Enfants de djihadistes : «Plus on les laisse sur place, plus on prend un risque sécuritaire»

Hubert Julien-Laferrière, député LREM, plaide pour le retour des enfants de djihadistes retenus en Syrie.

 Des femmes et des enfants marchent dans le camp gigantesque et insalubre de Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, le 1er avril.
Des femmes et des enfants marchent dans le camp gigantesque et insalubre de Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, le 1er avril. REUTERS/Ali Hashisho

    Hubert Julien-Laferrière est député (LREM) du Rhône. Il fait partie des rares parlementaires à avoir signé l'appel lancé le 11 mars par les avocats Mes Marie Dosé et Henri Leclerc « pour le retour des enfants français détenus au Kurdistan syrien ».

    Pourquoi avoir signé cette pétition ?

    HUBERT JULIEN-LAFERRIÈRE. Ce texte est un appel à la raison. C'est la solidarité la plus élémentaire que de réclamer le rapatriement de ces enfants. J'étais un peu effrayé en découvrant ce sondage fin février selon lequel 67 % des Français préféraient laisser l'Irak et la Syrie s'occuper d'eux. Je ne crains pas d'être minoritaire dans l'opinion. Au contraire, ça me donne envie de parler encore plus fort. Si on commence à se méfier d'enfants français majoritairement âgés de moins de 5 ans, c'est qu'on ne croit plus du tout à notre modèle d'intégration, à l'école, à toutes les structures mises en place pour les accueillir.

    Certains évoquent la crainte de voir revenir des bombes à retardement…

    Ce sont avant tout des victimes, en l'occurrence du choix de leurs parents. Sur le fond je pense au contraire que plus on les laisse sur place, plus on prend un risque sécuritaire. On a tout intérêt à les remettre au plus vite dans un environnement « normal ». Il ne s'agit pas de dire que ce sera facile, mais on dispose en France des structures à même de les prendre en charge. Il ne faut pas que les Français s'imaginent qu'ils sont lâchés dans la nature à leur retour.

    Militez-vous pour le retour de tous les enfants ?

    Pour les orphelins dont le père et la mère sont morts, c'est évident. Pour ceux qui encore un parent -en général leur mère-, la situation est plus compliquée. Je pense qu'il faut agir au cas par cas. Je sais que certaines mères ne veulent pas se séparer de leur enfant tandis que d'autres l'acceptent. Mais l'idéal, ce serait bien entendu d'en ramener le plus possible. Compte tenu des conditions sanitaires déplorables dans les camps, plus vite on les ramènera, mieux ce sera. On ne peut pas rester indifférent face à l'urgence humanitaire.

    Qu'en est-il des adultes ?

    Je n'ai pas de position arrêtée. Pour ceux qui sont en Irak, la question ne se pose pas : ils seront jugés sur place. Même si on peut ne pas être complètement d'accord avec le fonctionnement de la justice locale, il s'agit d'un pays souverain et allié et sur le territoire duquel les crimes ont été commis. On peut néanmoins demander que la peine de mort ne soit pas appliquée.

    Et pour les prisonniers en Syrie ?

    C'est plus compliqué. Il faut discuter avec les Kurdes et voir dans quelle mesure ils pourront être jugés sur place. Je ne suis pas favorable à leur rapatriement, sauf si on se rend compte que la justice ne peut pas s'appliquer sur place. Car la vraie priorité, c'est de les traduire devant un tribunal et de les condamner. Si on découvre qu'il y a un risque d'évasion par exemple, je préfère les savoir en prison en France que libres dans la nature.

    Votre positionnement n'est pas majoritaire dans votre famille politique…

    Je ne pense pas. Je suis en phase avec le gouvernement qui plaide pour le rapatriement des orphelins et des négociations au cas par cas pour les autres. En tout cas personne ne m'a reproché d'avoir signé cet appel.