Commando «AZF» en 2004 : «Nous voulions profiter de la rançon pour les arrêter»

Trois personnes ont été interpellées, mardi, soupçonnées de faire partie du commando « AZF ». Il avait fait chanter l’État, en 2004, menaçant de faire exploser des bombes si aucune rançon ne lui était versée.

 Hervé Lafranque était chef de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB) quand le commando « AZF » avait fait son entrée en scène.
Hervé Lafranque était chef de l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB) quand le commando « AZF » avait fait son entrée en scène. Zinfos974

    Il aura fallu 14 ans aux enquêteurs pour remonter jusqu'à eux. Trois personnes, deux hommes et une femme, ont été arrêtées ce mardi, soupçonnées d'avoir fait partie du commando « AZF ». En 2004, ce commando avait demandé 4 millions d'euros au ministère de l'Intérieur sans quoi ils auraient fait exploser une bombe sur le réseau ferré. Hervé Lafranque, ancien chef de l'Office central pour la répression du banditisme (OCRB), se souvient de la traque menée contre le commando au début des années 2000.

    « Cette affaire hors norme fait partie de celles qui m'ont le plus marqué. Tout commence mollement par cette lettre adressée à l'Élysée en décembre 2003. À ce stade, les menaces d'AZF paraissent improbables. Jusqu'à ce que nous retrouvions leur bombe sur les rails en Haute-Vienne, à l'endroit indiqué par les coordonnées GPS.

    Au départ, même les experts semblent sceptiques quant à sa dangerosité. Mais lorsqu'ils procèdent à des tests, l'explosion propulse le morceau de rail à plusieurs dizaines de mètres. C'est la stupeur. À partir de cet instant, la mobilisation des services de l'État est totale. Nous sommes d'autant plus inquiets que le système pyrotechnique, déclenché à partir d'un minuteur est capable de fonctionner en autonomie pendant plusieurs semaines. L'affaire se gère en lien direct avec le cabinet de l'Intérieur.

    En tant que chef de l'OCRB, je suis alors responsable d'un dispositif opérationnel de 300 à 400 personnes. Au PC de Villacoublay (Yvelines), un hélicoptère se tient prêt à décoller en permanence. Posé sur une butte, visible de l'A 86, sa présence signifie que nous étions prêts à discuter. Notre idée est de profiter d'une remise de rançon pour arrêter ces maîtres chanteurs.

    Le 1er mars 2004, nous sommes censés déposer l'argent sur une bâche, près de l'autoroute A 77, au terme d'un véritable jeu de piste. Le pilote poursuivit son vol bien au-delà de ce qu'exigent les règles de sécurité, mais la nuit oblige à faire demi-tour. Le lendemain, l'appareil redécolle. La bâche se trouve bien là, quelques kilomètres plus loin.

    Ils n'ont commis aucune erreur. Nous n'avons pas réussi à les interpeller. À l'époque, il y a eu des spéculations sur l'implication de militaires pour déstabiliser le gouvernement. Pour ma part, je ne me garderais bien de toute spéculation. J'ai hâte d'avoir la clé de ce mystère. »