Alsace : un prêtre soupçonné d’abus sexuels écroué

Robert Bonan, curé de la paroisse de Lautenbach (Haut-Rhin), a côtoyé des mineurs dans ses activités pastorales. Une de ses victimes présumées s’est suicidée cet été.

 Le sexagénaire, toujours en activité jusque-là, a été interpellé mardi matin à son domicile.
Le sexagénaire, toujours en activité jusque-là, a été interpellé mardi matin à son domicile. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Le curé de la paroisse de Lautenbach, près de Guebwiller (Haut-Rhin), aurait-il fait d'autres victimes que celles qui se sont déjà confiées aux enquêteurs ? Incarcéré mercredi à Mulhouse, Robert Bonan fait l'objet d'une information judiciaire pour des faits présumés de viols sur mineurs.

    Le sexagénaire, toujours en activité jusque-là, a été interpellé mardi matin à son domicile à l'issue d'investigations discrètes de la brigade de recherche de Mulhouse. Les éléments recueillis à son domicile ont rapidement permis de corroborer les témoignages et dénonciations de plusieurs victimes présumées pour des faits remontant aux années 1980 et 1990, « dont tous ne sont pas prescrits », a insisté Edwige Roux-Morizot, procureur de la République de Mulhouse. Les gendarmes enquêtaient dans l'environnement du prêtre depuis août.

    Selon les DNA, les soupçons seraient partis du suicide d'une victime présumée cet été à Reiningen, l'un des villages de la communauté de paroisses où Robert Bonan a officié durant plus de dix ans. L'homme d'église avait été muté dans le secteur de Guebwiller il y a deux ans. D'après les éléments de l'enquête révélés par la procureure, les premiers faits de viols dénoncés remonteraient au début de son activité pastorale. Pour ceux déjà prescrits, Robert Bonan a été entendu sous le statut de témoin assisté tandis que d'autres faits plus récents ont pu donner lieu à sa mise en examen.

    La procureure reconnaît que toutes les victimes présumées connues à ce jour sont des personnes qui ont côtoyé Robert Bonan, dans le cadre de ses activités pastorales. « Il a été en lien avec de très nombreux jeunes, insiste la procureure. On sait qu'il était très entouré par des mineurs et de jeunes majeurs. Il n'est pas exclu qu'il y ait d'autres victimes. »

    Appel à témoins pour «libérer la parole»

    Dans ce contexte, la brigade de recherche de Mulhouse lance un appel à témoins pour « libérer la parole ». Dans la communauté de paroisses Saint-Benoît près de Oelenberg, l'heure est à la stupéfaction. « On n'avait pas fait de lien entre le suicide et l'ancien curé », confie un responsable paroissial « abasourdi ». « Nous appelons les fidèles à prier pour les victimes et ceux qui sont tombés », lâche le prêtre actuel de la communauté, qui assure n'avoir rien su avant les nouvelles de jeudi.

    A Strasbourg, l'archevêché prépare sa communication de crise et fait savoir que Monseigneur Ravel tiendra un point presse vendredi. En septembre, l'archevêque avait adressé une lettre pastorale aux fidèles et prêtres alsaciens intitulé « Mieux vaut tard ! » Il y renouvelait sa « demande de pardon » aux victimes de pédophilie dans l'Eglise et mentionnait alors « une trentaine de cas » connus dans son diocèse.