Ultradroite : le combat de « Pépette », ex-figure du grand banditisme, pour libérer son fils de 17 ans

Cet adolescent de Yerres (Essonne) est en détention depuis le 18 novembre dans une affaire de trafic d’armes. Sa mère est persuadée qu’on lui fait payer à elle son passé tumultueux.

Prison de Villepinte. Cet adolescent de 17 ans est actuellement en détention provisoire dans le cadre d'une instruction portant sur un trafic d'armes dans le milieu de l'ultra-droite. LP
Prison de Villepinte. Cet adolescent de 17 ans est actuellement en détention provisoire dans le cadre d'une instruction portant sur un trafic d'armes dans le milieu de l'ultra-droite. LP

    Elle enchaîne les gros mots aussi vite que les cigarettes. Sans filtre. Tout le monde en prend pour son grade. Les policiers, à qui elle a affaire depuis (trop) longtemps, les fachos, à qui elle promet des sévices qui font se retourner les vieilles dames dans ce café de Saint-Maur, et une personne de la pénitentiaire soupçonnée de vouloir du mal à son enfant. Bref, Pépette est en colère. Et ça s’entend.

    Depuis le 18 novembre 2023, la jeune quinquagénaire est privée de Kader (le prénom a été changé), son fils de 17 ans. L’adolescent a été placé en détention provisoire après avoir été mis en examen pour association de malfaiteurs dans le cadre d’un trafic d’armes dans le milieu de l’ultra-droite. Ce jeudi 18 janvier, il devrait être une nouvelle fois entendu par la juge d’instruction chargée du dossier. Son avocat Thierry Chamon, qui n’a pas souhaité s’exprimer, devrait faire une demande de remise en liberté. C’est en tout cas ce que réclame Fatima B., dite Pépette.

    Cette ancienne figure du grand banditisme, proche entre autres d’Antonio Ferrara, avait notamment été impliquée dans l’attaque d’un fourgon blindé de la Brink’s à Lognes (Seine-et-Marne) le 23 mai 2002. Elle avait été acquittée aux assises. Plus récemment, en novembre 2019, elle avait été condamnée dans une affaire rocambolesque de casse raté dans le célèbre club échangiste des Chandelles à Paris. Les gardes à vue, les grands flics ou les « beaux mecs », la prison, tout ça elle connaît.

    Pour les enquêteurs, les faits sont graves

    Mais que l’un de ses fils se retrouve dans une histoire pareille, celle qui est désormais gérante de société ne le digère pas du tout. « Une blague », s’est-elle agacée quand les policiers l’ont auditionnée. D’après l’enquête menée par la direction générale de la sécurité intérieure, l’adolescent aurait servi d’intermédiaire à un certain Émilien K., militaire au 2e régiment de dragons où il a notamment occupé la fonction d’armurier. En garde à vue, ce « survivaliste » a avoué qu’il faisait le commerce d’armes. Et que Kader lui a permis de trouver quatre ou cinq clients. Une accusation qui lui vaut d’être maudit par Pépette.

    D’après elle, si son fils s’est mêlé aux groupes de discussions de l’ultra-droite c’était uniquement pour « troller ». En somme, il cherchait à arnaquer le militaire. « Le faire espérer et le prendre pour un con », a assuré Kader lors de sa garde à vue. Une version à laquelle les enquêteurs ne croient pas du tout. Ils soulignent au contraire le fort attrait du jeune homme pour l’idéologie nazie, mettant en avant, notamment, ses pseudonymes et des photos sans équivoque et relevant sa participation à une manifestation en mémoire du militant Sébastien Deyzieu, un rassemblement prisé de l’ultradroite. Lors d’une conversation avec un autre interlocuteur sur Telegram, Kader a par ailleurs évoqué un projet d’attentat contre des antifas. De l’humour, s’est-il défendu.

    « Depuis qu’il est en prison, c’est triste à la maison »

    « Il a été matrixé », a considéré sa mère. En tout cas, pour elle, le traitement policier, judiciaire et pénitentiaire « infligé » à son fils est totalement disproportionné. « Il devrait être dehors depuis longtemps, s’énerve Pépette. Ils se sont acharnés sur lui à cause de moi, parce que je faisais partie du grand banditisme. C’est un dossier à charge qui a été monté contre lui. Ses conditions de détention, avant qu’il ne soit transféré à Villepinte, ont été scandaleuses. On est sur du règlement de comptes ». « Absolument pas, rétorque une source proche du dossier. Les faits pour lesquels ces personnes sont mises en examen sont graves. »

    « C’est n’importe quoi, insiste la mère de famille. Depuis qu’il est en prison, c’est triste à la maison. J’ai déjà perdu ma fille par le passé. Aujourd’hui, c’est vide. »