne de textes engagés et ses « Eugènes », constitueront une partie du Potomak, œuvre hybride que Cocteau publiera après-guerre. »

    Cocteau disait que ses Eugènes n’étaient pas des soldats allemands, pourtant on reconnaît l’uniforme, comme le casque à la pointe. @Adagp/Comité Cocteau.
    Cocteau disait que ses Eugènes n’étaient pas des soldats allemands, pourtant on reconnaît l’uniforme, comme le casque à la pointe. @Adagp/Comité Cocteau. LP/Cécile Chevallier.

    Personnages aux allures cubistes, ces Eugènes permettent à Cocteau de dénoncer les « Atrocités » commises par les troupes ennemies. Pourtant, dans une adresse à ses lecteurs, Cocteau, alias Jim, affirme : « Mes bonshommes ne sont pas des Allemands à vrai dire (NDLR : ils les dessinent pourtant avec un uniforme « boche »), mais bien une sorte de graphique, où selon moi, se concrétisent des états d'esprit de férocité, de lubricité, d'entente et de mysticisme. »

    Jusqu'au 1er novembre, tous les samedis, dimanches et jours fériés, de 14 heures à 18h30 (dernière entrée 17h30). Tarifs : 7,50 euros, gratuit pour les moins de 10 ans. Masque obligatoire, pas de réservation. À Milly-la-Forêt, 15, rue du Lau.