Essonne : le mari alcoolique condamné à huit ans de prison pour avoir violé sa femme

Alcoolique, violent et infidèle, l’accusé niait les faits, malgré de nombreux éléments à charge. Il a été condamné ce mardi par la cour d’assises de l’Essonne à Evry-Courcouronnes à huit ans de prison.

L'homme, âgé de 38 ans, a nié les faits durant près de quatre ans. LP/F.G.
L'homme, âgé de 38 ans, a nié les faits durant près de quatre ans. LP/F.G.

    « Hier, quand ma femme a parlé, j’ai compris qu’à l’époque elle ne voulait pas de cette relation sexuelle. » Il aura fallu attendre la toute fin d’audience, juste avant que le jury ne parte délibérer, pour que l’accusé reconnaisse un début de culpabilité. Car depuis quatre ans, cet homme de 38 ans était resté dans le déni complet. Ce mardi, la cour d’assises de l’Essonne l’a condamné à huit ans de prison ferme pour avoir violé sa femme, le 4 août 2018, au domicile conjugal à Ris-Orangis. L’avocat général avait requis une peine dix ans de réclusion criminelle.

    L’accusé était rentré ivre de son travail. Le couple allait mal depuis au moins deux ans et la femme souhaitait quitter son mari après neuf années de mariage et deux enfants. Depuis plusieurs mois, elle lui refusait toute relation sexuelle. En cause, les infidélités de ce dernier, son alcoolisme et sa violence. En janvier 2018, elle avait dénoncé ces violences, ainsi que des viols, à une assistante sociale. Puis en mai 2018 à la police, mais sans vouloir déposer plainte.



    Malgré un certificat médical de six jours d’incapacité totale de travail, des photos des hématomes, l’affaire avait été classée. « La justice n’a pas su entendre, a regretté l’avocat général à l’audience, qui s’est excusé au nom du ministère public. Cette décision n’était pas opportune. Aujourd’hui, on ne le fait plus. Depuis 2018, la politique pénale a évolué. »

    Après être rentré, l’accusé avait exigé de sa femme, qui était allongée sur un matelas du salon avec ses deux enfants, une relation sexuelle. Face à son refus, il l’avait tirée par les pieds jusqu’à la chambre où il l’avait violée. La victime l’avait mordu à l’avant-bras, avant de cesser de se débattre et ne pas crier car les enfants étaient à côté. Sa fille de neuf ans avait relaté la scène aux enquêteurs, corroborant les dires de sa mère.

    L’accusé change de version à la barre

    Mais durant quatre ans, l’accusé s’est exonéré de ses responsabilités, accusant sa femme d’avoir menti, parce qu’il lui avait dit qu’il ne l’aimait plus et qu’elle aurait donc fait ça pour se venger et qu’il aille en prison. Cette dernière a pourtant retiré sa plainte, tout en maintenant ses propos, souhaitant que ses enfants puissent continuer à voir leur père. Au procès elle ne s’est pas constituée partie civile, ne réclamant aucun dommage et intérêt. Et depuis, le divorce a bien été prononcé. Remis en liberté en mai 2019, le trentenaire a rencontré une autre femme avec qui il a un enfant âgé d’un an et demi.



    Ce mardi, il a changé de version, reconnaissant que c’est elle qui lui avait dit ne plus l’aimer et vouloir le quitter. Il l’avait aussi accusée d’avoir manipulé leur fille, avant de dire que cette dernière avait confondu ce qui s’était passé ce soir-là avec une autre « bagarre », un autre soir. Après avoir affirmé que la relation sexuelle était consentie, que son épouse était même contente et active, il a de nouveau changé de version à la barre, disant que sa femme ne disait rien, se laissait faire.

    « Comment a-t-elle manifesté son refus, son absence de consentement durant le rapport ? En était-il conscient ? » a interrogé Me Thierry Benkimoun, l’avocat de la défense. Ce dernier a rappelé que pour qu’il y ait viol, il faut que l’auteur en ait conscience. La victime a toujours affirmé qu’elle avait clairement exprimé son refus, allant jusqu’à le mordre, ce qui a été confirmé par le légiste. C’est aussi ce qu’a raconté sa fille, qui n’a pu être manipulée ont insisté les enquêteurs et les experts, car interrogée juste après les faits, alors que sa mère ne souhaitait pas qu’elle témoigne.