Mis en examen pour empoisonnement, l’anesthésiste de Besançon veut à nouveau exercer

Ses avocats soulignent «la situation financière extrêmement compliquée» de Frédéric Péchier, «sans revenus depuis quinze mois».

 Frédéric Péchier (à gauche), en compagnie de l’un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer.
Frédéric Péchier (à gauche), en compagnie de l’un de ses avocats, Me Randall Schwerdorffer. LP/Olivier Lejeune

    Il clame son innocence et veut à nouveau exercer. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Besançon (Doubs) a examiné ce mercredi la requête du docteur Frédéric Péchier, 46 ans, un médecin anesthésiste de Besançon mis en examen en mars 2017 pour sept empoisonnements de patients, dont deux mortels.

    Laissé en liberté, mais avec interdiction d'exercer, Frédéric Péchier demande à la justice d'alléger son contrôle judiciaire, ce qui lui permettrait de pratiquer des consultations d'anesthésie dans des établissements hospitaliers hors du département du Doubs, sans accès aux blocs opératoires et aux produits présentant un danger pour les patients.

    Les magistrats ne rendront leur décision que le 23 mai mais pour l'avocat général, c'est non. « On ne peut pas avoir la garantie qu'il n'aura pas accès à certains produits et qu'il n'y aura pas d'acte qui puisse mettre en cause l'intégrité physique du patient au moment de l'opération », a-t-il estimé mercredi avant de se prononcer pour le maintien en l'état du contrôle judiciaire du médecin.

    Les avocats de l'anesthésiste, Mes Randall Schwerdorffer et Ornella Spatafora ont, de leur côté, souligné « la situation financière extrêmement compliquée » de leur client, « sans revenus depuis 15 mois, alors qu'in fine il pourrait bénéficier d'un non-lieu ».

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    Le praticien est soupçonné d'avoir empoisonné sept patients âgés de 37 à 53 ans, entre 2008 et 2017, lors d'opérations sans difficultés particulières dans deux cliniques privées de Besançon. Selon les investigations de la police judiciaire, des doses létales de potassium et d'anesthésiques locaux ont été volontairement administrées aux patients, provoquant des arrêts cardiaques. Cinq ont pu être ranimés, deux sont décédés. L'enquête s'efforçait de déterminer s'il y a pu avoir d'autres victimes.

    «Il y a bien un empoisonneur, mais ce n'est pas lui»

    Les enquêteurs suspectent ce praticien réputé parmi ses pairs à Besançon d'avoir provoqué ces arrêts cardiaques afin de briller en posant les bons diagnostics pour les ranimer. « Je n'ai jamais fait de diagnostic précoce, je n'ai jamais injecté d'antidote et je ne suis jamais entré dans un bloc sans que l'on m'appelle », se défend Frédéric Péchier, qui se bat pour prouver son innocence.

    « Il y a bien un empoisonneur, mais ce n'est pas lui », a déclaré son avocat, Me Schwerdorffer, qui dénonce « l'absence de preuves pénales » et réclame la levée de la mise en examen du praticien. Dans un contexte de rivalité entre médecins, il met en cause un autre anesthésiste qui « a reconnu avoir posé deux des diagnostics » permettant de ranimer les patients empoisonnés.