Jonathann Daval porte plainte en diffamation contre la famille d’Alexia

Le meurtrier accuse la mère et la sœur d’Alexia de « désinformation complète » sur l’affaire, après avoir affirmé dans une série qu’il avait « délibérément empoisonné » sa femme. L’avocat de la famille Fouillot a jugé la plainte « choquante » et « irrecevable ».

Le mari d'Alexia, reconnu coupable du meurtre de son épouse, attaque la mère et la sœur de celle-ci en diffamation. AFP/Sébastien Bozon
Le mari d'Alexia, reconnu coupable du meurtre de son épouse, attaque la mère et la sœur de celle-ci en diffamation. AFP/Sébastien Bozon

    Plus de six ans après la mort d’Alexia, le bras de fer entre son mari et ses parents se poursuit. Jonathann Daval, qui purge une peine de 25 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse, a porté plainte en diffamation contre la mère et la sœur de cette dernière après des propos tenus dans une série télévisée sur l’affaire, a appris lundi l’AFP auprès de son avocat, Me Randall Schwerdorffer, qu’il confirme au Parisien.

    Les propos incriminés ont été tenus dans le quatrième épisode de la série « Alexia, autopsie d’un féminicide », diffusée sur Canal + fin 2023. Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia, et Stéphanie Gay, sa sœur, y présentent « une version inédite de l’affaire en accusant de façon univoque Jonathann Daval d’avoir délibérément empoisonné son épouse pour provoquer sa fausse couche.

    Elles l’accusent également « de l’avoir empoisonnée pour la rendre folle et provoquer les malaises, pour lesquels le couple avait consulté des médecins dont un neurologue », indique le texte de la plainte déposé par Me Schwerdorffer auprès du procureur de la République de Vesoul, Arnaud Grécourt. Or, ces éléments sur un éventuel empoisonnement d’Alexia Daval avaient été écartés lors du procès devant la cour d’assises de la Haute-Saône.

    « C’est extrêmement choquant »

    « Il y a là manifestement une volonté de présenter au public l’affaire Daval sous un angle inexact dans un but qui ne peut être que celui de nuire au plaignant, comme si sa condamnation pour meurtre ne suffisait pas et qu’il fallait publiquement et faussement accabler plus Jonathann Daval et porter atteinte à son honneur en le faisant passer auprès du public pour un empoisonneur en plus d’un meurtrier », poursuit Me Schwerdorffer.

    Il évoque même un « révisionnisme judiciaire » et fustige « une série de désinformation complète sur l’affaire Daval » auprès de RTL. « On invente des choses pour assombrir encore le tableau, pour créer un autre récit médiatique, en parallèle de la vérité judiciaire. On est en train de transformer complètement l’histoire », accuse-t-il au micro de la radio.



    Cette plainte est « indécente » a estimé l’avocat de la famille Fouillot, auprès de BFMTV lundi dans la soirée. Pour Me Jean-Hubert Portejoie il s’agit « même de la provocation à l’égard de la famille ». « C’est extrêmement choquant d’apprendre par la presse le dépôt de cette plainte », a-t-il ajouté. Selon lui, cette plainte est « un non-événement, car cet empoisonnement médicamenteux a été exploré dans le cadre de l’instruction et évoqué à la cour d’assises de Vesoul ». C’est pourquoi elle est jugée « irrecevable », a-t-il expliqué.

    Plainte pour dénonciation calomnieuse

    Jonathann Daval doit lui-même comparaître le 10 avril devant le tribunal correctionnel de Besançon pour dénonciation calomnieuse à l’encontre de sa belle-famille. Le principal plaignant est le beau-frère d’Alexia Daval, Grégory Gay : pendant l’instruction en 2018, il avait été accusé par Jonathann Daval d’avoir assassiné Alexia, dans le cadre d’un complot familial. Le meurtrier avait finalement reconnu avoir menti, six mois après.

    Jonathann Daval a étranglé son épouse de 29 ans dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017 à leur domicile de Gray-la-Ville, en Haute-Saône. Le lendemain, il a transporté son corps dans un bois avant d’y mettre le feu et de donner l’alerte, soutenant que sa femme n’était pas revenue de son jogging. Le corps d’Alexia avait été retrouvé deux jours plus tard. Pendant trois mois, il avait montré le visage d’un veuf éploré dans les médias, avant d’être confondu, en pleine vague #MeToo.