Essonne : l’ex-maire de Vigneux remis en liberté le jour de son procès en correctionnelle

Alors qu’il était détenu depuis le 25 juillet dernier à Fresnes, Serge Poinsot (LR) a été remis en liberté ce mardi, jour de sa comparution dans un autre dossier. Mais l’audience a tourné court.

 Vigneux-sur-Seine. Serge Poinsot a passé plus de deux mois en détention provisoire avant de démissionner de son poste de maire et d’être remis en liberté.
Vigneux-sur-Seine. Serge Poinsot a passé plus de deux mois en détention provisoire avant de démissionner de son poste de maire et d’être remis en liberté. LP/N.G.

    Serge Poinsot, 70 ans, est un homme libre. L'ancien maire (LR) de Vigneux-sur-Seine, mis en examen pour corruption par personne investie d'un mandat électif, blanchiment de fraude fiscale et corruption passive à titre habituel dans le cadre du dossier France Pierre, avait été écroué le 25 juillet dernier à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Ce mardi matin, la juge d'instruction Aude Buresi a rendu une ordonnance de remise en liberté sous contrôle judiciaire.

    L'ancien élu a, notamment, interdiction de paraître sur la commune de Vigneux-sur-Seine. « Il se repose, maintenant, il en ressort très éprouvé », explique Me Romain Dieudonné, son avocat. En détention, Serge Poinsot ne s'est pas retrouvé dans une cellule à cinq, mais n'a pas non plus été placé en quartier VIP. « Il n'y en a pas à Fresnes », poursuit Me Dieudonné.

    Via TP, l'entreprise qui a remporté l'essentiel des marchés publics entre 2004 et 2015

    Cette libération intervient après la démission de Serge Poinsot de son mandat de maire vendredi dernier. « Nous avons fait une demande de remise en liberté en nous disant que cette démission pouvait aider », précise Me Dieudonné.

    Hasard du calendrier, Serge Poinsot a retrouvé l'air libre le jour même où il devait comparaître devant le tribunal correctionnel d'Evry pour favoritisme dans le dossier Via TP, du nom d'une entreprise qui a remporté la majorité des marchés publics de voirie entre 2004 et 2015. Son avocat lui a conseillé de pas venir à cette audience qui a finalement tourné court.

    Car après un premier fiasco judiciaire le 2 octobre 2017, avec l'annulation de toutes les convocations devant le tribunal, l'histoire s'est répétée. Les magistrats ont une nouvelle fois annulé les convocations, notamment parce que « les marchés et les devis ne sont pas identifiés ». Le tribunal souligne par ailleurs des « ambiguïtés majeures ». Autant d'éléments qui « rendent impossible un débat contradictoire ».

    «Ce dossier est l'antichambre du dossier parisien»

    Les avocats des huit prévenus ont auparavant méthodiquement démonté toutes les convocations, soulignant certaines incohérences. Me Dieudonné ironise : « Ça me fait peur, nous sommes passés d'une prévention qui était de 11 ans et demi à 2 mois. » Il reprend : « Tout est aléatoire. Nous avons une citation qui n'a plus rien à voir avec celle du début. C'est très inquiétant. C'est un dossier absolument incroyable. Nous devons nous défendre de choses imprécises. On nous parle de marchés publics, mais on ne sait pas de quels marchés. »

    Me Dieudonné analyse : « Il existe une procédure à Paris [NDLR : l'affaire France Pierre]. J'ai la certitude que ce dossier est l'antichambre du dossier parisien. Il est d'ailleurs en copie intégrale dans l'instruction ».

    Des arguments que le parquet tente de balayer estimant qu'il y a « une volonté de ne pas comparaître sur le fond de cette affaire. Il n'y a pas une enquête cachée. Il faut arrêter cette paranoïa ». Mais une nouvelle fois, la défense a obtenu gain de cause. Daniel Villatte, le premier adjoint de Serge Poinsot, également prévenu et absent à l'audience, l'avait prédit à la sortie du dernier conseil municipal de Vigneux-sur-Seine : « Ça ne sera pas jugé, je n'irai pas. »